Nous avons récemment publié des nouvelles de Rachide Boubala, 37 ans, initialement libérable en 2000 mais devenu un prisonnier longue peine : sortie prévue en 2038. Pas de peine d’assises mais une série de condamnations en correctionnelle non compressibles accumulées du fait même de son incarcération. Elles lui valent « ce CDI avec l’AP et la moitié de l’année passée au cachot », explique Catherine, sa compagne. Rachide peine à faire entendre publiquement les raisons de ses luttes. Les journalistes embarqués préfèrent de loin recracher la soupe des syndicats pénitentiaires : « La population détenue est de plus en plus vindicative » (Corse-Matin), « les matons sont lassés de venir travailler la boule au ventre » (Europe 1), « les transferts peuvent être obtenus sans prise d’otages, en faisant des demandes par courrier » (un maton de Clairvaux sur FranceinfoTV). (suite…)
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Visite guidée au centre de détention pour hommes de Réau
en compagnie d’AC/DC, prisonnier longue peine en attente d’une libération conditionnelle…
Le descriptif très détaillé et très informatif qui suit est paru dans le numéro d’hiver du journal ; le courrier datant d’octobre 2013. Ecrit par AC/DC, « prisonnier longue peine en attente de libération conditionnelle », ce texte constitue un rapport précieux sur la très moderne prison de Réau. Les amis et correspondants du journal qui y sont passés ou qui y passent ne se comptent plus : Christine Ribailly, y a séjourné récemment avant d’être transférée à Rennes (où sa détention est, semble-t’il, un peu moins dure) ; Kaoutar Chtourou n’en peut plus d’y attendre la réponse pour sa demande de conditionnelle (elle ne quitte plus le régime fermé depuis des mois et enchaîne les période de « confinement » en cellule ; on peut d’ailleurs lire Solidaires de notre amie Kaoutar, une combattante dont l’AP se venge) ; quand à Philippe Lalouel, il est actuellemnt dans les mains des experts en blouse blanche du CNO (Centre national d’observation) situé à Réau aussi, pour qu’ils statuent sur sa « dangerosité » afin de l’orienter vers une affectation..(il espère sanstrop y croire un rapprochement familial). Avant de publier des courriers plus récents de tout le monde (sur le site et dans le numéro 39 du journal qui paraîtra en juin), nous pouvons lire ou relire, cette visite guidée par AC/DC, de cette « prison moderne de merde », pour reprendre la classification établie par Philippe.
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Extrait d’échanges avec Catherine, la compagne de Rachide Boubala
« Rachide me téléphone au minimum 2 fois par jour. C’est sa seule activité et cela lui donne l’occasion de sortir de sa cellule du quartier d’isolement. Pendant une vingtaine d’années je fus intervenante dans les bibliothèques de la Maison centrale de Clairvaux, et c’est dans le cadre de ce travail que j’ai rencontré Rachide qui végétait dans les QI/QD (une tournée de 84 établissements en 16 ans). Cette rencontre a donné une lueur de vie à Rachide, vite contrarié, puisque depuis 2 ans qu’il réclame de revenir à la MC de Clairvaux pour être près de moi -son seul lien extérieur-, on le fait tourner en bourrique dans d’autres établissements. Forcément, il se révolte et prend des années supplémentaires. L’éloignement a fait qu’il a 10 ans de plus à ses peines; 10 ans de plus pour se rapprocher de moi depuis 2 ans, à l’exemple de ce que vous dénoncez dans votre journal l’Envolée. Moi j’appelle ça de la justice de brousse. Elle fait honte à la France… surtout si elle est la voix de l’opinion publique. Je suis scandalisée par les commentaires d’internautes dans les rubriques de faits divers qui ne sont que haine et frustrations. J’avais entendu parler de l’Envolée à la maison centrale de Clairvaux par des détenus qui sont très soucieux de l’écho de leurs problèmes à travers les médias. Quand je lis ces témoignages, je constate que les mêmes problèmes se répètent, que rien ne bouge et que la mort les lèche tous les jours un peu plus. Rachide est toujours à la Maison d’arrêt de Rouen. Depuis jeudi, il est entré en mode combat. Sa demande d’affectation à Clairvaux (15 km de chez moi) lui a été refusée sans motif par l’EMS. »
avril 2014
A suivre…
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Concert de soutien de ouf à l’Envolée et à Natchav à Nantes
Ce soir, vendredi 02 du mois de mai, cerkon à ne pas rater. On prévient tardivement sur le site bien sur mais…bon les aléas de la vie numérique quoi…le hacking… tous ces gens qui nous en veulent, mais, ni héros ni martyr nous continuons… et cherchons des ronds. Alors toutes et tous à Nantes…pour écouter rien moins que :
K-2000, c’est du punk rock ; Anomyme et No blaz, c’est du rap du bocage ; Déjà mort, c’est du rap en manque.
20 H aux ateliers Bitche, 2 rue Bitche, Nantes
Ca n’interesse personne mais ça concerne tout le monde
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A propos de Rachide Boubala : « preneur d’otage » à Condé-sur-Sarthe « pour que ça change pour les longues peines »
Rachide Boubala est un prisonnier longue peine âgé de 37 ans. Sa date de libération est 2038. Pas de peine d’assises mais une série de condamnations en correctionnelle non compressibles, accumulées du fait même de son incarcération et qui lui valent « un CDI avec l’administration pénitentiaire et la moitié de l’année passée au cachot » explique Catherine sa compagne. En effet, il n’a cessé de se révolter contre la routine carcérale, l’arbitraire des matons et les régimes de détentions inhumains supportés. En réponse, les tribunaux condamnent Rachide à des peines supplémentaires sur la base des déclarations de surveillants souvent soufflées ou amplifiées par leurs amis des Syndicats. Quant à l’AP, elle balade Rachide de prison en prison depuis 1997, pour une tournée de 86 établissements à ce jour. La seule dans laquelle l’AP évite de le remettre depuis deux ans, c’est précisément celle que Rachide souhaiterait intégrer pour être proche de sa compagne. (suite…)
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Du son contre la prison #4
Du son contre la prison est un concert hip hop qui aura lieu à Ursa Minor (11 rue de l’égalerie, quartier Bellevue à Saint-Etienne) le vendredi 9 mai de 21h à minuit, et retransmis en direct sur des radios associatives locales, un peu partout en France et en Belgique (voir une liste non-exhaustive en fin d’article), pour pouvoir être écouté à l’intérieur des lieux d’enfermement.
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Après une lettre collective pour la ré-ouverture de « la salle convivialité » au centre de détention pour femmes de Réau
Christine, combats en détention et répression… énième épisode
Depuis son incarcération en novembre 2012, Christine proteste régulièrement contre l’arbitraire de la pénitentiaire et pour l’application des droits (théoriques !) des prisonniers et prisonnières. Ce qui lui vaut un enchaînement de conflits avec les surveillants et l’AP, de CRI (compte-rendus d’incidents), placements au mitard et au quartier d’isolement, transferts disciplinaires, et quelques procès… Tout ceci durcit et rallonge sa peine.
L’Envolée et divers sites internet relaient ce qu’elle relate dans ses lettres*. Dès son arrivée au centre de détention de Réau, mi-octobre 2013, elle a refusé de prendre la carte de circulation nécessaire aux passages des multiples sas de sécurité en détention, ce qui lui a valu d’être directement placée en régime « portes fermées ». Le 5 mars, elle est passée en procès au TGI de Melun, accusée d’avoir mordu un surveillant au cours d’une prise de bec pour la réouverture de la «salle de convivialité» (voir lettre et compte-rendu ci-dessous). (suite…) -
Editorial et sommaire du numéro 38 du journal, février 2014
Alors quoi ?
Dire à un être humain qu’il va rester en prison toute sa vie est une chose ; le lui faire accepter en est une autre.
Christophe Khider et Philippe Lalouel ont récemment dit à l’issue de leur procès que les peines auxquelles ils venaient d’être condamnés étaient inacceptables et qu’ils ne les feraient pas ; même pas en cauchemar. Certes, dans un éclair de lucidité, des médias, des politiques et certains intellectuels ont applaudi la libération de Philippe El Shennawy, âgé de 58 ans, après trente-huit ans de prison ! Mais après quels combats a-t-il été libéré, et à quel prix ? À sa sortie, il dénonce « une liberté au rabais » : deux ans de bracelet électronique, dix-huit de conditionnelle, c’est la prison dehors ! Et au moindre pet de travers, il retournera derrière les barreaux. Il évoque les milliers d’autres qui attendent la fin d’une peine infinie, empêtrés dans le calcul d’hypothétiques remises de peine, dans les conditionnelles et les périodes de sûreté… sans compter l’administration pénitentiaire qui les cachetonne pour les faire végéter dans l’insupportable et le dénuement.
Nous répétons que l’abolition de la peine de mort en 1981 a abouti, logiquement, à un allongement interminable des peines. Depuis, le code pénal n’a cessé de s’alourdir et les lois sécuritaires s’accumulent. Le droit arrive au bout de l’impasse dans laquelle il s’est engouffré. Ceux qui avaient été condamnés à l’époque à des peines de vingt-cinq ou trente ans les purgent encore aujourd’hui, et ils sont rejoints tous les jours par de nouveaux condamnés jusqu’à la mort. Comment faire exécuter ces peines ? Comment faire pour que des hommes et des femmes à qui on refuse tout avenir se tiennent tranquilles ? L’État a sa réponse : il construit et expérimente deux nouvelles prisons ultra-sécuritaires. Celle de Vendin-le-Vieil n’est pas encore inaugurée que ça pète déjà à Condé-sur-Sarthe, ouverte il y a dix mois. Alors quoi ? (suite…)
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« Imaginez : un évadé retrouve la liberté après que la cour de cassation lui donne raison…»
Lettre de Michaël, maison d’arrêt d’Annoeulin (Lille)
Une fois qu’on est pris dans l’engrenage de la prison, commence le combat pour ne pas y laisser sa peau, que ce soit par le rapport de force avec l’administration pénitentiaire ou sur le terrain juridique, que ce soit par des actes individuels ou collectifs. Tout le monde espère sortir le plus tôt possible, mais obtenir des permissions de sortie et des aménagements de peine relève de procédures longues, complexes, et soumises à l’arbitraire des juges et de la matonnerie. Dans cette lettre envoyée à L’Envolée, Michaël raconte ce genre de parcours du combattant. Il évoque aussi des altercations avec les surveillants, le combat quotidien pour faire respecter les droits, la situation dans la prison récente d’Annoeulin, et les nombreux décès en détention.
« Centre pénitentiaire d’Annœullin*,
le 9 décembre 2013
(Je suis) incarcéré depuis 2003 pour un homicide qui m’a valu treize ans de réclusion criminelle. Peu après mon arrivée en maison d’arrêt (MA), j’ai eu un souci avec le chef de détention de l’époque Monsieur Lamotte. Au tribunal, je me défends comme je peux en disant et soutenant que je n’avais fait que me défendre. Résultat : huit mois ferme pour agression, insultes et menaces. N’étant pas d’accord je fais appel. En attendant l’appel, j’informe la commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS) de mon problème et ceux d’autres détenus du centre pénitentiaire (CP) de Maubeuge. Je passe en appel le 11 décembre 2003 à Douai qui confirme le jugement. Le lendemain de cet appel, j’apprends par le journal « La Voix du Nord » que le chef de détention ainsi que certains bricards et surveillants sont inquiétés par la CNDS, malheureusement trop tard pour moi mais assez tôt pour d’autres. Ces fameux lascars sont inquiétés pour violence envers les détenus, harcèlement et harcèlement sexuel envers des surveillantes du CP de Maubeuge. Me voilà maintenant à la tête de treize ans et huit mois à faire. Suite à ce problème, je suis transféré d’établissement en établissement. Trois, avant de pouvoir revenir à Maubeuge, où j’ai mes enfants, ma famille et mes amis. (suite…)