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  • Christine Ribailly ne sera finalement jugée qu’en mars à Poitiers…

    Suite à un mouvement collectif des prisonnières du centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, Christine Ribailly devait comparaître ce mardi 6 octobre au tribunal de Poitiers pour « violences », « outrages », « menaces » envers divers membres de l’Administration pénitentiaire.

    Actuellement détenue à la prison d’Orléans-Saran, Christine a été déplacée jusqu’à la salle d’audience où l’attendait une quarantaine de personnes venues la soutenir et témoigner leur solidarité aux résistances individuelles et collectives face à l’incarcération et la violence des matons.

    Mais l’audience n’a pu avoir lieu et est reportée au 15 mars 2016 à 14h . En effet, à la lecture faite par la juge de la longue convocation de Christine, énumérant les multiples faits qui lui sont reprochés, l’avocat de Christine observe que la copie qui lui avait été envoyée était incomplète et faisait état de 6 faits au lieu des 11 cités par la juge. Faute d’avoir pu préparé une défense sur la totalité des faits (tous aussi ridicules les uns que les autres d’ailleurs), elle demande l’abandon des poursuites concernant ces derniers faits. Le procureur refuse que ces faits passent à la trappe. Christine et sa défense doivent donc se rabattre sur un renvoi.

    Il apparaît d’ores et déjà que les multiples plaintes rapportées par les membres de l’AP se sont ajoutées les unes après les autres à un dossier qui promettait aux accusateurs quelques recettes pour arrondir leurs fins de mois sur le dos de l’accusée. Chacun y est allé de sa petite plainte, toutes aussi ridicules les unes que les autres. Double peine pour de nombreux prisonniers, les mois d’emprisonnement suite à ce genre de plaintes s’ajoutent à des sanctions disciplinaires déjà prononcées, et ne cessent de gonfler les durées d’incarcération dans la plus totale impunité des matons.

    Nous nous retrouverons donc aux côtés de Christine le 15 mars 2016 au tribunal de Poitiers à 14h. En attendant vous trouverez dans le prochain numéro de l’Envolée -et ensuite sur ce site- un long texte dans lequel Christine revient sur son parcours et ses bagarres contre l’AP.

    question_authority

     

  • Prise de parole de Fabrice Boromée, quelques jours avant son procès au tribunal de Béthune le 16 octobre

    Procès de Fabrice Boromée

    vendredi 16 octobre 2015 14H au TGI de Béthune (62)pb

    Courrier envoyé à L’Envolée le 21 septembre 2015 :

    « Je suis arrivé en métropole le 8 août 2011. J’ai été transféré de force loin de ma famille.

    Je n’ai pas de parloir parce que toute ma famille est en Guadeloupe. A la base, j’étais condamné à huit ans de prison, et là je me retrouve avec vingt-huit ans de prison à cause des agressions et des prises d’otage, tout ça parce que je veux rentrer chez moi.

    J’ai pris en otage le sous-directeur de la prison de Vendin-le-Vieil parce que le 8 septembre 2015 il m’apprend que je ne sortirai pas de l’isolement au mois de septembre comme convenu, mais au mois de novembre. Cela faisait neuf mois que j’étais à l’isolement, à souffrir des méchancetés des surveillants : lors des rondes de nuit, ils frappent à la porte afin de me réveiller et laissent la lumière allumée, et ils rigolent devant la porte.

    C’est pour cela que j’ai fait la prise d’otage le 9 septembre 2015. Mon avocat Me David peut vous le confirmer, il a fait de son mieux pour que ça s’arrête, et tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi en Guadeloupe pour voir mes proches. Je suis en attente du procès pour la prise d’otage de Vendin-le-Vieil.

    J’ai fait plusieurs demandes de transfert au ministre de la justice pour rapprochement familial. Tout a été refusé et je ne sais plus quoi faire pour me faire entendre […]

    Mes salutations, Fabrice Boromée. »

     

    Le 9 septembre, Fabrice Boromée a retenu le sous-directeur de la prison de Vendin-le-Vieil. Celui-ci ne s’est pas constitué partie civile contre Fabrice Boromée parce qu’il dit n’avoir subi aucune violence. Tout comme Cyrille Canetti, psychiatre qui avait été retenu par Eric Dorffer à la prison de la Santé et qui était venu témoigner en sa faveur lors du jugement en juin 2013.

    Le 30 décembre 2013, Fabrice Boromée avait déjà « pris en otage » un surveillant de la prison de Condé-sur-Sarthe et il avait été condamné à huit ans de prison. Comme il l’écrit dans sa lettre, Fabrice Boromée, cumule vingt années de prison pour des faits survenus en détention, comme ces « prises d’otages » qu’il fait pour exiger son rapprochement familial. Il ne comprend pas pourquoi l’administration pénitentiaire lui refuse le droit de garder des liens familiaux.

    Fabrice est classifié par l’administration pénitentiaire comme un détenu particulièrement signalé (DPS), c’est-à-dire « dangereux ». La prison de Vendin-le-Vieil, comme celle de Condé-sur-Sarthe, sert à enfermer les prisonniers condamnés à des peines qui sont quasiment des perpétuités. Qui pourrait se résoudre à rester en prison à vie ?

    Cette situation est celle de beaucoup de prisonniers : d’un côté les peines prononcées par les cours correctionnelles ou d’assises sont toujours plus longues, de l’autre les juges d’application des peines veillent à ce qu’elles soient exécutées. Les demandes de transfert, permissions de sortir, libérations conditionnelles, etc. sont à la baisse depuis quelques années : loin de permettre de sortir, la politique d’aménagement des peines prolongent le plus longtemps possible la durée de la détention Les prisonniers doivent attendre des mois pour obtenir ne serait-ce qu’une entrevue qui se conclut très souvent par un refus. Il ne leur reste pas grand-chose d’autre que la force pour se faire entendre, et ce sont des gestes difficiles, qui leur valent de nombreuses années de prison supplémentaire. Un cercle vicieux duquel il est très compliqué de s’échapper.

    Récemment, un journaliste a écrit que, avec son geste, Fabrice Boromée aurait « obtenu son transfert  ». Faux : il a juste obtenu de quitter provisoirement une des prisons les plus sécuritaires pour atterrir au fond du quartier disciplinaire de la prison d’Annœullin. Rien à voir avec le rapprochement familial qu’il revendique depuis 2008.

    L’Envolée, le 13 octobre 2015

    Contact presse : L’envolée, 43 rue de Stalingrad, 93100 Montreuil/ www.lenvolee.net / contact@lenvolee.net / Twitter : @anticarcéral

  • Christine Ribailly repasse en procès suite à la plateforme de revendications de la MAF

    « il arrive que des condamnés commettent le crime de parler… »
                                         A.M. Jacob
    
    
    Le 28 avril 2015, Christine Ribailly devait être extraite de la prison de Strasbourg afin de comparaître au tribunal de Poitiers pour y répondre d' « incidents » survenus à l'automne 2014 quand elle était incarcérée à Vivonne. Pour des raisons qui ne lui appartiennent pas, Christine n'a pas été transférée ce jour-là et son audience remise au mardi 6 octobre 2015 à 13h au tribunal de Poitiers. Allons-y!
    christine-inforouteIsolement, éloignement familial, transferts disciplinaires, fouilles à nu, violences, quartiers disciplinaires, humiliations… Pour les près de 70 000 prisonniers en France, chaque journée passée en prison est un défi face à l’Administration Pénitentiaire (AP). Forte d'une multitude d'outils et de dispositifs tant violents qu'insidieux, l'AP encadre l'atomisation des prisonniers et orchestre la répression de leurs résistances. 
    Pour n'en citer que quelques exemples :
    -casques, boucliers, équipes d'intervention anti-émeute (ERIS)
    -sédatifs et anti-anxiolytiques
    -chantages à la possibilité d'avoir accès à des remises de peines, activités, parloirs, UVF (Unité de Vie Familiale), … qui deviennent des faveurs à quémander à l'AP,
    -organisation de l'espace qui vise l'atomisation des détenus (cellules d'isolement, quartier disciplinaire, segmentation par de nombreuses grilles d'accès, TV/douche/repas en cellule et donc seuls...)
    
    Aspirateur social, prison de la misère, machine à broyer, entreprise de déshumanisation, les mots n'ont jamais manqué pour désigner la prison, la taule. Des paroles de prisonniers aux enquêtes de l'Observatoire International des Prisons en passant par les témoignages des familles et proches de détenus, les conclusions sont les mêmes : la prison détruit l'être social.
    
    Résister en prison, c'est  y survivre, c'est exister.
    
    Au centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, les détenues du quartier femmes rédigent une plate-forme de revendications collectives où elles expriment leurs frustrations et aspirations immédiates dans le cadre de leur détention. C'est dans ce contexte d'expression collective que l'Administration pénitentiaire de Vivonne décida de porter plainte contre Christine qui comparaîtra ce mardi 6 octobre pour outrage, violence et rébellion. Face aux institutions, ne pas se laisser piétiner et tabasser est trop souvent synonyme d' « outrage, violence, menace »... En prison, en plus de l'insupportable privation de liberté, les situations de confrontation et d'humiliation sont le lot quotidien des prisonniers face aux agents de l'administration pénitentiaire et leurs supérieurs : refus de promenade, de séances de sport, fouilles diverses et multiples, problèmes de courrier ou remarque déplacée, palpations, annulations de parloir… D'autant plus que « les matons disent qu’ils ne font que respecter la loi. [...] Mais c’est rarement le cas. » Alors à chaque manquement à ses droits ou provocation, que Christine soit elle-même concernée ou que l’une de ses codétenues soit visée, elle réagit avec la même ardeur et, en retour, essuie des sanctions. Christine a ainsi passé la moitié de ces deux dernières années en quartier disciplinaire ou à l’isolement, et subi treize transferts d’établissement. Certaines confrontations mènent à des insultes ou affrontements physiques… A plusieurs reprises, Christine a porté plainte contre des surveillants : ses plaintes n'ont jamais été retenues. À plusieurs reprises, des surveillants ont porté plainte : ils y ont gagné du fric et de nouvelles peines pour Christine. En deux ans d’emprisonnement, Christine a ainsi accumulé plus d’une année d’incarcération supplémentaire à sa peine initiale (elle-même le fruit d'« outrages, violences et rébellions »).
    
    Sans notre soutien, les prisonniers et leurs combats face à l'Administration pénitentiaire sont écrasés dans le silence.
    Soyons nombreux mardi 6 octobre 2015 à 12h 
    devant le tribunal de Poitiers (Place Alphonse Lepetit)
    
    Christine va-t-elle enfin pouvoir pisser dans l'herbe?
    pisserdanslherbe2

    Pour lire tous les courriers de Christine : http://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

    Pour tout contact : christinecontact@riseup.net

    LISTE DE REVENDICATIONS DES PRISONNIÈRES DE LA MAISON D’ARRÊT DES FEMMES DU CENTRE PÉNITENTIAIRE DE POITIERS-VIVONNE

    Comme ailleurs, nous voulons :
    – Des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général
    – La suppression des QI et des régimes différenciés au CD
    – Les portes ouvertes en MA et/ou le téléphone en cellule
    – La mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en CD dès la condamnation
    – La facilitation du téléphone, des parloirs et des UVF avec nos proches, enfermés ou non
    – La fin des fouilles systématiques et/ou punitives
    – Les repas appétissants : marre de manger du plastique !

    Localement, nous demandons :
    – Des conditions dignes à la nursery : arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman…
    – L’accès à l’école pour toutes : fin des refus avec la fausse excuse de la mixité
    – La télé à 8 euros par mois : alignement sur la loi, comme dans les prisons publiques (18 euros ici pour Eurest)
    – La fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) : on n’est pas là pour enrichir les cantines privées
    – L’ouverture d’une salle de convivialité : elle doit être systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour
    – Plus d’activités : actuellement, il n’y a que « bricolages en papier « et « fitness », 2h. par semaine
    – L’accès au terrain de foot : seuls les hommes y ont droit
    – La gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes
    (Ces demandes sont toutes réalisables dans l’état actuel de la législation)

     

  • Emission du 25 septembre 2015

     

    • Surveillant pervers (MAF de Fresnes)
    • Suicide  (MAF de Versailles)
    • Textes sur le suicide en prison
    • Lettre de Christine Ribailly
    • Communiqué en soutien à Paul-André Contadini
    • Droit du travail en prison
  • Emission du 18 septembre 2015

     

    • Lettre d’Alexandra (Maison d’arrêt de Versailles)
    • Communiqué corse (Maison d’arrêt de Fresnes)
    • Feu de cellule (Maison d’arrêt de Bois-d’Arcy)
    • Présentation de Face aux violences d’Etat (Parole Errante)
    • Téléphone : Amal Bentounsi (Urgence notre police assassine, Amine Bentounsi)
  • Prise d’otage ou prise de parole

    qui sont les preneurs d'otage?

    Le 9 septembre,  Fabrice Boromé a pris en otage le directeur adjoint de la toute neuve prison de Vendin-le-Vieil. Comme sa grande sœur de Condé-sur-Sarthe entrée en fonction deux ans plus tôt, ces deux prisons construites dans des régions dévastées par l’industrie puis par la désindustrialisation, ont pour fonction l’enfermement ad vitam de prisonniers considérés comme les plus rétifs à leur enfermement.

    Des prisonniers qui ont à faire des « peines infaisables », comme ils étaient des dizaines à le dire dans le numéro que l’Envolée avait consacré au premier de ces QHS modernes (cf N 39). Des prisonniers à qui la politesse des bourreaux de cour d’assises n’a pas même laissé l’illusion d’une possible sortie. Leur plus grande faute étant le plus souvent de ne pouvoir se résoudre, précisément, à leur enfermement.

    Fabrice Boromé n’a pas retourné contre lui-même son désespoir. Il a jugé plus efficace et plus utile de prendre en otage la plus haute autorité de la prison et par là même, l’administration pénitentiaire toute entière. Bref retournement de situation. Celui à qui la société a promis une prise d’otage perpétuelle récupère quelques heures.

    Il va le payer au prix fort. Aux jérémiades des matons dans la presse -qui fidèles à leurs habitudes en profitent pour mendier quelques moyens supplémentaires- succéderont leurs coups et leurs brimades dans le silence des quartiers d’isolement où Fabrice sera baluchonné.

    Il a ainsi « obtenu son transfert », ose écrire un journaliste. Non, il a obtenu de quitter provisoirement la dernière prison sécuritaire en date, nuance. Il avait obtenu de quitter Condé quelques mois avant. Quitter la dernière génération de QHS, celle des années 2010 pour à nouveau écumer les QI et QD de France, QHS des années 1980. Cela n’a pas grand’chose à voir avec l’obtention du rapprochement familiale qu’il revendique depuis des mois : retourner en Guadeloupe, où il lui reste son frangin, sa seule famille.

    Ce prisonnier « particulièrement dangereux » comme le décrit l’AP complaisamment relayée par les perroquets de la presse, dit pourtant très clairement vis-à-vis de quoi il serait dangereux : la prison, les murs, les portes clefs et les gestionnaires de la vie enfermée des autres. Ses peines successives se sont accumulées au placard. L’institution qui estampille du sceau infamant de la « dangerosité » est directement responsable de la dite dangerosité puisque c’est contre elle quelle naît. En cela, encore une fois, la taule fait parfaitement son office. Banalité de base loin des propos lénifiants et pseudo humanistes sur la fonction imaginaire d’une prison conçue pour « réconcilier la société » ou « réformer les individus ».

    Elle est l’expression de la vengeance sociale, point barre. Et ces taules de Condé ou de Vendin doivent permettre au système carcéral de tenir ses promesses, quant bien même il se prendrait les pieds dans le tapis de ces peines infinies qu’il a prononcé.

    Ces prisonniers longues peines qui n’ont plus rien à perdre que la vie enfermée prennent la parole lorsqu’ils prennent en otage. Nous reviendrons sur cette histoire plus longuement dans le numéro du journal qui sortira en octobre. Fabrice devait être jugé pour la prise d’otage en comparution immédiate en fin de semaine dernière son procès est reporté au 16 octobre à Béthune…

    Il a pour l’instant été transféré à la prison d’Annoeullin dont nous avons déjà beaucoup parlé dans le journal. Vous pouvez lire pour mémoire ces deux articles :

    https://lenvolee.net/qhs-moderne-le-qmc-dannoeullin-et-lexploitation-des-prisonniers/

    https://lenvolee.net/eh-bien-moi-je-dis-aux-detenus-mobilisez-vous/

    Pour finir et pour se faire sa petite idée voilà ce qu’a dit la presse de cette prise d’otage :

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/09/09/01016-20150909ARTFIG00159-pas-de-calais-prise-d-otage-a-la-prison-de-vendin-le-vieil.php
    http://guadeloupe.la1ere.fr/2015/09/09/fin-de-la-prise-d-otage-la-prison-de-vendin-le-vieil-285493.html
    ttp://www.lavoixdunord.fr/region/vendin-le-vieil-le-detenu-preneur-d-otage-s-est-ia35b0n3033737
    http://www.20minutes.fr/lille/1683319-20150909-prise-otage-vendin-vieil-syndicaliste-denonce-sentiment-impunite-detenus
    http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/vendin-le-vieil-prison-d-otage-la-prison-803037.html
    http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/vendin-le-vieil-prison-d-otage-la-prison-803037.html
  • Emission du 11 septembre 2015

     

    • Texte de Catherine
    • Prise de parole – Fabrice Boromée
    • Téléphone – l’avocat Benoît David
    • Texte – coup de gueule – famille de détenu
    • Téléphone – femme de détenu
    • Surveillant pervers
  • Christine, une épine dans le pied de la matonnerie d’Epinal

    Il ne nous a pas étonné, il ne nous a pas réjouit, cet article paru dans le quotidien Vosges matin le 09 juin dernier. C’est une attaque de plus contre Christine Ribailly et contre les prisonniers et prisonnières qui contestent. Il s’agit d’une tribune sur la situation de Christine Ribailly (à l’époque incarcérée à la maison d’arrêt d’Épinal) donnant la parole à Mme Fadila Doukhi, déléguée syndicale de la section FO pénitentiaire des Vosges. Comme souvent la PQR, pour remplir ses insipides colonnes, se fait le relais tout à fait partial de la communication des syndicats de matons ; ils cherchent ainsi à faire pression sur leur direction, sur la direction interrégionale ou sur la direction centrale de l’AP. Les matons-travailleurs entendent ainsi «gagner des droits», «améliorer leurs conditions de travail» sur le dos des prisonniers. En l’occurrence Christine, prisonnière non soumise.

    Incarcérée depuis plus de deux ans et demi, Christine se trouve dans un rapport de force quotidien avec l’administration pénitentiaire pour se faire respecter face à des conditions de détention toujours plus difficiles pour l’ensemble de la population carcérale. La corporation de matons d’Épinal, comme bien d’autres, n’aime pas les récalcitrants et cette fois-ci a voulu faire connaître ses élucubrations sur la manière dont elle voudrait voir gérer l’incarcération de Christine par l’administration pénitentiaire. Après avoir, une énième fois, pleurniché sur ses conditions de travail, cette corporation ose ici demander à ce que les protestations de Christine soient considérées comme manifestations de folie afin de la faire interner et ne plus l’avoir dans les pattes. La révolte, une maladie? Non, une épine dans le pied de la matonnerie…

    Le courrier ci-dessous -lettre ouverte envoyée aux institutions judiciaires et pénitentiaires- vient rappeler à ces sordides apprentis toubibs que personne ne leur a demandé leur avis et qu’ils peuvent donc se le garder !

    Pour l’instant, Christine est toujours en détention, et heureusement pas en institution psychiatrique. À défaut, ces matons d’Épinal auront obtenu, fin juin, le transfert de Christine.

    Elle est aujourd’hui à la Maison d’arrêt de Metz.

    Face à ces efforts pour détruire les détenus et leurs résistances en prison, restons attentifs à l’évolution de la situation de Christine.

    Pour continuer de lui écrire :

    Christine RIBAILLY, écrou 57937, 1 rue de la Seulhotte, BP 95020, 57071 METZ cedex 3

    A l’attention particulière de
    FO Pénitentiaire des Vosges
    la direction de la MA d’Épinal
    la Direction Régionale de Strasbourg
    la Garde des sceaux
    la Rédaction de Vosges Matin
    la direction de la MA de Metz

    OBJET : Situation de Mme Christine RIBAILLY, anciennement détenue à la MAF d’Épinal  – Réaction à l’article de Vosges Matin paru le 9 juin 2015

    Mesdames, Messieurs,
    Nous venons ici attirer votre attention sur la situation de Mme Christine Ribailly, actuellement incarcérée à la MAF de Metz, et précédemment, à la MAF d’Épinal. Dans un même temps, nous souhaitons réagir à l’article « Une détenue qui pousse à bout le personnel » paru dans le quotidien Vosges Matin du 09 juin 2015. Véritable tribune d’une section syndicale de surveillants qui se veulent à la fois juges, psychologues et médecins, cet article autorise et soutient ces surveillants dans un exercice qui dépasse leur fonction, et vise à aggraver la situation de cette détenue dans la droite ligne du travail engagé, depuis plus de deux ans, par l’Administration Pénitentiaire et la justice. Si cet article se garde bien de la nommer, il ne fait aucun doute que la détenue dont il est question est Mme Christine Ribailly, enfermée depuis novembre 2012 pour ses insoumissions à l’autorité de différentes institutions publiques, dans la défense de ses revendications.

    Dans cette tribune, la section FO Pénitentiaire des Vosges déclare, par la voix de Mme Fadila Doukhi, que la «place [de Mme Ribailly] ne serait pas en maison d’arrêt mais en hôpital psychiatrique ». Il est inacceptable qu’une corporation syndicale de surveillants s’arroge le droit de colporter les élucubrations du personnel sur l’état de santé d’une détenue. Quelle formation médicale possède ce personnel pour se permettre de tels diagnostics ?

    Si par la même voix de Vosges Matin, la direction de la MAF d’Épinal veut donner à croire qu’elle ne partage pas l’avis de son personnel syndiqué, les faits montrent le contraire. En effet, rapidement la direction donnait raison à la demande de la déléguée de FO en procédant à un signalement auprès de la préfecture : le 17 juin 2015 Mme Ribailly était ainsi convoquée pour une expertise psychiatrique. Celle-ci, n’a, heureusement et pour l’instant, pas donné lieu à une décision d’hospitalisation sous contrainte.

    Malheureusement, nous ne savons que trop bien à quoi peut servir le recours à l’institution psychiatrique dans la gestion des détenus par l’Administration Pénitentiaire. Loin de tout altruisme, cette pratique n’a d’autre but que de faciliter le travail du personnel pénitentiaire pour des cas de détenus trop récalcitrants au quotidien carcéral.

    Dans les faits, après les traditionnels transferts disciplinaires et autres placements au mitard ou en isolement, l’internement psychiatrique vient comme ultime sanction disciplinaire appelée par l’administration pénitentiaire. L’injection de sédatifs et la camisole physique sont en effet redoutables pour ce qui est de casser toute velléité de protestation.

    Le personnel pénitentiaire se voit alors rapidement soulagé. Les détenus voient leur santé rapidement et dangereusement dégradée.

    Concernant Mme Ribailly, ce n’est pas la première fois que l’Administration Pénitentiaire brille par de telles pratiques ! Il y a quelques mois seulement, l’administration de la MAF d’Elsau à Strasbourg, réussissait, par un signalement similaire, à faire placer Mme Ribailly à l’UHSA de Nancy. Sitôt arrivée, la médecin psychiatre de service reconnaissait le caractère abusif de ce placement et procédait à la levée de l’hospitalisation sous contrainte.

    En 2011, c’était le centre pénitentiaire de Lyon-Corbas qui faisait procéder à un même placement à l’UHSA du Vinatier à Lyon. Suite à un recours de la part de Mme Ribailly, le tribunal administratif jugea, a posteriori, ce placement abusif et demanda son annulation administrative.

    Nous dénonçons ces pratiques régulières de la part de nombreuses institutions, comme l’administration pénitentiaire, mais également de nombreuses autres institutions de l’autorité publique (forces de police et de gendarmerie, justice, mairies, préfectures, etc.) qui, lorsqu’elles se trouvent face à une contestation de leur autorité, n’hésitent pas à juger comme « fous » leurs détracteurs afin de s’en débarrasser à grands coups de camisoles physiques et chimiques.

    Par ailleurs, nous tenons également à dénoncer des pratiques, malheureusement trop communes, qui visent à monter les détenus les uns contre les autres. Dans le même article de Vosges Matin, il est fait référence aux soi-disant inquiétudes pour leur surveillantes, formulées par courrier, d’une dizaine de détenues de la MAF d’Épinal. Nous savons que trop bien comment fonctionne le chantage, aux sanctions d’un côté, et aux Remises de Peines Supplémentaires et petites faveurs de l’autre. Dans de telles conditions, il devient difficile de refuser quelconque demande du personnel pénitentiaire, qui quant à lui, combat toute forme de solidarité entre détenus.

    Depuis maintenant plus de deux ans et demi, Mme Ribailly est incarcérée dans vos prisons. Initialement condamnée pour avoir contesté l’arbitraire dont fait preuve l’administration pénitentiaire face aux familles et proches de détenus, mais également pour son engagement contre le prélèvement ADN, le fichage de la population, la loi LOPPSI 2, le puçage et la vaccination obligatoire des brebis, et d’une manière générale, toutes les situations arbitraires générées par les autorités publiques.

    Bien qu’incarcérée, Mme Ribailly continue de dénoncer les situations qu’elle subit et réprouve. En détention, il s’agit notamment des fouilles systématiques pratiquées par la plupart des établissements pénitentiaires en France et ce, malgré l’interdiction posée par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Il s’agit également des cartes de circulations imposées pour tout déplacement à l’intérieur de la détention, continuum de la logique de fichage généralisé qui traverse la société. Et plus généralement, toutes les humiliations, chantages, violences, morales comme physiques, que peut produire le quotidien carcéral sur l’ensemble des détenus.

    Face à toute velléité de protestation, l’administration pénitentiaire regorge de moyens disciplinaires et cela fait deux ans et demi que Mme Ribailly en fait les frais.

    Nous dénonçons l’ensemble de ces pratiques :

    • Insultes, menaces et violences physiques et morales de la part du personnel pénitentiaire.

    • Chantages (suppression de parloirs, d’UVF, d’activités diverses, de repas, d’accès à la douche, de correspondances internes entre les détenu-e-s, des couvertures, des produits d’hygiène, de tabac, du droit à la défense par le refus d’appel à son avocat, de l’accès aux soins, etc.).

    • Sanctions disciplinaires telles les placements successifs au mitard puis en isolement lorsque les délais légaux sont dépassés (deux tiers de l’incarcération de Mme Ribailly passés en QD et QI), et les transferts disciplinaires à répétition et dans des établissements systématiquement loin de ses proches.

    • Plaintes à répétition de surveillants opportunistes et vindicatifs qui, par les procédures judiciaires à répétition, les lourds frais qu’elles engendrent et les ignobles dommages et intérêts qu’ils se voient accorder, ne visent qu’à user Mme Ribailly.

    • Report continuel d’une possibilité de libération par l’ajout de nouvelles condamnations prononcées en détention, par des suppressions de remises de peines et les refus systématiques des aménagements de peine auxquels elle a théoriquement droit.

    Alors non, contrairement à ce qu’en disent les élucubrations des surveillants de FO, si traitement spécifique il y a avec Mme Ribailly, ce n’est certainement pas un « traitement de faveur » mais bien un ensemble de pratiques qui ne visent qu’à la faire renoncer à ses revendications, quitte à rallonger son incarcération et à mettre à mal son intégrité physique et morale, ainsi que celle de ses proches.

    Dans l’immédiat, nous exigeons que cessent, sans délais, toutes les exactions précitées dont fait l’objet Mme Ribailly. Nous réclamons :

    •  Que cesse toute pression et tout acharnement,

    •  Que cesse l’ensemble des sanctions disciplinaires,

    •  Que soit abandonnée toute tentative de placement en hôpital psychiatrique,

    •  Que soit donné droit aux aménagements de peine auxquels Mme Ribailly a théoriquement accès,

    •  Que soit donné droit à sa demande de transfert dans un établissement pour peine à proximité de ses proches.

    Sachez que nous restons attentifs à l’évolution de la situation de Mme Ribailly que nous continuerons de dénoncer et de rendre publique ; et que nous ne cesserons de réagir de toutes les manières nécessaires aux traitements qui lui sont faits derrière les murs de vos prisons.

    Mercredi 15 juillet 2015,
    Enfinpisserdanslherbe,

    regroupement de personnes en soutien à Christine

     

    Pour lire tous les courriers de Christine : http://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/

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  • « Revoir les barreaux de cette centrale n’est pas une grande joie » Philippe Lalouel à Lannemezan, avril 2015

    CP de Lannemezan, avril 2015

    Bonjour à tous,

    Et bien me voilà arrivé à Lannemezan après un long combat semé d’embûches. J’ai serré les dents pour y arriver. Revoir les barreaux de cette centrale n’est pas une grande joie car ma liberté est prise depuis 29 ans le 23 avril, par les bourreaux et les jurés-moutons de cette société. Et puis les victimes : elles se font braquer puis très bien payer, car toutes ces victimes ont pris un fric fou en quelques minutes. Ma rage je la garde au plus profond de moi. Je serre les dents, même mon but atteint.

    Je vois ma compagne chaque semaine et ça c’est le top. Je tiens à dire que ma compagne est une battante : qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il fasse froid, elle ne rate jamais un parloir et je la respecte plus que tout. Heureusement qu’elle est là, cela me retient de certaines choses. L’avenir dira ce qui viendra pour moi et ma compagne.

    A l’intérieur de moi je suis une bombe atomique malgré le bonheur de voir ma compagne chaque semaine. Car la taule : plein les couilles. Ca veut plus rien dire cette peine de condamné à mort qu’ils m’ont foutue. Je l’ai en travers de la gorge. La population a bien changé et je ne me sens pas dans mon monde à moi. Il n’y a pas de taf et ils parlent de réinsertion ahahaha. Comment les mecs pourraient se réinsérer si y’a pas de boulot et quand il y en a c’est payé une misère. Ça dégoute et décourage tout le monde. J’entends que de la rage entre ces murs, c’est normal. J’ai fait un stage en janvier, comme paye j’ai eu : 15euros82 ; en février 31euros64… en deux mois ça fait ; 47euros46, la honte. Ils ramènent tout à la crise, bien sur hein…bref.

    Ma santé se maintient, je tape mon sport voilà, sinon il n’y a rien à faire entre ces murs. C’est l’abandon du détenu dans la centrale. Je m’emmerde. C’est triste, ça ne vit plus dans les centrales. Je comprends, c’est normal que ce soit ainsi car il n’y a rien de rien. Le temps passe, les années passent, tu rentres en taule sans rien et tu reste avec rien. Que des histoires sans parole. Des promesses bidons. Des excuses. C’est toujours pareil et à force tu te fous de tout ; ça n’énerve même plus leurs conneries tellement ça devient banal…bref.

    Je vais finir là cette petite lettre là, car quoi dire sur courrier : un jour vaut une année. La rengaine quoi. A un de ces jours les ami-e-s. un grand bonjour à tous et toutes les braves.

    Philippe

    PS : Je reviens un peu. J’écris quand j’ai besoin de me libérer un peu la bombe endormie que j’ai au fond de moi. Et bien aujourd’hui, jour de paye, alors là encore moins que le mois dernier : j’ai eu 31euros 42 pour mars. Vu que j’ai reçu un mandat, ça dépasse les 200euros alors il reste 22euros72 sur la paye…ahahaha (note envo : prélèvement pour rembourser le fond d’aide aux victimes au delà de 200 euros par mois de cantine). Tu es obligé de rire ; quelle honte…enfin. Faut que je serre les dents pour ma compagne, pour moi aussi. Rien de neuf, la routine. Je passe le 29 en commission pour ma levée du statut DPS mais bon hein. Pour dire les trucs que j’ai à dire je suis obligé de faire du léger car les cadeaux, à nous on nous en fait pas. Bref, je finis sur ces lignes.

    Bon courage aux déterminés, femmes et hommes, dans ces tombeaux secrets de merde.

    A plus les ami-e-s.

    (PS de l’Envolée : Philippe a gardé son statut DPS ; les payes sont toujours aussi ridicules, 31 euros pour le mois de juin… la vie en centrale quoi)