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  • TRIMER POUR DES MIETTES ET FERMER SA GUEULE : à propos du travail en prison

    TRIMER POUR DES MIETTES ET FERMER SA GUEULE : à propos du travail en prison

    Aurélie et Blanche racontent dans leurs lettres les conditions de travail déplorables, les cadences parfois infernales et la pression au rendement – le tout soumis à l’arbitraire de l’administration.


    Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne,
    10 mai 2024


    Bonjour à tous,
    Depuis mardi 7 mai, 17 heures, on m’a suspendue de mon contrat de travail pour une suspicion de poux. Il s’est avéré que je n’avais rien. L’infirmière a vérifié : rien, je n’avais rien. On m’a suspendue trois jours. Trois jours pour ça, non payée, et tout ça pour une suspicion. Génial, ­Poitiers-Vivonne ! C’est pas comme si c’était la gale ou le covid. Puis-je me retourner contre la direction ? Dans l’attente d’avoir vos avis et témoignages, courage à toutes et tous, battez-vous,

    Aurélie

    Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne,
    13 juin 2024


    Coucou,
    Alors, je suis à la buanderie depuis le 13 novembre 2023, sauf qu’en février la buanderie a pris feu. Du coup, les garçons s’occupent du linge de la maison d’arrêt pour hommes, qui est lavé à l’Esat de Vivonne. Et moi, je dois gérer le linge de la maison d’arrêt pour femmes (MAF) avec la machine à laver de la nurserie et celle du centre de détention pour femmes. Donc ce sont des machines comme à la maison. J’ai dû établir SEULE un planning et je gère seule ce linge. Je n’ai pas vraiment le droit d’être malade car, vous comprenez, « il ne faut pas prendre du retard sur le linge ». Ils ont trouvé cette solution car sinon mon poste sautait. Et puis, à l’Esat, le poids maximum à envoyer est de 500 kg par semaine.
    Je ne travaille que le matin, de 7 h 30 à 11 h 30. Mais quand les surveillantes arrivent en retard ou sont absentes, on me fait rattraper mes heures l’après midi, alors que je n’ai pas le droit de travailler les après-midi. Vive la détention !
    Alors comme il y a une machine à laver à la nurserie, eh bien je suis enfermée à clé car il y a une maman à la nurserie, donc pas de contact. C’est tout petit, pas de WC.
    Génial…
    J’ai envie d’arrêter, de tout claquer, car jongler, être enfermée, je ne peux plus. Puis les aller-retour à la buanderie quand il y a des arrivants, paquetage, indigent·e·s. Je dois gérer toute la MAF. Seule. Les travaux pour la buanderie n’ont pas encore commencé, pour sûr il y aura deux mois de travaux à réaliser.
    Courage à toutes et tous, à bientôt.

    Aurélie


    Centre pénitentiaire de Caen,
    21 mai 2024


    Bonjour L’Envolée,
    Cela a été dur dur ce mois de mai avec les deux surveillants qui ont perdu la vie ! Pas mal de blocages, pas de travail, pas d’activité, ni de parloir, ni de courrier… la totale. Cela a repris son cours mais avec méfiance. Ce n’est pas fini, ils attendent ce qu’on leur a promis ?
    Et la paie aussi était petite et les jours fériés n’ont pas arrangé les choses. Mais bon, ça va, j’ai le moral. Ce n’est pas facile tous les jours, mais je m’accroche. Dur, dur, le travail car les patrons des ateliers veulent du rendement, il y a que cela qui les intéresse. Si tu fais pas le rendement, tu es viré. Aucune pitié pour les anciens comme moi, on a plus 30 ou 40 ans, on ne peut plus faire le même travail. Alors, je galère tous les jours pour garder ma place, pas le choix. En plus, ils en ont profité pour revoir les prix en baisse sur la production. Où on va ? C’est ça, la réinsertion ? LOL MDR ! Au mois de mai, j’étais à moins 36 euros (on me l’a pas dit) mais on m’a dit qu’il fallait que je fasse mieux et qu’ils n’étaient pas là pour perdre de l’argent !
    Moi, ce que j’ai compris, c’est que si je faisais pas mieux, je perdrais ma place. Alors, je galère tous les jours pour faire mon taf. Tu rentres en cellule, tu es claqué, fatigué et t’as mal de partout. Tu n’as pas le droit d’être absent ni d’être malade ni de prendre un RDV pendant ton travail.
    Où on va, ici ? Il y a plein de détenus qui se plaignent mais qui ont peur de parler, peur des représailles et de se retrouver sans rien. Si moi j’en parle, c’est que j’en ai plus rien à foutre. J’ai déjà le vaguemestre et la direction sur le dos, du coup je ne suis plus à ça près. Je peux faire parvenir des témoignages mais sans nom car j’en ai déjà discuté avec les autres et ce n’est pas que dans mon atelier.
    On nous demande d’écrire avec la tablette au chef, au service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), pour une demande de travail, de formation, bref, pour tout. Mais le problème : quand tu écris au SPIP, tu peux marquer que deux lignes, pas plus. Comment veux-tu expliquer tes problèmes en deux lignes ? Impossible. Et ici, beaucoup de personnes ne savent pas se servir de la tablette, du coup toutes les semaines je fais plusieurs cantines de plusieurs détenus + toutes les tablettes à remettre en service. Cela me prend beaucoup de temps, il devrait y avoir une personne payée pour cela mais bon, ça doit être dans un rêve peut-être. Je me plains pas, car j’aime aider les gens mais ce n’est pas une raison ! Il y a plein de choses à dire mais je manque de temps !

    Blanche

  • Au sujet du blocage des prisons par les surveillants en mai 2024 : paroles de prisonnier.e.s

    Au sujet du blocage des prisons par les surveillants en mai 2024 : paroles de prisonnier.e.s

    L’évasion de Mohamed Amra le 14 mai 2024, au cours de laquelle deux surveillants ont été tués, a choqué par sa brutalité et fait la une de tous les médias. En réaction, les matons ont bloqué la totalité des prisons pendant cinq jours. Un mouvement de blocage « œil pour œil, dent pour dent » qui, comme rarement, a assumé d’être une vengeance : tous les prisonnier·e·s de France devaient payer. Certain.e.s ont alors pris la parole pour raconter ce qu’ils et elles vivaient : voici quelques extraits de lettres lues à l’émission de radio l’Envolée, et de messages trouvés sur les réseaux sociaux.

    « Je suis incarcéré à […] Perpignan, à la maison d’arrêt. Ça fait deux jours que les surveillants bloquent la prison dans son intégralité.
    Aucun mouvement, aucune douche, aucun parloir, aucune promenade, aucune livraison de cantine. Même le courrier que l’on veut poster nous est refusé, les poubelles s’entassent dans les cellules. Les mots du chef : “Nous sommes en guerre contre vous.” J’ai peur. Nous avons tous peur et nous ne comprenons pas ces punitions collectives, bien que nous compatissions un minimum avec le tragique événement horrible qui s’est passé dans l’Eure. Aidez-nous, s’il vous plaît. Je ne sais pas vers qui me tourner, j’ai tout essayé. »

    (* Lettre lue dans son intégralité à l’antenne de l’Envolée le 21 juin 2024, à écouter ici).


    « Ils nous lèvent les douches, ils nous donnent le pain à 20 heures, ils nous privent de nos droits de minimum une heure de promenade par jour, ils nous privent de nos parloirs famille, ils nous privent de nos activités, école, stade, muscu, etc., ils nous privent de nos cantines. […] Toute l’année on doit subir, ils nous lèvent nos téléphones, notre fumette, nous parlent comme à des moins que rien, et on doit encore subir car des surveillants se sont fait tuer à 900 bornes d’ici. Perso, la promenade, je m’en bats les couilles, mais les parloirs et les cantines, c’est les seules choses qui nous font tenir dedans. »


  • 7 et 8 septembre 2024 : à la mémoire d’Idir, mort au mitard de la prison de Corbas

    7 et 8 septembre 2024 : à la mémoire d’Idir, mort au mitard de la prison de Corbas

    Le 9 septembre 2020, Idir est décédé au mitard (quartier disciplinaire) de la maison d’arrêt de Lyon Corbas dans des circonstances plus que douteuses. Depuis ce jour, sa famille se bat pour obtenir la vérité, dénoncer les violences pénitentiaires et réclamer la fermeture des mitards et des quartiers d’isolement. Un week-end de commémoration et de soutien à leur combat aura lieu les 7 et 8 septembre 2024 à Lyon.

    –> à 18h à l’annexe de l’ECG (27 rue salomon reinach, Lyon 7).
    Au programme :

    • Projection sur le thème des violences pénitentiaires
    • Prises de parole
    • Couscous prix libre
    • Infokiosque & affiches prix libre (tout l’argent récolté ira en soutien au collectif Idir Espoir et Solidarité)

    –> départ à 14h place Bellecour à Lyon

    Soyons nombreuses et nombreux !

    … coups de main pour préparer :

    Toustes celleux qui souhaitent filer un coup de main pour aider à préparer ce week-end sont les bienvenuex : le dimanche 1er septembre à partir de 14h à l’Annexe de l’ECG (27 rue salomon reinach, Lyon 7) pour faire les banderoles puis une réunion de préparation.

    … et plus d’infos :

    Page Instagram de l’association « Idir Espoir et Solidarité » : noussommesidir69
    Des infos sur la mort de Idir et la mobilisation de ses proches ici.
    Quelques infos contre les mitards ici.

  • Passer les fêtes au QI : lettres de Kémi

    Passer les fêtes au QI : lettres de Kémi

    Auteur du texte « Santa Muerte » sur la prison de Saint-Maur et le QI (quartier d’isolement), Kémi dit dans ces six lettres comment la dureté de l’isolement déteint sur son moral. Après un Noël 2021 solitaire, Kémi est enfin sorti du QI en janvier comme on peut le lire dans les deux dernières lettres. Cependant, à l’heure où nous publions ces lettres sur le site, l’AP (administration pénitentiaire) a déjà remis Kémi à l’isolement pendant l’été 2022.


    « Je m’en suis pris à l’AP et maintenant j’en paie le prix fort »

    Lettre lue pendant l’émission du 10 décembre 2021.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier d’isolement,

    Novembre 2021

    Bonsoir chers auditeurs,

    Là il est 23 h et je tourne en rond dans ma cellule, donc je prends ma plume pour vous donner de mes nouvelles. La semaine dernière, j’ai enfin vu la directrice de Santa Muerte, elle a fait une demande de sortie d’isolement, mais je crois que c’était pour m’endormir car pour l’instant, j’y suis encore. En plus, j’ai appris par un pote qui a vu la cheffe et qui lui a dit que ce n’était pas pour tout de suite. Ils sont même pas capables de me le dire en face. Je vois rouge ! Pour les autres détenus, ça prend trois jours, et pour moi ça prend des plombes. J’avoue que mon moral baisse, car les fêtes arrivent, et j’me sens pas capable de les passer à l’isolement. Des envies de suicide me traversent l’esprit, j’essaie de rester combatif, mais imaginez deux ans de quartier d’isolement gratuit, et encore un Noël seul sans parloir, sans rien ni personne avec qui discuter. J’ai beaucoup de lettres qui me donnent leur soutien et je les en remercie, mais je supporte de moins en moins l’isolement social. 23H/24 dans 9 m² pendant deux ans, ça laisse des traces indélébiles. Mes enfants me manquent, le contact humain me manquent. Je regarde autour de moi et tout ce que je vois c’est le néant, le vide. Ce soir je regardais un film qui se passait en prison. Dans ce film, il y avait une scène qui m’a rappelé de mauvais souvenirs. C’est un type qui venait d’apprendre le décès de son papa, il avait l’autorisation d’aller aux obsèques, mais à la dernière minute l’administration pénitentiaire (AP) l’en a empêché. Ce qui m’est arrivé, et pour ça faire une prise d’otage en 2016 à la centrale d’Ensisheim en Alsace, ce qui m’a valu huit ans ferme en plus.

    Je regarde autour de moi et tout ce que je vois c’est le néant, le vide

    Depuis tout à l’heure, je suis partagé entre la douleur et la rage – la raison pour laquelle j’écris ce soir en espérant que ça me calme, mais je sais que je suis parti pour une nuit blanche. J’aimerais parler de choses joyeuses, mais j’ai le cœur et les pensées si sombres que cela m’est impossible. Je m’accroche et me dis que peut-être je sortirais de quartier d’isolement dans quelques jours, mais sans grande conviction.

    Je sais que j’ai commis des actes condamnables, mais ça fait dix ans que je suis en prison, et j’en ai encore onze ans sur le papier alors que je n’ai tué personne. Un violeur n’aurait même pas fait la moitié de ma peine. Alors que je n’ai que 32 ans. Je m’en suis pris à l’AP et maintenant j’en paie le prix fort. Ma vie est foutue, je n’ai plus d’avenir. Que vais-je faire à ma sortie après tant d’années passées derrière les barreaux. Dans quel état je vais être, avec toute cette haine et rage qu’ils ont placé en moi ? J’ai fait l’idiot, je l’assume, mais jamais je n’avais eu le cœur aussi noir. J’ai toute une vie à reconstruire car depuis mes 15 ans, je n’ai connu la liberté que pendant une année. Vous vous rendez compte ? J’ai passé plus de la moitié de ma vie en prison, mais on ne veut pas me donner une chance de me racheter. Je suis conditionnable en 2022, mais comment préparer ça dans de telles conditions d’incarcération ? C’est la prison et ses codes qui m’ont éduqué, j’ai appris la vie à l’école du crime. Pour la Justice française, je suis un cas perdu, mais c’est normal si l’AP ne fait rien pour m’aider à devenir autre chose qu’un numéro d’écrou. On me colle des avocats commis d’office, qui ne servent à rien car ils débutent ou que l’on ne peut pas leur donner 3000€ pour défendre nos droits. On nous parle de réinsertion, mais où est-elle ? Je vous pose la question, en prison il n’y a que la répression. Deux ans que je galère comme un chien à l’isolement gratuitement, tout ça parce que l’AP considère que je suis un danger. Mais un danger pour qui ? Je ne suis qu’un simple cambrioleur entouré de meurtriers et de violeurs, alors je suis un danger pour qui ? En bref je suis un danger car toutes les peines internes (23 ans que j’ai pris en plus), je les ai prises car je m’en suis pris à l’AP. Voilà ce qu’est l’administration française : violer nos enfants, on s’en fout, mais ne touchez pas à l’administration.

    Force et courage à toutes et tous, celles et ceux qui sont enfermé·e·s et leurs familles !

    Kémi


    « Je vais encore passer Noël au QI et ça me met un coup au moral »

    Maison centrale de Saint-Maur,

    Le 18 novembre 2021

    Salut L’Envolée,

    Merci pour votre carte, je vous mets un petit dessin avec cette lettre, un truc vite fait… En juin prochain ça fera dix ans que je suis en prison et libérable en 2032, avant ça j’étais en prison de mes 15 ans à mes 22 ans. Ces dix-sept dernières années, j’ai été libre un an avant de retomber en 2012, j’ai littéralement passé la moitié de ma vie en prison et pourtant j’ai que 32 ans ! C’est triste à dire mais c’est la prison qui m’a formé. Je fais partie de la communauté des gens du voyage donc la prison je connais depuis bébé, je suis venu au monde au parloir sérieux. Là le QI a été prolongé jusqu’au 4 février 2022, je vais encore passer Noël au QI et ça me met un coup au moral. Vous inquiétiez pas prenez votre temps pour répondre, je risque pas de bouger de là où je suis lol. Bon je vous laisse car faut que je nettoie la cellule car c’est le bordel.

    En attendant de vos nouvelles, prenez soin de vous les potos.

    Kémi

    Dessin de Kémi, le 18 novembre 2021.


    « Le père Noël est passé, l’AP m’a offert une X-box »

    Lettre lue pendant l’émission du 7 janvier 2022.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier d’isolement,

    Le 15 décembre 2021

    Bonjour l’équipe, bonjour à tous,

    Ce soir je prends la plume pour vous montrer toute la gratitude de ce que vous faites pour moi, mais surtout pour vous souhaitez de bonnes fêtes pour cette fin d’année 2021. Moi ça peut aller malgré le refus de ma sortie du QI. C’est bientôt les fêtes, alors j’essaie de me motiver pour essayer de rester positif, car mi-janvier la direction va faire une nouvelle demande. Je reste optimiste… qui sait ? Peut-être que la magie de Noël va frapper ? Quoiqu’il en soit, passez de bonnes fêtes avec vos proches car c’est important. Moi le père Noël est déjà passé, l’AP m’a offert une X-box et va m’apporter un colis de Noël ! Un vrai miracle de Noël MDR.

    Joyeux Noël, et bonnes fêtes à tous,

    Kémi


    « Comme vous devez vous en douter, j’ai passé des fêtes de merde »

    Lettre lue pendant l’émission du 7 janvier 2022.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier d’isolement,

    Le 28 décembre 2021

    Salut L’Envolée,

    Comme je le pensais, la demande de sortie du QI a été refusée, je suis dégoûté. Merci pour votre lettre avec le timbre et l’enveloppe que je viens de recevoir. Comme vous devez vous en douter, j’ai passé des fêtes de merde, seul dans mon 9 m² lol. Mi-janvier une nouvelle demande de sortie du QI va être faite mais bien sûr ça sera refusé 🙁 Sérieusement j’en ai marre d’être isolé, mon mental ne suit plus, je me bats pour ne pas baisser les bras mais c’est dur, surtout quand j’entends les autres détenus parler par la fenêtre de leur parloir ce qu’ils ont eu pour Noël, je t’avoue que ça m’a fait un truc en les entendant ! J’espère que 2022 sera une meilleure année pour moi.

    Bref je vous souhaite à tous une bonne année 2022 et tout ce qui va avec. Hâte d’avoir le nouveau numéro de L’Envolée, bon, il est 3h30 du matin, je vais en rester là car je vais aller faire dodo.

    En attendant de vos nouvelles,

    Prenez soin de vous les potos,

    Kémi

    Dessin de Kémi, le 8 décembre 2021.


    « Enfin la victoire ! »

    Maison centrale de Saint-Maur, en transit au quartier arrivants,

    Janvier 2022

    Enfin la victoire !

    Après deux ans d’isolement gratuit, mon avocate et moi avons gagné au tribunal administratif contre l’AP. Ça fait un mois que je suis sorti du QI, je vais faire la  »formation menuiserie ».

    Ça fait bizarre, après deux ans, de retrouver une détention  »ordinaire »… J’ai encore du mal à me repérer mais tout va bien.

    Aux détenus de France au QI et à leurs familles : ne lâchez rien. Avec un avocat et du calme on peut les faire plier. La preuve : je suis un preneur d’otage, un DPS (détenu particulièrement signalé), un détenu  »difficile », et pourtant mon avocate a gagné un recours, elle les a eus à leur propre jeu ! 

    Je circule en détention normale, je vais où je veux… 

    Gardez la force et le courage !

    Voilà, Kémi est enfin sorti du QI !

    Merci à tout le monde, on reste en contact régulier pour se donner des news ! 

    Kémi


    « Les deux ans de QI que j’ai fait gratuit m’ont rendu plus fort, en vrai »

    Lettre lue pendant l’émission du 4 février 2022.

    Maison centrale de Saint-Maur, quartier arrivants,

    Janvier 2022

    Bonjour à tous,

    Bonne nouvelle : ça fait une semaine que je suis enfin sorti du QI ! Pour l’instant je suis en observation au quartier arrivants depuis une semaine. Encore une, et après ils me disent si je reste à cet étage et bosser comme « auxi peintre » (ça veut dire repeindre les cellules) ou s’ils me jettent dans le bâtiment B dans la jungle. Moi, je veux rester à mon étage, y a pas vingt détenus et c’est que des anciens. Après deux ans de QI gratuit, j’ai besoin de calme, car je sais qu’au bâtiment B je vais m’embrouiller, et obligé quelqu’un va me tester. Et je veux pas retourner au QI. On verra bien, si je vais au B, je vais me mélanger avec personne, parce que sinon je vais en corriger un. Ici au A, je suis posé, je joue au rami avec les anciens, c’est calme, c’est tranquille, c’est ça qu’il me faut. Mais bon, avec mon dossier, ils vont me mettre au B, ils me donneront pas une chance de réinsertion, l’AP on connaît, ça fait dix piges que je les côtoie tous les jours. Je me tiens à carreaux, mais l’AP regarde que mon passé, sans compter sur les histoires que l’ancienne directrice de Saint-Maur m’a faites. Là je profite à fond, c’est pas grave, les deux ans de QI. Les deux ans de QI que j’ai fait gratuit m’ont rendu plus fort en vrai.

    Là j’écoute un peu de son, et je me sens bien. Je suis plus au QI, ça fait trop chelou. Surtout la promenade. Bon là ça caille, donc je sors pas trop, mais j’hallucine quand j’y vais. Je peux marcher dans une vraie grande promenade. Bon je vous laisse, je vous tiens au jus et encore merci à vous, vous êtes des vrais, on lâche rien, y a pas d’arrangement !

    Kémi


  • Interview de Thierry, prisonnier du mouvement social suite à la mort de Nahel

    Interview de Thierry, prisonnier du mouvement social suite à la mort de Nahel

    Thierry a été arrêté le 28 juin 2023 à Saint-Étienne pendant la première nuit de révolte qui a suivi la mort de Nahel, tué par la police. Amené tout droit au trou, Thierry en est sorti trois mois plus tard. Il a alors raconté dans une interview son arrestation, son procès et sa détention. Son récit est malheureusement exemplaire de la répression judiciaire qui s’est abattue massivement sur ce mouvement social il y a un an. Voici certains extraits condensés, dans lesquels il raconte la violence des policiers, les dangereux conseils des avocats commis d’office et la roublardise des juges.

    « Ils ont tiré au Flash-Ball au petit bonheur la chance. »

    « On était à une manifestation contre les violences policières suite à la mort de Nahel qui avait eu lieu la veille, et on nous a proposé de rejoindre des émeutes le soir. On y est allés avec un groupe de copains. Quand ça a commencé à allumer des feux, tout de suite, deux hélicos et 60 policiers sont arrivés, et ça a commencé à courir de tous les côtés. La BAC (brigade anticriminalité) était planquée dans un buisson. Les éclairages publics étaient éteints, il faisait tout noir, on n’y voyait rien… les flics non plus. Ils ont tiré au Flash-Ball au petit bonheur la chance. Ils ont eu mon cousin, qui est tombé ; je l’ai aidé à se relever et je me suis retrouvé avec trois Flash-Ball pointés vers ma tête. Ils m’ont dit : « Mets-toi au sol. » J’ai fait remarquer que j’avais déjà les mains levées. Ça leur a pas plu : ils m’ont plaqué violemment au sol – en se permettant de me retirer mon cache-cou et ma casquette – et m’ont dit : « On t’a eu, de toute façon. » Ça faisait un moment qu’ils voulaient m’avoir, suite aux nombreuses manifestations que j’ai faites dans la Loire depuis 2018. J’ai fait les Gilets jaunes, plein de mouvements sociaux… Ils me l’avaient dit : « On va te faire tomber. »

    Quand ils nous ont arrêtés, moi et mon cousin, ils nous ont insultés – ça m’a pas étonné… Un mec de la BAC m’a mis un coup de genou au moment d’entrer dans la voiture. Tout le long du trajet, l’un d’eux s’est amusé à me mettre sa lampe torche dans les yeux jusqu’au commissariat en me disant : « J’espère que ça te fait du bien ! » Là, ils me sortent un mortier et me disent qu’ils vont retrouver mes empreintes dessus. « – Faites tous les tests que vous voulez, y aura pas mes empreintes dessus. J’ai jamais touché de mortier de ma vie ! » […] Ils voulaient me coller un jet de bouteille aussi. J’ai passé quarante-huit heures en garde à vue. […] J’ai demandé à voir un médecin et un avocat : je les ai vus au bout de neuf heures. J’avais un bleu causé par le coup de genou d’un agent de la BAC lors de l’arrestation : je ne sais même pas si c’est stipulé dans le rapport du médecin qui m’a vu en garde à vue.

    « Mon avocat a servi à rien, je conseille de pas écouter les avocats commis d’office »

    On va pas se mentir : mon avocat a un peu servi à rien. Il a même pas demandé le report de la comparution immédiate ; sa défense était basée sur le fait de reconnaître les faits : selon lui, la juge serait plus indulgente… C’est totalement faux ! Au contraire, ils peuvent dire : « Lui-même l’a reconnu, donc on peut lui coller ça sur le dos ! » […] Je conseille de pas écouter les avocats commis d’office ; mieux vaut essayer de se défendre tout seul – ou alors choisir son avocat. J’ai dit : « Je vais pas avouer le tir, le jet de bouteille… des trucs que j’ai pas faits ! – Non, mais au moins, tu avoues que tu étais sur place. » Je suis pas un pro des procès, donc j’ai écouté ce que me disait cet avocat commis d’office… mais pendant mon audition, l’OPJ [officier de police judiciaire] avait parlé d’embuscade en réunion1. Le vendredi, il nous a envoyés devant le procureur en disant qu’après, on rentrait chez nous… On a été transférés au tribunal en fourgon cellulaire. […] On a vu le juge [des libertés et de la détention] qui a décidé de me placer en détention provisoire au vu de mon passé. Mon cousin a tout de suite été remis en liberté, vu que c’est sa première histoire. Je suis resté en prison jusqu’au lundi, où on est passés en comparution immédiate. […]

    Au procès, la juge nous a pas fait de cadeaux : je m’attendais vraiment pas à ce qu’ils racontent notre passé – que mes enfants étaient placés, que moi j’avais été placé en foyer et famille d’accueil… On est pas là pour juger le passé des gens ! Elle a parlé de notre consommation de stupéfiants, elle a tenté de nous mettre plus bas que terre, et ça s’est vu dans l’article du journal local – et avec la circulaire de Moretti qui disait qu’il fallait faire des exemples… J’ai essayé de parler du pourquoi des émeutes, mais la juge m’a rétorqué, en mode je la saoule : « Faut pas croire qu’il est en liberté [le flic tueur]. Faut laisser faire la justice… »
    L’avocat des policiers a dit qu’ils voulaient nous coller les tirs de mortier, mais qu’ils ne pouvaient pas parce que c’était tout éteint : il n’y avait pas de lumière dans la rue… Alors ils ont ressorti une histoire pour laquelle je devais être jugé plus tard […] : le procès aurait dû avoir lieu le 26 septembre, ils l’ont finalement inclus dans l’audience du 3 juillet.

    « Remets ton casque et retourne avec tes collègues, j’ai pas envie de te parler. »

    Quand je suis arrivé au tribunal le lundi, je pensais pas qu’il y aurait autant de monde ; en fait, je pensais qu’il allait y avoir personne ! Et quand je suis sorti début octobre, j’ai vu sur des lives Facebook qu’il y avait même du monde dehors ! Quand je suis rentré dans la salle d’audience, que j’ai vu ma copine, que j’ai vu des amis, ça m’a fait du bien. Le tribunal a condamné mon cousin à dix-huit mois avec sursis, avec obligation de soin par rapport aux stupéfiants, obligation de formation ou travail ; et ils m’ont collé six mois ferme et douze avec sursis. Et 500 € chacun pour trois policiers, donc 1 500 € chacun à payer solidairement : s’il y en a un qui a pas la possibilité de payer, c’est l’autre qui payera 3 000 balles. Ça, c’est pour… comment ils ont appelé ça ? Soutien psychologique, je crois.

    Après la fin du procès, quand j’ai été redescendu dans les cellules du tribunal, le commissaire de police est gentiment venu me voir et m’a dit : « J’espère que ça te servira de leçon. » J’ai gentiment répondu : « Remets ton casque et retourne avec tes collègues, j’ai pas envie de te parler. » »

    L’intégralité de cette interview a été diffusée dans les émissions radio L’Envolée du 29 décembre 2023 et du 19 janvier 2024 et sur le blog Infos prisons Saint-Etienne (cliquer ici).

    1. L’avocat commis d’office a fait le jeu du tribunal : si Thierry n’avait pas reconnu sa présence dans une « embuscade », le dossier était vide. ↩︎
  • Lettres de Poitiers-Vivonne – Évasions et répression autour des CRA – Appel de Nine – Hommage à Lucien

    Lettres de Poitiers-Vivonne – Évasions et répression autour des CRA – Appel de Nine – Hommage à Lucien

    Émission de l’Envolée du vendredi 12 juillet 2024

    • Deux lettres d’Aurélie, prisonnière au CP de Poitiers-Vivonne. Aurélie nous raconte ses conditions de travail depuis que la buanderie de la MAF a brûlé, ses difficultés d’accès aux soins et la manière dont l’administration pénitentiaire impose une troisième prisonnière dans sa cellule.
    • Discussion avec les camarades d’À bas les CRA. On revient d’abord sur les évasions récentes des CRA, dont au moins 43 personnes se sont échappées depuis le début de l’année ! On aborde ensuite l’instruction ouverte suite à des actions contre des boîtes d’architectes complices de l’enfermement en CRA.
    • Appel de Nine, sortie après 21 ans de placard. Elle nous raconte les conséquences des canicules aux Baumettes et nous parle de sa situation depuis la sortie en novembre dernier.
    • Hommage à Lucien, Ras Thot, décédé le 28 avril dernier. Lucien incarnait la radio FPP et a souvent donné des coups de main précieux à L’Envolée. On continue de penser fort à lui.
    • C’était la dernière émission avant les rediffusions de l’été ! On se retrouve la première semaine de septembre.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers
    et les prisonnières.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne !
    Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord, en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Et sur toutes les plateformes de podcast.

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels et textos).
    Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris

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  • Lettre de Rédoine Faïd – Des nouvelles de Kémi – Une lettre de Poitiers-Vivonne – Des flics en roue libre – Saccage 2024 contre des JOP policiers et antisociaux

    Lettre de Rédoine Faïd – Des nouvelles de Kémi – Une lettre de Poitiers-Vivonne – Des flics en roue libre – Saccage 2024 contre des JOP policiers et antisociaux

    Émission de l’Envolée du vendredi 5 juillet 2024

    • Une lettre de Rédoine Faïd, « trouver une forme de paix est une lutte de chaque instant au placard, de surcroît au QI et au mitard ».
    • Une lettre de Kémi, correspondant de longue date de l’Envolée, qui vient de fêter ses 35 piges entre quatre murs et raconte son taf d’auxi et ses demandes d’aménagement.
    • Une lettre d’un prisonnier longue peine de Poitiers-Vivonne, « espérance de liberté zéro, espérance de vie à définir ».
    • Un texte de Sylvia qui réagit à une interview du chef d’Alliance, le syndicat majoritaire chez les flics, qui assume clairement sa proximité avec le RN, pour discuter de ce qu’un gouvernement de fachos ferait aux porteurs d’uniformes de ce pays.
    • On discute avec Yun du collectif Saccage 2024 des offensives militaires, policières et antisociales que les JOP drainent avec eux. Ce collectif d’habitant.es revient sur les expulsions et les offensives contre les pauvres que permettent les chantiers des jeux olympiques, ainsi que sur l’extension accélérée de la sécurité et du contrôle social. On en profite pour revenir sur l’histoire de cette institution raciste et sexiste et les luttes qui s’y sont opposées.

    L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

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  • Le journal L’Envolée n°59 est sorti !

    Le journal L’Envolée n°59 est sorti !

    Annoncé avec un peu de retard car le site internet était en maintenance, voici le sommaire et l’édito du journal n°59. Il est disponible pour 2 euros dans de nombreux points de distribution (voir ici), en abonnement de soutien pour 15 euros par an, gratuit pour les prisonniers et prisonnières.

    Sommaire de l’Envolée n°59 :

    • Lettres du CNE, de Poitiers-Vivonne, de Liancourt
    • Badinter est mort, pas la peine de mort
    • « Après ce qu’il a fait pour moi, je ne pourrai jamais vous dire qui c’est » : Draguignan, procès en appel d’une évasion
    • « Pauvre France… ça pue la merde ! » : des nouvelles des prisons pour étranger.e.s
    • De la prison à la psychiatrie, une proche raconte l’engrenage
    • Seysses et Fleury : des proches et des prisonniers se mobilisent après des morts au mitard
    • « Tout assigné à résidence aura la vie tranchée ! » : extraits d’un texte de Kamel Daoudi
    • Elac, ELSP : Toujours plus de matons version Robocop

    Édito

    Opération Wuambushu contre les sans-papiers à Mayotte, opération « place nette » contre les habitant·es des quartiers, opération « cellule nette » contre les prisonnier·es, opération « ferme ta gueule » sur la Palestine, opération « autorité » contre les mineur·es et leurs parents, avec couvre-feu à Pointe-à-Pitre… Et la grand-messe des JO comme anesthésique… Mais la vidéosurveillance algorithmique, les 125 juges recrutés pour l’occasion, tout ça restera en place une fois la flamme éteinte pour enfermer et contrôler toujours plus. C’est la même opération raciste et antipauvre qui continue.

    Côté administration pénitentiaire (AP) aussi, passage de flambeau avec le départ du patron Laurent Ridel. Tel un PDG qui vante son chiffre d’affaires lors d’un pot de départ, il se félicite de voir la pénitentiaire « en plein essor avec plus de 76 000 personnes actuellement détenues, 180 000 mises en probation (c’est-à-dire des personnes purgeant une peine en milieu ouvert) ». Il connaît bien sa boutique : l’AP ne se contente pas d’enfermer. Dehors, elle contrôle et surveille une partie toujours plus grande de la population. « Nous sommes un peu la balayeuse de la société, nous récupérons, entre guillemets, tous les échecs de la société. » Pour celles et ceux qui croiraient qu’il parlait de son personnel, rappelons tout le bien qu’il leur a fait ! D’ailleurs, le syndicat FO-Justice ne s’y trompe pas au moment de saluer le bilan du patron : sous sa direction, les matons ont obtenu leur recatégorisation – et les augmentations qui vont avec. Pour la première fois depuis… très longtemps, les concours de recrutement ont fait le plein. Ridel a bien contribué à redorer le blason de la pénitentiaire qui était jusque-là restée selon lui « trop humble, trop discrète ». Dans ce grand récit à la gloire de l’institution, il est toujours question de violences carcérales – c’est-à-dire entre prisonnier·es ou contre les matons –, jamais de violence pénitentiaire – celle de l’institution et de ses agents.

    Quant au repreneur de la boîte, Sébastien Cauwel, il a été secrétaire général de la préfecture de Guadeloupe, où il a réprimé les révoltes sociales à partir d’août 2021 et incarné le refus de l’État d’amnistier les prisonnier·es (voir L’Envolée n o 55). Du coup, il est bien placé pour savoir que la prison sert aussi à briser les mouvements sociaux – ça tombe à pic, en cette période d’offensive antisociale. Et puis il sait bien que l’administration pénitentiaire doit rester la deuxième « grande muette », après l’armée : rien ne doit en sortir. Alors qu’il était directeur de l’école nationale d’administration pénitentiaire (Énap), l’établissement a porté plainte pour diffamation après la dénonciation publique de violences sexuelles. Aux grands hommes, la patrie reconnaissante !

    Bon, on aurait aussi pu vous parler de Badinter (c’est vrai, il est mort…) mais Kamel et les prisonniers de Montmédy le font mieux que nous.

    Télécharger le journal en cliquant ici.

  • Le fascisme qui vient – Répression coloniale en Kanaky – Enfermement massif en Palestine

    Le fascisme qui vient – Répression coloniale en Kanaky – Enfermement massif en Palestine

    Émission de l’Envolée du vendredi 28 juin 2024

    • Discussion sur le fascisme qui vient, et relecture de l’édito du journal L’Envolée n°55, publié pendant les élections de mai 2022 :
      « Prisons et tribunaux sont les armes essentielles du bloc bourgeois (populistes-fascistes ou libéraux-autoritaires). Depuis l’intérieur de la prison, on a malheureusement un point de vue de choix pour comprendre et tenter de combattre le fascisme qui vient. Un des principaux objectifs de L’Envolée, c’est de ramener la question de la prison et de la justice dans les luttes sociales contre le capitalisme autoritaire et le fascisme qui gangrène la société »
    • Discussion avec un membre du collectif Solidarité Kanaky : déportation coloniale jusqu’en métropole de prisonniers et prisonnières kanaks, messages de solidarité et organisation du soutien aux prisonnier.e.s kanaks
    • Enfermement massif et conditions ultra-brutales de détention des Palestinien.ne.s au cœur de la guerre coloniale

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  • Lettre de Blanche : mouvement des matons et exploitation au travail – Répression et Solidarité Kanaky – Répression de la lutte contre les CRA

    Lettre de Blanche : mouvement des matons et exploitation au travail – Répression et Solidarité Kanaky – Répression de la lutte contre les CRA

    Émission de l’Envolée du vendredi 21 juin 2024

    • Lettre de Blanche : retour sur le blocage des prisons par les surveillants en mai, exploitation des travailleurs.euses détenus, l’arnaque des tablettes pour communiquer avec les geôliers…
    • Discussion avec une membre du collectif Solidarité Kanaky qui décrit le pseudo « retour au calme » : occupation militaire, milices anti-indépendantistes, élus et droite radicale, police et justice coloniale : main dans la main pour mater le mouvement social contre le dégel du corps électoral.
    • Instruction en cours pour réprimer les luttes contre les CRA (centres de rétention administrative).

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