Lettre d’un prisonnier longue peine, Cesario, sur les peines infinies et la peine de mort en taule
Censure du dernier numéro du journal : des saisies dans les cellules de Caen et de Condé-sur-Sarthe
Les effets délétères de la canicule sur les prisonniers en taule
Appels téléphoniques depuis deux prisons pour sans-papiers : violences au mitard dans un CRA, et angoisse et enfermement à répétition dans le CRA de Vincennes
Agenda : lecture du texte de présentation à la journée d’hommage pour Lamine Dieng, qui a lieu ce samedi 18 juin 2022 à partir de 13h place Carmen 75020 Paris
Agenda : présentation du n°55 du journal le mercredi 22 juin à 20h30 à Avignon, au « Fenouil à vapeur » (145 rue Carreterie)
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore àcontact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook & snapchat.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 55 est dispo !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Le 29 mai 2022, à l’appel du collectif Idir Espoir et Solidarité, des rassemblements auront lieu à Lyon, Nantes, Rennes et ailleurs contre les violences pénitentiaires, les mitards et les morts en détention (plus d’info sur cette mobilisation ici). L’infâme, prisonnier longue peine dont nous relayons régulièrement la parole dans les émissions et le journal, a écrit une lettre destinée à être lue et diffusée à cette occasion. Pour faire entendre dehors des personnes qui subissent encore et depuis des années les violences pénitentiaires et la violence de l’enfermement. Il y revient très en détail sur son parcours, son expérience carcérale et l’acharnement de l’administration pénitentiaire (AP) contre lui.
Le vendredi 29 avril 2022
Bonjour à tous et à toutes, je souhaite commencer ce courrier en vous remerciant toutes et tous de rendre le temps de cet écrit, le temps de m’écouter. j’attire votre attention sur le fait que ce que vous allez entendre là n’est pas le fruit d’une pensée débordante. Je vais vous parler d’une réalité qui est la mienne celle d’un détenu longue peine, rentré en prison en l’an 2000 et qui n’est à ce jour pas encore sorti de cet enfer que l’on nomme « prison » ou « établissement pénitentiaire » ! la taule quoi ! Et en 2000 j’avais que 17 ans 1/2 ! j’en ai 39 à ce jour !
Sur un sujet bien réel malheureusement que sont les violences carcérales et de l’utilité de lutter afin que ce que l’on nomme communément « le cachot » (le quartier disciplinaire pour les moins avisé(e)s d’entre vous) cesse d’exister !
Ce combat ne peut se faire sans vous ! Sachez le bien ! Moi, pour vous je ne suis qu’un inconnu ! Un anonyme parmi les anonymes qu’on enferme , brime, maltraite violemment, et parfois même que l’on tente de tuer ! Oui… tuer, mesdames messieurs ! Cette réalité pour certains certaines d’entre vous pourrait vous paraître invraisemblable. Je vous comprends vous les personnes qui pourraient croire cela ! Je ne vous en blâme nullement ! En aucun cas je me permettrais cela ! Car, votre réalité, au dehors en toute liberté, vous éloigne, pour beaucoup de cette réalité qui est la mienne. Mais peut être que parmi vous, vous qui aujourd’hui prenez le temps d’entendre ma voix, à moi, détenu anonyme parmi les anonymes il en est qui ont peut être un proche, un frère, une sœur un cousin, une cousine, un oncle, une tante, un père ou une mère, un ami ou une amie enfermée ! Et même dans ce cas là, bon nombre d’entre vous ne connaissent pas cette réalité, car très souvent, nous essayons d’être forts, et de taire tout cela pour ne pas vous inquiéter sur le sale sort qui nous est fait ! Et peut être même parmi vous il en ait qui ont perdu quelqu’un de cher, de proche, ou de moins proche ! Vous vous savez que cette réalité que je vais vous conter ici ne peut se voire opposer le moindre doute sur le caractère violent de ce qu’on subit, à raison de plus quand ça se passe au cachot !
Les assassinats, maquillés en suicide, les morts dites « suspectes » qui ne sont en vérité, que les fruits de certains de nos geôliers et de leurs comparses, à tout stade et grade de la hiérarchie pénitentiaire et/ou pénale ! Car ne nous voilons pas la face, dans le pays des droits de l’homme et du citoyen, en 2022 on crève sous les coups !
On est parfois même assassiné ! Et pour les plus chanceux d’entre nous, on est salement tabassé, très souvent au titre de cette putain de phrase fourre tout qui leur donne ce pouvoir de vie et de mort sur nous qui est : « le recours à la force strictement nécessaire » ! et quand je dis « les plus chanceux d’entre nous j’ai une pensée triste et émue qui va vers toutes les personnes qui ont perdu un proche en prison, mort, assassiné, comme la famille de Idir, ce jeune plein de vie, que je ne connais pas mais dont j’ai été ému par sa maman, en lisant le témoignage poignant qu’elle a fait concernant son fils dans l’envolée. Ou comme la famille de Sambaly, que j’ai peu connu ! Un vrai bonhomme ! Mais dont la pénitentiaire a tout fait et mis en œuvre pour lui faire perdre la tête ! Là aussi j’ai lu dans l’envolée ce qu’ils lui ont fait ! Moi le dur à cuire, j’ai chialé comme un gamin en voyant le calvaire qu’il a subi et qui a conduit à sa mort ! Mes pensées là aussi vont tout droit à sa famille ! Et mes pensées vont à toutes celles et ceux d’entre vous qui avez perdu quelqu’un en prison, ou qui ont quelqu’un actuellement incarcéré.e ! courage à vous tout.e.s !
Donc, quand mon amie m’a dit qu’un rassemblement allait avoir lieu, où les sujets débattus allaient être la violence carcérale et l’abolition, du moins la lutte pour l’abolition des quartiers disciplinaires, que si je le souhaitais je pouvais écrire à ce sujet afin d’apporter mon témoignage sur cette réalité qui est la mienne, c’est sans hésiter que j’ai répondu à l’appel ! Et si parfois mes mots pourraient vous sembler crus, ou même grossiers, je m’en excuse auprès des « âmes sensibles ». faire dans la « langue de bois » ou « être une langue de p… » désolé mais ça… je sais pas faire ! Ça fait ni partie de ma personnalité, ni partie de ma mentalité, ni même de ma façon d’être et de faire ! Je dis les choses telles quelles sont, telles que je les ressens ! Et sans filtre, ni mensonge !
Voici ma réalité qui est je le sais la réalité vécue aussi par des dizaines de milliers d’hommes, de femmes, de mineurs incarcéré.e.s en France ou ayant été incarcéré dans les geôles de notre si beau pays… donc comme je vous le disais j’ai été incarcéré sur cette peine à l’age de 17 ans 1/2 ! À l’époque mon rapport avec l’autorité et l’injustice qui se fait appeler justice était un rapport conflictuel permanent ! Bien qu’avec les années je me suis quelque peu assagi, je garde et j’ai toujours gardé mon esprit combatif ! Car je refuse et refuserai toujours d’être l’instrument d’un système fait pour broyer des êtres humains. J’ai toujours pris le parti des plus faibles lorsque quelqu’un de l’AP s’en prenait à quelqu’un de faible pour son amusement personnel ! Et refusant de céder comme beaucoup peuvent céder, à la délation, au mensonge ou à manger dans la même assiette que ceux qui depuis 22 ans maintenant me privent de liberté. Et en revendiquant mon droit à être traité comme un être humain, et non pas comme une merde, un animal, ou de la chaire à canon qui pourrait satisfaire aux besoins du tout sécuritaire en prison, je suis considéré comme un ingérable ! Ce qui m’a valu bien des violences ! Ces violences ne sont pas forcément physiques ! Elles sont aussi psychologiques, somatiques, etc… car la violence carcérale peut se traduire de différentes manières. Je vais vous en dire quelques unes, histoire que vous voyez par vous même et que vous preniez conscience des affres de la lâcheté et de la connerie humaine lorsque nous avons à faire à des gens malsains et à un système, dont la mécanique est bien huilée et dont la technique de broyage des êtres humains reste ancestralement prévisible, mais dont malheureusement nous ne pouvons lutter seuls contre cela ! Nous avons nous, détenu.e.s besoin de vous tout.e.s pour lutter contre tout cela ! Nous devons être unis, et non divisés, solidaires les uns avec les autres et non pas individualistes ! Et autant que se peut, les forts doivent aider les lus faibles afin que l’on ne meurt plus dans les cachots, sous les coups de nos geôliers, ou parce que par péché d’orgueil, frustration, racisme, haines des autres, ces agresseurs-assassins se disent « on va sen tuer un aujourd’hui, vous inquiétez pas les copains, on risque pas grand-chose ! »
Levez le poing et dire non c’est le pouvoir que vous avez pour sauver des vies ! Vous qui m’écoutez aujourd’hui ! Seuls nous n’avons aucun poids, aucune force ! Unis nous sommes invincibles ! C’est pareil pour eux, seul moi perso je les dérouille sec et je leur fait appeler dieu et leur maman de tous leurs vœux les plus chers ! Mais eux, en groupe c’est eux qui me font m’en remettre à dieu et prier pour ne pas succomber sous leur haine et leurs tentatives d’élimination ! C’est moi qui pense à mes proches, sans savoir si après ça je pourrais vivre pour les voire ! Au moins une dernière fois ! Voyez ceci :
En 2015, je me trouve en centrale, et bien qu’il n’y ait rien pour la réinsertion, c’est à la seule force de ma détermination que j’arrive à me trouver une structure pouvant m’accueillir pour un aménagement de peine. Je travaille, je paye mes parties civiles volontairement, gage de ma volonté véritable de faire les choses conformément à ce qu’attend les JAP de la part des détenus à ce sujet. Je participe à des formations, même si les organismes qui sont en charge de notre rémunération refusent dans un 1er temps de nous payer ! Je participe à la vie collective ! Je fais pas de vague ! Bon… j’ai quelques remontrances et quelques montées au cachot mais pour des broutilles ! Pas de quoi fouetter un chat ! Dans l’ensemble tout se profile très bien pour mon avenir ! j’étais un détenu modèle ! Ce qui n’avait jusque là pas été le cas ! Donc javais rien qu’on puisse me reprocher ! Et du jour au lendemain, je suis passé du mode pépère tranquille à subir l’enfer sur terre ! Sans raison ! Suite à cela, on me refuse mes perms qui valaient presque liberté, car c’était le premier pas vers ma sortie qui devait se faire quelques mois plus tard ! Refusant qu’une nouvelle fois l’AP mette un frein à ma sortie je menace ! Mais pas de violence. Mais des plaintes et recours légaux devant les tribunaux correctionnels et administratifs ! Car la réponse à leurs coups tordus ça doit passer par là si on veut vraiment, nous, détenus, leur faire plus de mal qu’avec des coups ! Car les coups certes ça soulage et ça démontre qu’on se laissera jamais marcher dessus mais ça doit être l’ultime réponse pour préserver sa vie et/ou son intégrité physique ! Parce qu’au final c’est nous détenus qui en payons mille fois plus qu’eux, de leur avoir mis la main dessus, même si c’était justifié! Car un détenu combatif et qui connaît ses droits, qui dépose plaintes et recours contre eux , quand eux ils se loupent sévère ça rend ce détenu à leur yeux, encore plus dangereux qu’un détenu potentiellement agressif ! Et très souvent, leur parade à cela est plutôt simple : créer un ou des incidents pour amener le détenu à déconner ! Ce qui arrive dans 85 % des cas ! Ce qui engendre très souvent, un passage au tribunal assez rapidement, du cachot, un transfert disciplinaire pour les effets immédiats. Ces effets immédiats s’accompagnent très souvent d’autres effets plus néfastes encore ! Tels l’éloignement familial, la cassure des liens familiaux ou encore noircir le dossier du détenu en cas de possible démarche faites et/ou envisagée par le détenu pour freiner et/ou rendre impossible toute réinsertion ou sortie rapide de prison ! dans les cas les plus extrêmes des agressions sévères de la part de ces agents là sur les détenus, qui vont parfois jusqu’à l’assassinat sous couvert comme je vous le disais, de l’utilisation de la force strictement nécessaire ! ce qui en cas de mort de détenu, les couvre devant toute enquête et/ou poursuites éventuelles contre eux pouvant être engagées par les amis, proches… de ce détenu ayant succombé de leurs mains et par leur mains !
» Le Message est clair : je vais mourir ! «
Moi en l’occurrence ils ont tenté 2 fois en 2015 de me tuer ! La 2ème fois, liée à ces menaces de plaintes contre eux, eux ils savaient que si mes plaintes sortaient ils étaient foutus, qu’ils allaient devoir rendre des comptes et peut être même pour certains perdre leur place ! Car le tribunal administratif, ça leur fait bien plus de mal qu’un tribunal correctionnel, car le principe est simple en gros je vous explique: un juge administratif va voire les choses ainsi : la loi ( ou les lois) sont prévues de telle ou telle manière, elles doivent donc lorsqu’elles sont appliquées, être appliquées conformément aux textes en vigueur ! Si ils appliquent pas ou mal et que ça porte atteinte aux droits du détenu, dans 99 % des cas l’état est condamné ! l’état c’est l’AP ! C’est quasi systématique devant un tribunal administratif. Devant un correctionnel, leurs tenues les protège de tout manquement ! Même quand ils assassinent ! Et ça ils le savent !
Et c’est pour ça que sans motif on m’a conduit au cachot. Je refusais cela ! Alors un surveillant ma mis un cou de poing ! Malheureusement pour lui et ses 5 collègues je ne suis pas du genre à tendre l’autre joue ! Et ce qui devait arriver arriva ! Le 1er que je frappe tombe au sol ! Je viens de lui mettre une patate dans la mâchoire ce qui a pour effet qu’il aille rejoindre Morphée ! Il a fait dodo direct ! Et là j’entends : « bah tu vois qu’on avait raison quand on te disait que t’allais finir au cachot ». La rage au corps comprenant alors le coup monté je me dis que je les punisse ou pas y’en a déjà un qui dort, je vais morfler sale ! Donc quitte à morfler autant morfler pour quelque chose ! Pour eux, ça s’est passé trop vite, en moins de 0 seconde, à 4 contre 1, croyant qu’ils auraient peut être le dessus, ils ont eu ce sursaut d’orgueil de se dire il a couché un des nôtres, on le plie direct ! On est 4 il est tout seul ! Sauf que je fais 1m92 je faisais à l’époque 135 kg de muscu ! Je crois bien qu ils s’en rappelleront toute leur vie de cette punition … en 40 secondes à peine tout comme le 1er que j’ai fait dormir bah eux aussi ils ont dormi ! Sauf que je me retrouve tout seul comme un con avec ces 5 zigotos qui font dodo ! Certains avec des os, des dents et des arcades pétées ! D’autres un peu plus gravement ! Car comme on dit y’a pas que les bonbons haribo qui font tomber les dents » enfin bref… et là c’est une vague de tenues bleues qui me tombe dessus ! Il sont plus de 20 ! peut être 30, 35 ou 40 je sais pas exactement ! Mais ce que je sais par contre c’est que du bâtiment jusqu’au cachot j’en prend plein la gueule ! Je me protège comme je peux mais menotté dans le dos je peux pas trop me protéger ! Arrivé au cachot ils me lâchent je tombe au sol et là les coups pleuvent de partout. Ils se relayent car ils veulent tous taper un peu. Puis y’en a un qui dit : « ce soir c’est effectif moins 1 », le message est clair j’vais mourir ! Je les insulte, je leur dis qu’ils ont pas de couille et que tout le monde se souviendra qu’un homme seul, les a tous fait chialer et avoir peur d’un homme seul au point où tellement ce ne sont pas des hommes, pour me tuer ils avaient ni la force ni les couilles pour le faire comme des hommes ! Vous voulez me tuer… faites le détachez moi et vous allez voir qui va tuer qui ! Dans ma tête je prie dieu je dis : allah je veux pas mourir, pas comme ça, pas de leurs mains, pas pendu comme un moins que rien, car un surveillant était entrain de déchirer le drap pour me faire une corde pour me pendre ! j’insiste ! Je leur dit moi je sais que je suis mort que vous allez me tuer, mais je meurs comme un homme, car je vois que c’est vous qui avez peur ! Vous êtes au moins 30, je suis tout seul !détachez moi et on se la donne homme contre homme, bandes de fils à personne ! Là ils se regardent entre eux y’en a un qui dit : on le détache ?
Ultime provocation…je leur dis tout compte fait tuez moi comme les lâches que vous êtes, en étant menotté ! Moi j’me bats pas avec des sans couilles des chie culotte ! Et là y’en a un qui me dit on va te détacher on va te montrer c’est quoi un homme et qui fait la loi ici !
Moi ma seule pensée faire un maximum de dégâts physiques, car si ils me tuent ils devront justifier de leurs blessures, y’ aura une enquête et mort là ils pourront pas échapper à la justice si je fais des gros dégâts !!! allez y, faites cette erreur bandes d’idiots que je pensais silencieusement ! On me retire une menotte puis la 2eme ! A ce moment là yen a un en face de moi qui veut dire un truc la 1ere syllabe qui sort de sa bouche boom c’est moi qui ouvre les hostilités ! Il tombe ko direct je rend des coups je saigne partout ! Ma bouche ce n’est plus 2 lèvres mais 4 ! la lèvre du haut est pétée en 2 pareil pour celle du bas ! J’ai des œufs de pigeon à un œil et au front… au bout de 20 minutes je prend plus de coups que je n’en donne ! Mais j’en ai laissé au moins 12 sur le carreau ! Mais n’étant pas robocop, je suis pas une machine au bout de 20 min de bagarre mes muscles sont tellement tétanisés car à bout de force je peux même plus lever le bras ne serait ce qu’à hauteur de torse ! Y’ en a un qui dit c’est bon on le termine ce fils de pute ! Et là je prends des coups pendant au moins 5 minutes, je me mets en fœtus au sol, mais rien n’y fait je ramasse salement. Y’ en a un qui me relève et qui me dit alors c’est quoi les hommes ? Je lui dis embrasse mon cul salope, vous venez de me prouver que le seul homme dans cette pièce t’es entrain de le tuer ! C’est moi l’homme ici ! Je sais que je vais mourir ! Donc je dis a Achadou-Ana-La-illaha-illa-Allah-Muhamadan-Rassulou-Allah.. Je suis musulman même si je suis un très mauvais pratiquant mais au moins je meurs comme un homme et en homme musulman ! Je pense à mon passé à mon présent à ce qu’aurait pu être mon futur ! Mes larmes coulent dans ma tête, je redemande à dieu sil te plaît… non pas comme ça ! Cet enfoiré qui a fait cette corde, a fait une corde tresse qu’il a ensuite mouillée ! Là pour moi je me dis tout ça renforce la solidité de la corde y’ a plus d’espoir je vais mourir ! On me refout les menottes dans le dos ! Et juste avant qu’on me pende y’ en a un qui stop…retire lui ,l’autre il dit mais pourquoi ? Alors il répond t’es con ou quoi ça se verra à l’autopsie qu’il était menotté derrière et avec des menottes c’est les assisses pour nous tous et l’autre il dit putain j’savais pas ! t’inquiète copain on n’en est pas à notre coup d’essai j’25 ai ans de boite on sait y faire ! Puis d’un coup mon corps décolle du sol ils s’y mettent à 5, arrivent à fermer la grille et y’en a un qui dit pour finir adieu salope ! Mes forces lâchent le voile noir puis plus rien ! Je ressens comme un choc sourd, puis plus rien, je suis mort j’ai pensé ! Je resterais comme ça pendant plus de 8h ! c’est à dire au sol gisant dans mon sang ! Je me réveille, le corde a cassé ! Je suis en vie mais bizarre je peux plus bouger je suis paralysé des pieds à la tête. En effet faute d’avoir pu me tuer, les coups, le manque d’oxygène, les blessures occasionnées à mon cerveau lors du piétinage au sol …je viens de faire un avc ! Alors que je suis sportif, que mon hygiène de vie est normale, et que je n’ai en 2015 que 32 ans ! pas un âge à faire un avc ! Je vois un surveillant qui s’approche de moi me met dans mon lit ! Il a capté que je peux ni bouger, ni crier ni parler ! Puis le calvaire recommence ! Il m’étrangle sévèrement je commence à voire le voile noir mais j’entends arrête il arrive ! Un autre agent lui a dit d’arrêter car il arrive « mais qui arrive ? Et là je vois le médecin il se tourne vers un des surveillants, le voit faire une grimace bizarre, le médecin pète un câble il lui dit espèce de con, tu vois pas qu’il fait un avc ! Appelle tout de suite ta direction et le centre 15 il lui faut des soins de suite !
Je sens de la chaleur dans ma gorge ! j’essaye de parler, le médecin me dit économisez vous, vous venez de faire un avc. Mais je lâche pas l’affaire ! Il comprend que je veux lui dire un truc mais il comprend pas quoi. Je réussi au bout de 20 minutes à dire au secours ils ont essayé de me tuer, me laissez pas seul avec eux ! Il me croit pas tout de suite ! Je dis mon corps regardez mon corps ! Et il voit pourtant mes lèvres ouvertes mes œufs de pigeon, etc… mais eux lui ont dit que j’ai essayé de me pendre cette nuit ! Puis que je me suis fait agresser en détention par des détenus, je pleure et je dis eux…menteurs, assassins » ! puis je tombe dans les pommes ! Je me réveillerai 3 jours plus tard dans cette même cellule, sans avoir eu de soins ! Et du jour au lendemain on me fait sortir du cachot alors que je viens presque de mourir, que je leur en ai mis 12 d’entre eux sur le carreau mais ils ont étouffé tout cela car il aurait fallu justifier tout ça ! Ces 3 jours de KO ( un coma je pense) ma redonné l’usage de mes membres mais j’étais affaibli ! A ce jour j’ai des séquelles que je garderai à vie ! Et aucun tribunal n’a voulu enquêter ! Ces apprentis meurtriers n’ont jamais eu à être inquiétés même de loin par la justice car la seule façon de les mettre dedans vu qu’ils ont tout étouffé aurait été d’enquêter au niveau des pompiers et des hôpitaux, car les 12 que j’ai mis sur le carreau, obligé qu’ils ont eu affaire aux pompiers et à être hospitalisés ! Et les pompiers consignent tout ! Appels d’urgence au téléphone, date et heure, ainsi que leur intervention, nom des blessés etc… mais personne n’a voulu enquêter ! Sachant cela je savais que ce n’ était qu’une question de jour, de semaine ou de mois avant qu’ils récidivent ! Alors j’ai parlé à 2 autres mecs à qui ils faisaient la misère et à nous 3 on a pris le contrôle de l’étage, de deux de leurs agents, c’était la prise d’otage à Réau du 30 avril 2016 ! c’était vital pour ma survie ! Résultat 45 jours de cachot, transfert disciplinaire et 5 ans de plus à faire ! Et isolé à titre ministériel qui a duré, duré, duré ! Je venais de faire déjà presque 7 ans d’isolement stricte ! De ce fait, hormis quelques rares mois fait en détention ordinaire, à ce jour je viens de faire depuis 2008 un peu plus de 12 ans 1/2 d’isolement quasi d’affilé sur les 14 ans qui me séparent de 2008 ! dans des conditions plus qu’extrêmes sachez le mais je suis encore là bel et bien debout !
Toutes ces années au QI n’ont été que violence par l’AP contre moi car je refuse d’être leur instrument de torture, leur punching ball, de me faire broyer injustement, en toute impunité !
Tout cela a brisé petit à petit mes liens familiaux, jusqu’à m’en priver totalement ! On m’a coupé aussi de toute interaction avec le monde extérieur ! Car mes liens familiaux brisés, tout comme mes liens amicaux, amoureux je me suis retrouvé seul ! Imaginez ce que cela doit être de ne pas avoir de visite, de courrier pendant plus de 15 ans ! Pas de courrier pendant plus de 15 ans ! pas d’argent pendant plus de 15 ans ! Vivant qu’avec l’indigence quand toutefois on voulait bien me la donner ! Comment ne pas perdre pied ? Comment croire et avoir confiance en la justice, comment ne pas devenir soi même un animal lorsqu’on est traité comme tel pendant tant d’années ? Comment ne pas sombrer dans les cachets ? Ou même dans la folie ? Comment continuer à croire en les êtres humains quand on voit ce dont ils sont capables de faire ? Comment croire et vouloir continuer à vivre …en se disant ça va aller…et comment ne pas devenir haineux, au point de se dire si je sors de prison j’vais devenir un assassin froid et sans cœur car je veux tous les tuer du premier au dernier, eux, leurs familles, leurs femmes, leurs enfants, leur vieux …comment ? dites moi, comment tout ceci peut être humainement supportable ? Mais surtout, la question suprême… comment faire pour ne pas devenir comme eux, et se reconstruire sainement quand on vit tout cela ? Car sils nous font pas à tous ce genre de chose, l’autre truc qu’ils nous font aussi c’est de nous anéantir chimiquement ! Bien que tout montre et démontre ( en ce qui me concerne) que moi je n’ai malgré tout cela aucune maladie psychiatrique combien de fois, sous de faux prétextes et motifs ils m’ont envoyé en HP ? Ils ont même été jusqu’à m’envoyer en UMD ( unité pour malade difficile que ni la prison ni l’hôpital psy ne peut prendre en charge) ! Alors que j’avais strictement rien à y faire ! On m’a injecté des produits pour soigner la psychopathie, la schizophrénie, ainsi que des maladies psychiatriques lourdes, avec des produits chimiques qui m’ont fait devenir toxicomane, qui m’ont fait devenir l’ombre de moi même ! A un point que même mes proches, à l’époque où j’en avais encore qui me soutenaient et me suivaient lorsque j’avais parloir je ne les reconnaissais même pas ! À un point où je me pissais dessus comme si c’était une chose normale ! Gardant mes habits pleins de merde et de pisse sur moi des jours entiers genre 3,4 jours d’affilée !
Je mangeais les mégots de cigarettes que je trouvais parterre !
Comment tout cela a t il pu se produire sans qu’ aucun d’eux n’aient eu à être inquiétés par la justice ! Comment ? Pourquoi ?… pourquoi la justice ne m’a pas protégé de ces gens là ?
Vous êtes toute.s potentiellement susceptibles un jour de vous retrouver en prison
Et sachez bien une chose même si vous n’êtes pas des criminels, ne commettez pas de délits et que bien des gens ne se sentent pas concernés par la prison, en vrai… vous êtes tout.e.s concerné.e.s ! imaginez quelqu’un rentre chez vous, tente de vous voler, de vous tuer ou d’agresser sexuellement vos enfants ou vous même, vous allez faire quoi logiquement ? Vous défendre ! On est bien d’accord là dessus ! Il suffit juste que vous tombiez sur un juge trop con pour accréditer cette thèse, car il a juste envie de se faire un nom, d’être médiatisé…car en manque de reconnaissance..ou frustré à vie et hop vous partez pour 15-20 piges ! Et vous êtes super susceptible soit, de devenir l’instrument de l’AP, soit de devenir leur cible ! Quoi qu’il en soit, ils vous plieront ! Reste à savoir de quelle façon, et à quelle sauce ! Ou encore vous qui êtes en couple, vous êtes dans le bus dans la rue ou autre, un connard met une main aux fesses à madame. Pour les plus « actifs » d’entre nous la réaction sera d’en venir aux mains ! Et tout peut basculer très vite un coup de poing le mec tombe au sol, se tape la tête sur le trottoir, vous le tuez sur le cou, sans même l’avoir voulu ! Résultat : coups et blessures ayant entraîné la mort, sans intention de la donner! Avec un bon avocat 6/8 ans! Avec un incompétent 15/20 ans!
Vous êtes toute.s potentiellement susceptibles un jour de vous retrouver en prison, personne n’est à l’abri, sauf si vous vous appelez Sarkozy ou ce genre de voyou au col blanc! Et c’est pas une fois derrière les barreaux qu’il faudra se dire mais en fait ce mec avait raison, des trucs comme ça ça existe vraiment je le vois, je le subis même! c’est maintenant qu’il faut ouvrir les yeux et agir! Je n’incite personne à la violence! Ou au soulèvement ! Bien que j’en serais tenté vu ce qu’ils nous ont fait subir! Mais la violence face à de tels abrutis ça n’a jamais été et ne sera jamais la solution! Les combattre pacifiquement, en étant solidaires, unis, sans préjugés ni peurs, sans non plus aucune considération d’âge, de sexe, de statut social, de religion, d’opinions politiques etc… je suis un être humain, et vous êtes des êtres humains, peu importe votre couleur de peau, votre religion votre orientation sexuelle ou autre… tout ça on n’en a rien à foutre ! Moi même si je suis un mauvais pratiquant je suis et resterais musulman! Je suis hétérosexuel convaincu et confirmé mais si je rencontre un homme par exemple noir, ou homo ou bourge … qu’est ce qui m’empercherait d’être ami avec cet homme là? d’être solidaire avec cet homme là? …absolument rien ! Hormis si c’est un raciste, un connard qui manque de respect, une merde, un violeur, un indic de la police ! Mais si il a bon cœur, qu’il est respectueux… rien ne m’empêche d’être solidaire avec cet homme là ! De partager mon repas avec cet homme la ! Car en tant qu’humain on est tous égaux les uns aux autres, même si ces différences sont là ! Ces différences sont que des atouts pour partager l’humanité en chacun de nous ! La peur de l’autre divise plus qu’elle ne rassemble ! y-a t il que dans les coupes du monde, comme en 98, que les gens qui peuplent ce si beau pays qui est le mien, sont capables d’être unis ? Tous ensemble comme un seul homme ! Ou lors de ces années sombres, où la France a été touchée par les attentats du genre Charlie hebdo où vous êtes capables de cette unité, de cette fraternité envers votre prochain ? Moi je sais que non ! Car si bien des gens ici, en ce jour ne me connaissent pas sachez que je ne vous connais pas non plus c’est un fait ! Mais bien que je ne vous connaisse pas, que vous soyez français, arabe, juif ,noir blanc, musulman,catho, bouddhiste, pédé, hétéro, de droite, de gauche, d’un niveau social élevé ou à la rue et sans le sou ! Peu importe qui vous êtes je vous respecte tous et toutes alors que je sais rien de vous ! Tout simplement car vous savez quoi moi je crois en l’être humain ! l’être humain est capable des pires atrocités, l’histoire nous l’a démontré avec le nazisme, et actuellement avec la guerre en Ukraine. Mais l’être humain est aussi capable du mieux ! De se surpasser au-delà de nos diversités individuelles ! Vous n’avez qu’à vous remémorer les événements de Charlie j’ai vu des noirs, hommes, femmes enlacés avec des arabes, des blancs, des riches pleurer dans les bras des pauvres, et bien plus encore. La France ce jour là n’était qu’une avec elle même. Et vous tous ici présent aujourd’hui vous n’êtes pas ici par hasard ! Vous ne continuez pas à m’écouter par hasard ! Vous savez très bien que vous êtes tous capable de vous mobiliser, de lutter et de faire entendre vos voix, haut fort et clair pour dire stop, ça suffit ! On ne veut plus de violences carcérales, on veut que nos proches, nos amis, nos parents ou que tout simplement les êtres humains emprisonnés, meurent au cachot, et soient battus, brisés !
Vos voix à l’unisson c’est ça qui nous aide et nous aidera à vaincre tout cela ! Vous ne me croyez pas ? Alors c’est simple je vous le prouve : qu’un seul parmi vous si il ose aille dans la rue et crie « stop a la violence carcérale stop aux détenus violentés et tués dans les prisons et les cachots de France ! » qu’il scande ça d’une voix forte et claire en pleine rue pendant allez disons une minute… puis sortez en plus grand nombre dans la rue tenez vous par la main et scandez ça de tous vos poumons pendant juste 30 secondes ! On verra alors qui aura le plus attiré l’attention… cette personne seule ou vous tous ? Moi j’ai déjà la réponse…
je pense avoir assez monopolisé la parole ! Donc je vous remercie tous du fond du cœur, d’avoir pris ces quelques minutes de votre temps pour m’écouter ! j’espère que tout cela aura au moins pour effet de vous faire réfléchir sur cette triste réalité qu’est la mienne mais aussi celle de dizaines, de milliers de personnes enfermées dans les prisons françaises et tous les endroits où on enferme punitivement les gens ! A toutes les personnes ici présentes concernées par l’incarcération d’un proche, d’une connaissance, d’un ami ou autre courage à vous ! n’oubliez pas que votre présence, que ce soit lors d’un parloir, d’une lettre, d’un coup de téléphone, d’un parloir sauvage… tout cela contribue à un point dont vous ne mesurez pas l’importance, de la survie entre 4 murs de la personne incarcérée que vous soutenez ! Courage à vous aussi dans tout ce que vous faites pour ce proche ! Car sachez aussi que nous, on a conscience qu’on est punis, en étant privé de liberté mais que vous en subissez aussi les effets ! Courage à vous !
Courage aussi aux familles de détenus morts sous les coups ou les assassinats de vos proches, de vos amis et/ou personnes que vous souteniez entre ces murs ! Mes mots ne vous ramèneront pas vos proches disparus, moi, même si je les connais pas ça me laissera jamais insensible ! Ce sont des martyrs et des héros partis trop tôt ! Honte à leur assassins ! Gloire et souvenir ainsi que devoir de mémoire pour vos disparus ! Courage à vous !
Merci aussi à tous mes ami.e.s et soutiens sans qui, si je ne les avais pas rencontrés à un moment critique et crucial de ma vie, sans eux, sans leur amitié et leur soutien je serais peut être mort à l’heure qu’il est !
Donc merci à sofi, léa, alex, arthur, sylvia, krysh, joel, nani, pilou, sandrine, elsa, serge le taulier, merci à l’envolée ainsi qu’à tous ceux et celles que j’oublie de mentionner qui dans la lumière ou dans l’ombre me soutiennent de prés comme de loin ! Merci de votre écoute, moi qui ne suis rien d’autre qu’un anonyme parmi d’autre, enfermé entre 4 murs !
Enfin étant toujours en perpétuelle recherche de soutien moral si il en est d’entre vous qui aurez envie de prendre contact avec moi afin d’entretenir une correspondance basée sur l’amitié et le respect je suis ouvert à toute personne qui voudrait me contacter, demandez l’adresse à l’orga !
Merci à tous prenez soin de vous et des vôtres ! Soyez solidaires et unis, et restez combatifs car c’est nous contre eux et non pas nous contre nous même !
Et au faite moi c’est l’infâme un anonyme parmi les anonymes !
Fin mai, à travers la france, seront organisés des évènements pour protester contre les violences pénitentiaires, les mitards et les morts en détention. Rendez-vous à Lyon, Nantes, Rennes… et ailleurs ! Nous relayons ci-dessous l’appel qui a été lancé initialement par le collectif Idir Espoir et Solidarité. Vous trouverez ensuite des liens et infos vers les différents évènements organisés, que nous mettrons à jour au fur et à mesure des infos reçues…
(infos mises à jour le lundi 23 mai)
Appel de Lyon pour une mobilisation nationale et annuelle contre les violences pénitentiaires, les mitards et les morts en détention
« L’association Idir, Espoir et Solidarité a été créée suite au décès de Idir au mitard (quartier disciplinaire) de la prison de Lyon Corbas en septembre 2020. Pour la seconde année, nous appelons à organiser le dernier dimanche du mois de mai (dimanche 29 mai 2022), une grande mobilisation à l’échelle nationale, contre les violences pénitentiaires et les morts en prison, et pour la fermeture des mitards et des quartiers d’isolement.
En prison, les violences de la part de l’institution et du personnel sont nombreuses, et se passent généralement dans le silence. Il est très difficile pour les détenus de faire respecter leurs droits, car la justice est souvent complice de l’administration pénitentiaire.
Les morts en prison se succèdent sans que rien ne change. Parfois il s’agit d’un refus clair de l’administration de soigner les détenus malades ; parfois, des détenus meurent dans des incendies de cellule qu’ils ont provoqué car ils ont très peu de moyens pour se faire entendre ; la violence de l’enfermement amène au désespoir, et ce sont ces conditions insupportables qui poussent de trop nombreux détenus au suicide ; parfois, il s’agit de meurtres, qui sont maquillés en suicides.
Le mitard, et les quartiers d’isolement, sont des lieux faits pour briser les détenus, et ce sont les endroits principaux où ont lieu les violences et les morts, car ils sont à l’abri des regards. L’isolement est depuis longtemps considéré comme une torture.
Les détenus ne sont pas de simples numéros d’écrou. Ils ont le droit à la considération, et leurs vies comptent. Nous voulons que tout cela cesse.
Nous ne voulons plus de violences de la part de l’administration pénitentiaire
Nous ne voulons plus de morts en prison.
Nous voulons la fermeture des quartiers disciplinaires, et des quartiers d’isolement.
Nous invitons chacun à organiser dans sa ville, selon ses possibilités, un événement à cette occasion. Manifestation, rassemblement, projection, discussion, présence en ville ou devant la prison… tenez nous au courant, l’union fait la force !
A Lyon, nous organisons un rassemblement à partir de 14h, place Bellecour, et nous comptons sur vous !
Pour nous joindre espoiretsolidarite (arobase) riseup.net »
Deux sons pour annoncer la mobilisation
Jingle pour annoncer la mobilisation contre les violences pénitentiaires du 28 et 29 mai 2022 :
Quelques prises de parole de proches de prisonniers morts en détention :
Pour plus d’infos et en savoir plus sur leurs combats et revendications, voici des extraits d’interventions en manif ou d’interviews de : Najet la maman de Idir Mederres, Sylvia la compagne de Yassin Mebarkia, Oumou la soeur de Sambaly Diabaté, et Charlotte, compagne de Jimony Rousseau-Sissoko, tous tués par la prison. Salut, forces, courage et détermination à elles et à tous les proches en lutte :
Évènements organisés à l’occasion de la journée contre les violences pénitentiaires
Lyon : Rassemblement dimanche 29 mai à partir de 14h, place Bellecour. Suivi d’un apéro et cantine de soutien à L’ile Egalité, 6 rue de l’égalité à Villeurbanne.
A Rennes une série d’évènements seront organisés du 10 mai au 11 juin par divers collectifs (voir ici)
À Nantes une manifestation contre la violences pénitentiaire aura lieu le samedi 28 mai, 15h, Bout des pavés
… plus d’infos à suivre, nous mettrons à jour ici.
Retour sur l’ambiance des élections et le premier tour : les prisonnier•e•s qui ont voté l’ont fait pour Mélenchon alors que les uniformes ont voté fasciste en majorité.
Le fameux « plan prison » (+15 000 places en 2027) est en route : construction de taules à Muret, Entraigues et le SAS (« structure d’accompagnement vers la sortie ») de Noisy le grand. Christine nous raconte comment s’organise la lutte contre la prison d’Entraigues.
Discussion sur le 2ème tour, où est en lice le bloc bourgeois à deux faces : une partie est clairement fasciste, une autre libérale-autoritaire. Quoiqu’il en soit c’est le même mouvement pour préserver les profits des plus riches… Et toujours enfermer les pauvres.
On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore àcontact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook & snapchat.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Émission sur le covid et la gestion sécuritaire en taule
Longue lettre de l’Infâme incarcéré au Q.I. de Valence, qui revient en long sur le contexte du covid, par exemple en parloir et à propos des crédits de téléphone « offerts » par l’A.P. pour remplacer les parloirs
Lettre de Francis enfermé au Q.I. d’Arles, dans laquelle il explique comment les règles absurdes et sécuritaires prenant le covid pour prétexte commencent à être intériorisées par les gens qui les subissent
Lettre de Kémi, toujours enfermé à Saint-Maur
Agenda : rassemblement contre la construction d’une nouvelle prison à Entraigues-sur-la-Sorgue le dimanche 24 avril 2022 (voir l’appel ici).
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« La sécurité déshumanise tout » : Deux lettres de Francis, depuis la centrale d’Arles. Il y dénonce les QI, la longueur délirante des peines, sa « gestion équipée menottée » qui dure… l’ensemble de mesure ultra-sécuritaires que lui, comme tant d’autres, subissent en guise de vengeance de l’AP pour avoir refusé leur sort.
Chantage pour des perm’ : Lettres de Dédé qui raconte comment SPIP et JAP mettent la pression et refusent des permissions de sortie sous prétexte qu’elle aurait bu un peu d’alcool lors d’une précédente perm’.
Depuis le 27 février Libre Flot est en grève de la faim au QI de Bois d’Arcy pour réclamer sa libération. Dans cette émission nous donnons quelques nouvelles de sa situation et de la solidarité à l’extérieur, nous écoutons un message qu’il a publié au 17ème jour de sa grève de la faim et un message de soutien d’un proche… L’administration pénitentiaire continue d’ignorer ses revendications : rappelons que la mort d’un.e prisonnier.e ne choque pas la matonnerie, et choque très rarement à l’extérieur… Salut et courage à Libre Flot, parce que l’AP ne lui a pas enlevé la force de dénoncer l’isolement, de prendre la parole et faire entendre ses messages à l’extérieur ! (Au moment où nous publions cet article, Libre Flot a été hospitalisé, au 25ème de sa grève de la faim. Contactez-nous si vous souhaitez lui écrire)
Répression policière et judiciaire du mouvement contre le pass vaccinal (et son monde) en Guadeloupe : incarcération des « Grands Frères » et interview d’une de leurs avocates Gladys Democrite… Nous écouterons d’autres interviews sur ce sujet dans les prochaines émissions. Vous pouvez écouter ici une précédente interview, de la sœur d’un des sept grands frères incarcérés, transférés injustement en métropole les uns après les autres.
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Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
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Lettre sur l’isolement depuis le quartier d’isolement (QI). Libre Flot nous écrit régulièrement depuis le QI de Bois d’Arcy où il est enfermé depuis le 8 décembre 2020 et dont vous pouvez retrouver des lettres sur notre site. Il nous a envoyé un nouveau texte où il parle de ces mouroirs que sont les QI, lue à l’antenne dans l’émission du 11 mars. Depuis le 27 février, il a entamé une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention provisoire et à l’isolement et contre ses conditions d’enfermement. Il explique les raisons de cette grève dans un texte. Vous pouvez retrouver les publications des comités de soutien aux inculpé.es du 8 décembre ici.
Le 18 février 2022, QI de Bois d’Arcy
S’il est vrai que je n’ai cessé de donner des nouvelles régulières par courrier puisqu’il était tout bonnement plus simple de poser le stylo et de le laisser glisser au fil aléatoire de pensées éparses, cela fait 8 mois que je n’ai pas posé de texte spécifiquement sur l’isolement. Non pas parce que la situation n’ait pas évoluée mais bien au contraire qu’il m’est devenu tellement plus ardu de m’y mettre. Plusieurs fois, j’ai voulu écrire (sur différents sujets) mais c’était devenu comme impossible, la concentration douloureuse et au final, toujours l’abandon, la remise à plus tard.. la déception ! Ce texte sera donc très certainement plus bref que les précédents. Mais vu qu’hier on m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas que je m’attende à sortir d’isolement, que c’était joué d’avance… et suivant la décision du juge des libertés et de la détention (JLD) vis à vis de ma demande de mise en liberté (DML), je me dis que c’est le moment d’écrire car si je sors, je ne le ferait peut être pas et si je reste… au moins ça sera un constat de la situation à ce moment là.
» La mascarade trimestrielle «
Hier donc a eu lieu mon débat contradictoire pour le maintien à l’isolement, la mascarade trimestrielle. Il est surprenant de constater qu’après plus d’un mois à demander, en vain, un rendez vous avec ma docteure attitrée, il soit mis au dossier, ce que je qualifierai de « foutaise », un avis favorable griffonné sur la lettre de la direction, le demandant, se résumant en deux mots : « Avis favorable » signé par un médecin inconnu accolée à cette lettre, où mon nom est inscrit avec un numéro d’écrou n’ayant rien à voir avec le mien… BRAVO !
Mais attention ce n’est pas tout, la Pénitentiaire ne m’a pas oublié pour la St Valentin, car depuis le 14 février, je suis affublé de l’étiquette de « meneur ». Tout ça en ayant toujours et seulement été en isolement, sans aucune communication avec d’autres détenus, sans participation à une quelconque contestation, sans aucun compte -rendu d’incident (CRI), sans raison ! Félicitation ! (J’aurai préféré des fleurs…)
» Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille «
Sur le plan physique, malgré que je passe un temps quotidien conséquent au maintien de mon état corporel, être enfermé en permanence dans des boites trop petites, sans accès à une vraie promenade, ne permet pas la marche. 14 mois « sans marcher » ont affaibli considérablement mes genoux, tout comme l’inaccès à des activités affecte mes poignets… Ces articulations me sont, depuis un certain temps déjà, douloureuses. Mais bonne nouvelle : mes dents sont soignées ! Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille, la situation est catastrophique. Déjà en octobre, lors de l’entretien avec le juge d’instruction, j’avais pu constater que je perdais le fil. Avant d’arriver à la fin de certaines questions, j’avais oublié le début, de même pour les réponses… Désormais c’est pire. (Heureusement, en février il a accepté de m’imprimer les questions pour que je puisse avoir un support pour pallier au déficit de mes capacités).
Le constat le plus brutal est apparu via les cours d’anglais. L’anglais en tant que langue n’est pas le problème (même si mon vocabulaire est pauvre, et mes conjugaisons hasardeuses). Je comprends sans souci les énoncés et les textes servant de supports car cela est, selon moi « passif », je n’ai pas à réfléchir, à créer une idée pour cela. Mais lorsque l’exercice demande d’analyser, d’apposer un avis en toute chose exigeant une réflexion « active », le drame survient. Ce qui me demanderait qu’une demi heure en temps normal et qui au printemps dernier me prenait deux ou trois heures, m’est désormais hors de portée. Je sais que c’est facile mais je ne peux pas, mon cerveau se bloque, comme s’il se transformait en gelée anglaise (en glaise?), comme si les synapses se rétractaient, déconnectant les neurones les uns des autres et que la matière grise se figeait en se dilatant et subissant alors une forte compression contre la boite crânienne me provoquait des maux de têtes terrible. Savoir que quelque chose est normalement facile et constater ne plus pouvoir le faire est d’une violence inouïe. Comme si je n’arrivais plus à faire mes lacets ou à me servir d’un interrupteur… J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée.
» J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée «
Il m’est aussi devenu impossible d’assimiler une quelconque information sans un temps relativement long consacré spécifiquement à cet effet. Prendre en direct une décision ou faire un choix, même anodin, me rend perplexe voire paniqué. Par exemple un matin, un surveillant m’a gentiment laissé choisir, chose inhabituelle, si je souhaitais aller en promenade le matin ou l’après midi. Résultat : stress, angoisse, indécision, bug cérébral… je ne sais même plus si j’ai réussi à choisir…
Mon cerveau fonctionne au ralenti, les pensées ne se renouvellent pas, elles sont lentes et tournent en boucles sans vraiment évoluer. Je répète plus ou moins les mêmes choses dans mes courriers, il doit être rare que j’envoie des messages à caractère exclusif.
J’ai l’impression que durant toute une semaine, il passe, dans mon cerveau, autant de pensées différentes qu’il en passait en une heure autrefois.
Cette léthargie cérébrale rend toute tentative de réflexion lente et infructueuse que je me renvoie l’image d’un zombie qui, refusant de quitter le monde des vivants, s’acharne mordicus à mimer pathétiquement l’activité de sa vie passée…
Libre Flot nous écrit régulièrement depuis un an et le début de son incarcération au quartier d’isolement de Bois-d’Arcy (vous pouvez retrouvez plusieurs de ses lettres sur notre site). Le 8 décembre 2020, il a été arrếté avec sept autres membres de la «mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Encore une construction des services de police et de la justice pour fabriquer des ennemis et terroriser les potentiel.les opposant.es.
Sept personnes ont finalement été mis.es en examen et placé.es en détention provisoire. Au fil des mois, six d’entre elles finiront par être libérées sous contrôle judiciaire. Alors qu’il vient d’essuyer un nouveau refus de remise en liberté en attendant son procès, Libre Flot, dernier inculpé encore incarcéré, entame une grève de la faim. Il a demandé à faire publier cette lettre aujourd’hui le plus largement possible, pour faire connaître ses raisons et sa situation.
Cela fait plus de 14 mois que je réfute cette infâmante et diffamatoire accusation d’association de malfaiteurs terroriste.
Cela fait plus de 14 mois que la DGSI m’a expliqué que je n’étais pas arrêté pour ce qu’elle voulait me faire croire, à savoir mon engagement auprès des forces kurdes contre Daech au Rojava.
Cela fait plus de 14 mois que rien ne valide la thèse élaborée de toutes pièces par la DGSI alors même que pendant au moins 10 mois j’ai été suivi, tracé, sous écoute 24 heures sur 24 dans mon véhicule, mon lieu de vie, espionné jusque dans mon lit.
Cela fait plus de 14 mois que je comprends que ce sont mes opinions politiques et ma participation aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de criminaliser.
Cela fait plus de 14 mois qu’on reproche une association de malfaiteurs à 7 personnes qui ne se connaissent pas toutes les unes les autres.
Cela fait plus de 14 mois à répondre aux questions d’un juge d’instruction utilisant les mêmes techniques tortueuses que la DGSI : la manipulation, la décontextualisation, l’omission et l’invention de propos et de faits afin de tenter d’influencer les réponses.
Cela fait plus de 14 mois que je subis les provocations de ce même juge d’instruction qui, alors que je croupis dans les geôles de la République, se permet de me dire que cette affaire lui fait perdre son temps dans la lutte contre le terrorisme. Pire encore, il se permet la plus inacceptable des insultes en se référant aux barbares de l’État islamique comme étant mes« amis de chez Daech ». Bien que verbal, cela reste un acte inouï de violence. C’est inadmissible que ce juge s’octroie le droit de m’injurier au plus haut point, tente de me salir, et crache ainsi sur la mémoire de mes amis et camarades kurdes, arabes, assyrien.ne.s, turkmènes, arménien.ne.s, turc.que.s et internationaux.les tombé.es dans la lutte contre cette organisation. J’en reste encore aujourd’hui scandalisé.
Cela fait plus de 14 mois d’une instruction partiale où contrairement à son rôle le juge d’instruction instruit uniquement à charge et jamais à décharge. Il ne prend pas en considération ce qui sort du scénario préétabli et ne sert qu’à valider une personnalité factice façonnée de A à Z par la DGSI, qui loin de me représenter ne reflète que les fantasmes paranoïaques de cette police politique. Ainsi, je suis sans cesse présenté comme « leader charismatique » alors même que tout mode de fonctionnement non horizontal est contraire à mes valeurs égalitaires.
Cela fait plus de 14 mois que sans jugement on m’impose la détention dite provisoire que je subis dans les plus terribles conditions possibles : le régime d’isolement (voir les lettres de mars 2021 et juin 2021) considéré comme de la « torture blanche » et un traitement inhumain ou dégradant par plusieurs instances des droits humains.
Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale
Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale et permanente sans avoir personne à qui parler, à juste pouvoir contempler le délabrement de mes capacités intellectuelles et la dégradation de mon état physique et ce, sans avoir accès à un suivi psychologique.
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Après avoir sous des airs faussement neutres fourni à l’administration pénitentiaire des arguments fallacieux pour s’assurer de mon maintien à l’isolement, le juge d’instruction demande le rejet de ma demande de mise en liberté, tout comme le parquet national antiterroriste. Pour ce faire, ils reprennent presque en copier / coller le rapport de la DGSI du 7 février 2020, base de toute cette affaire dont nous ne savons pas d’où viennent les informations et dont la véracité n’a pas été démontrée. On est en droit de se demander à quoi ont servi les écoutes, les surveillances, les sonorisations et ces deux ans d’enquête judiciaire et d’instruction puisque sont occultés les faits qui démontrent la construction mensongère de la DGSI.
Le parquet national antiterroriste et le juge d’instruction n’ont de cesse d’essayer d’instiller la confusion et de créer l’amalgame avec des terroristes islamistes alors même qu’ils savent pertinemment que j’ai combattu contre l’État islamique, notamment lors de la libération de Raqqa, où avaient été planifiés les attentats du 13 novembre.
Le juge d’instruction prétend craindre que j’informerais des personnes imaginaires de ma situation alors que celle-ci est publique notamment parce que la DGSI ou le PNAT eux-mêmes ont fait fuiter l’information dès le premier jour. Il prétend ainsi empêcher toute pression sur les témoins, les victimes et leurs familles alors même qu’il n’y a ni témoin, ni victime puisqu’il n’y a aucun acte. C’est ubuesque. Est aussi évoquée sa crainte d’une concertation entre coinculpé.es et complices même si toutes et tous les coinculpé.es ont été mis.es en liberté, qu’il n’a plus interrogé personne d’autre que moi depuis octobre 2021, et que j’ai attendu patiemment qu’il ait fini de m’interroger pour déposer cette demande de mise en liberté.
Il aurait pu être comique dans d’autres circonstances de constater l’utilisation à charge de faits anodins comme : jouir de mon droit à circuler librement en France et en Europe, de mon mode de vie, de mes opinions politiques, de mes pratiques sportives, de mes goûts pour le rap engagé ou les musiques kurdes.
Le juge d’instruction s’en prend à ma mère en la désignant comme n’étant pas une garantie valable pour la simple raison qu’elle n’a pas empêché son fils âgé de 33 ans à l’époque de rejoindre les forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech. Encore une fois, c’est ma participation dans ce conflit qu’on criminalise. Il lui reproche également l’utilisation d’applications cryptées (WhatsApp, Signal, Télégram…) comme le font des millions de personnes en France. Enfin, il dénigre tout d’un bloc toutes les autres options de garanties (travail, hébergement…) sans rien avoir à leur reprocher alors même que les personnels du SPIP dont c’est le métier ont rendu un avis favorable.
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Comment alors comprendre qu’après avoir ordonné ces enquêtes de faisabilité signifiant la possibilité de me remettre en liberté avec bracelet électronique, le juge des libertés et de la détention malgré le rendu refuse ensuite de la mettre en place ? Nous sommes nombreux et nombreuses à constater que dans toute cette affaire la « justice » viole ses propres lois et est soumise à l’agenda politique de la DGSI.
J’ai récemment appris de la bouche même du directeur des détentions de la maison d’arrêt des Yvelines (Bois d’Arcy), que je remercie pour sa franchise, que mon placement et mon maintien à l’isolement étaient décidés depuis le premier jour par des personnes très haut placées et que quoi je dise ou que lui-même dise ou fasse, rien n’y ferait, que cela le dépasse, le dossier ne sera même pas lu et je resterai au quartier d’isolement et que de toute façon rien ne pourrait changer avant les élections présidentielles.
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Puisque l’on cherche à criminaliser les militants et militantes ayant lutté avec les Kurdes contre Daech,
Puisque l’on utilise la détention soi-disant provisoire dans le but de punir des opinions politiques,
Puisque cette histoire n’existe qu’à des fins de manipulation politique,
Puisqu’aujourd’hui on ne me laisse comme perspective que la lente destruction de mon être,
Je me déclare en grève de la faim depuis le dimanche 27 février 2022 à 18 heures, je ne réclame à l’heure actuelle que ma mise en liberté en attendant de démontrer le côté calomnieux de cette honteuse accusation.
Pièce de théâtre en un acte sur l’UCSA (le médical en détention) envoyée par Libre Flot depuis le quartier d’isolement de Bois d’Arcy pour parler notamment de l’absence de secret médical en prison, et aussi plus largement du rôle des médecins dans la détention.
Lettre écrite à la radio par Mickaël, maintenu à l’isolement depuis deux ans et qui nous écrit depuis de longs mois du QI de Saint Maur dont l’administration pénitentiaire refuse toujours de le faire sortir. On avait notamment publié son texte Santa Muerte dans le numéro 52 du journal et sur le site.
Appel de G. depuis Marseille pour parler des différents rassemblements et actions en hommage à Zineb Redouane tué par une grenade jetée chez elle par un CRS, il y a trois ans. Retour aussi sur le mois organisé contre les violences policières et pénitentiaires dans la ville.
Suite et fin du retour sur le procès des matons qui ont causé la mortde Sambaly Diabaté à Saint Martin de Ré qui s’est déroulé du 29 novembre au 1er décembre à la Rochelle. Discussion sur les réquisitions de la proc’ qui s’est employée à défendre son institution et les personnels à qui elle confie régulièrement des prisonniers. Elle transforme la déshumanisation de Sambaly par ses meurtriers en des « œillères professionnelles » qui les disculpent de toute « volonté manifeste de lui nuire » (sic). Force à Oumou et la famille de Sambaly, dont vous pouvez écouter l’appel à cette antenne dans l’émission de la semaine dernière.
Des podcasts ont été fait à chaud chaque soir du procès par des membres de l’Envolée qui y assistaient en soutien à la famille Diabaté. Pour celles et ceux qui voudraient entendre plus de détails sur le déroulé des audiences, les enregistrements sont disponibles sur le site : récap’ à chaud du premier jour d’audience, du deuxième jour et du dernier jour, qui a été décidé à la dernière minute. Délibéré le 27 janvier 2022.
Retour sur les révoltes dans différents centres de rétention (des infos plus précises et des paroles de l’intérieur sont régulièrement publiées sur abaslescra.noblogs.org et crametoncra.noblogs.org) : au Mesnil-Amelot, des prisonniers ont accroché une banderole demandant leur libération et d’autres sont montés sur les toits. A Vincennes, un bâtiment a été quasiment détruit lors d’une révolte collective pour essayer d’empêcher une expulsion groupée. D’autres prisonniers ont refusé d’intégrer le réfectoire pour protester contre la mise à l’isolement de l’un des leurs. A Lyon, des nouveaux cas de Covid ont été avérés mais le centre de désemplit pas et aucune mesure sanitaire n’est prise. La grève de la faim a été réprimé très violemment, à coup de matraque et de lacrymo.
L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
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L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001
« Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes ! La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant. C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine. Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »
Lettre de l’Infâme sur la soit-disant abolition de la peine de mort et les quartiers d’isolement, publié dans notre dernier bouquin « La Peine de mort n’a jamais été abolie ».
Quartier d’isolement de Valence, 14 juin 2021
J’ai pris à la base 8 ans de prison… À la base ! Mais l’AP et ses bourreaux ont fait leur office ! Très rapidement, l’AP m’a envoyé dans ces cimetières à ciel ouvert que l’on appelle isolements ! Ces lieux où les viles canailles, tout comme les voyous certifiés bonhommes, perdent peu à peu la tête, la santé et trop souvent même la vie par des suicides inexpliqués, que j’estime être des assassinats ! Ce, tout simplement, pour avoir refusé de se faire avaler par une machine bien huilée que l’on nomme administration pénitentiaire ! Alors, comment pouvoir espérer s’en sortir, avec une vraie volonté sincère pour se « ranger des voitures », quand on est envoyés dans ces bas-fonds de la prison que sont les QI ? Surtout quand on vit et subit l’inacceptable ? Qu’est-ce que l’inacceptable, me demanderez-vous ? L’inacceptable, c’est quand tu subis de la part de tes bourreaux des tentatives d’assassinats, car ils ont essayé par trois fois de me tuer véritablement. Par trois fois, ils n’y sont pas parvenus, mais j’y ai « laissé des plumes » : AVC, paralysie, membres cassés, etc. Ou encore, quand ces mêmes bourreaux te privent des choses basiques, comme le droit d’écrire vers l’extérieur, de lire, d’être soigné par un médecin. Ou encore te priver d’eau froide quand il y a la canicule, te priver de tes repas, arracher le peu de choses qui te connectent avec l’extérieur et/ou ta vie passée et/ou future, comme les courriers de tes proches, les photos de tes frères et sœurs, etc. Ou encore porter plainte contre toi, pour rallonger ta peine, et comme beaucoup sont des mange-pierres, demander des milliers d’euros de dommages et intérêts quand des mecs comme moi, à force de se faire rabaisser, insulter, frapper, etc., on décide de dire stop, de se rebeller et de se dire : moi, je tends pas l’autre joue ! Mais tout ça a un prix ! Le prix de la honte ! Le prix que j’ai payé de ces années d’isolement. Financièrement, bien trop… une somme à 6 chiffres, et ce uniquement pour des surveillants ou des détenus-prévôts, car dans mon affaire d’assises, je n’ai pas de dommages et intérêts à payer aux victimes !
Mais, bien plus que le côté financier, le prix de la honte, c’est celui de ma vie à moi ! Ma vie, en tant qu’homme, en tant qu’être humain !
À cause de ces gens, de ce contexte mortifère de l’isolement strict, sécuritaire et sécurisé, du fait aussi qu’il n’y a aucun outil pour la réinsertion dans les QI où tu es malmené H24, au lieu d’avoir à effectuer 8 ans, j’en ai 30 sur papier à faire ! 30 ans ! Et, sur ces 30 ans, je ne sais pas combien j’en aurai fait au QI. Ces répercussions sont souvent des privations sensorielles d’un autre temps, abjectes, des pressions psychologiques terribles et constantes, et très souvent physiques-psychologiques telles que te mettre de longs moments tout nu au cachot ! Tu perds ainsi, dans cette configuration-là, en étant dépouillé de tes vêtements, ce qui fait en partie de toi un être humain civilisé, et tu te sens avili, d’une façon qu’il me serait impossible de vous décrire tellement je n’ai pas les mots pour exprimer ma peine, ma haine et mon dégoût.
Imaginez, qu’à ma place, ce soit vous, vous qui lisez ces lignes, qui subissiez une telle chose !
Imaginez, 8-10 personnes, parce qu’ils sont 8-10, alors physiquement plus fortes que vous, qui vous dépouillent manu militari dans une violence inouïe de vos vêtements, de tous vos vêtements, et vous laissent ainsi, des jours entiers, dans une cellule de cachot ! Quels sentiments alors ressentiriez-vous, surtout sachant que, même si ça s’est passé réellement, vous n’avez aucun moyen de vous faire justice légalement, pour faire condamner ces gens qui agissent telles des petites frappes de bas-étage ?! Et que ressentirez-vous si à un moment tout est fait pour vous priver, des années durant, de vos proches, donc, par effet boule de neige, de visites, et par ce même effet boule de neige, de courriers, et de ce fait aussi, de soutien tant financier que vestimentaire, entre autres choses ?
Que dire aussi, si à ma place, ce soit vous qu’on prenait au saut du lit pour vous envoyer en psychiatrie, même si vous n’avez pas de problèmes de ce côté-ci, à vous qu’on piquait le cul avec des produits dont les noms bizarres ne vous diront probablement rien, mais qui auraient pour effets de vous faire oublier même le visage de vos proches, que vous n’ayez même pas conscience d’être en vie, à un point tel que vous pissez et chiez sur vous comme si c’était chose normale, et vous n’avez alors même pas l’envie, et encore moins le cerveau en vie, pour vous dire « il faut que je me nettoie » ? Que dire encore, si c’était à vous, madame, monsieur – si vous avez la force de vous relever et de vous remettre de tout cela – qu’on ne donne aucun « outil » pour envisager une réinsertion ? Sans de tels « outils » en QI, comment faire pour avoir un jour une perm’ ? Une condi ? Comment ne pas sombrer ?
Surtout, sachez-le bien : au QI, toute volonté d’alerter sur de telles choses est quasi infaisable quand on n’a aucun soutien. Que ressentiriez-vous, si c’était à vous que de telles choses arrivaient ?
Je ne vous le souhaite pas, mais gardez en tête que, ça comme le dit la formule pour la prévention sur le SIDA, la prison (tout comme le SIDA), ça n’arrive pas qu’aux autres ! Tous et toutes un jour vous pouvez devoir y faire face. Il faut que tout cela bouge ! Et pas demain, pas dans un mois, pas dans un an ! Mais tout de suite ! Mais, ça va faire quarante ans le 9 octobre 2021 que la peine de mort a été soi-disant abolie ! Quelle blague amère ! En toute honnêteté, elle n’a jamais été abolie ! Elle a juste pris d’autres formes, d’autres noms ! Une forme dans sa plus dure réalité : « la torture blanche », silencieuse. Deux principaux noms : quartiers d’isolement, et quartiers disciplinaires, pour leurs formes les plus dures, et les plus violentes ! On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et SVP insurgez-vous en, levez-vous, poing tendu, pour dire stop ! Je veux pas faire dans la pleurnicherie, ni dans le mélo, mais sachez que tout ce que j’ai écrit ici, je l’ai subi de plein fouet, personnellement !
C’est une réalité. Je suis tombé en prison en 2000, j’avais alors 17 ans 1⁄2 ! J’aurais dû en sortir, max – si j’avais fait ma peine « plein pot » sans RPS ni rien – en 2008 ! On est en 2021, et je suis encore dedans ! Et ma date de libération actuelle est 2030 ! Faute à qui ? À moi ? Non ! Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Faute à mes geôliers et aux prévôts ! Mes plus belles années parties en fumée à cause de gens mauvais ! Je reprendrais les mots d’un grand monsieur que je ne connais pas personnellement, mais qui, pour moi, est une véritable source de courage au vu de son parcours carcéral et de son refus de se laisser broyer par ce système carcéral et judiciaire, tout comme répressif, qui n’est autre que monsieur Laurent Jacqua qui, un jour de mars 2006 a écrit ceci, retenez-bien : « Sachez, pour votre gouverne, que sur un arrêt de jugement, on trouve la mention suivante : « Au nom du peuple français ». C’est donc en votre nom que sont appliquées toutes ces détentions « spéciales ». C’est aussi en votre nom que les prisonniers subissent la torture blanche dans tous les quartiers d’isolement de France ! Maintenant que vous le savez, l’acceptez-vous ? » À cela, je rajouterais humblement : et si c’était vous qui subissiez de telles choses, l’accepteriez-vous ? Hein ?! Quoi qu’il en soit, moi, bien qu’ayant subi l’indicible, je suis encore là sur le front ! Et fais et ferai toujours face et front, la tête haute, à mes bourreaux ! De manière pacifique en 1er lieu et, s’il faut protéger ma vie, par tout moyen légal et/ou illégal, afin de survivre et de ne pas mourir de leurs mains ! Pour terminer, bien que j’ai perdu bien des gens de ma famille – car la prison a détruit mes liens familiaux –, bien que j’ai physiquement, en 21 ans de cabane, sacrément morflé, que tout le monde sache que je suis encore bel et bien présent, encore debout, et ne laisserai jamais, ô non jamais, rien ni personne me tuer, me rabaisser au rang de « chose », ni faire de moi une marionnette de l’AP ! Y a pas d’arrangements, et y en aura jamais ! Courage à vous toutes les lionnes incarcérées, les loups incarcérés, les p’tits gremlins incarcérés, et à toutes celles et ceux enfermés partout ailleurs où on enferme en France – genre CRA et compagnie – qui ne se laissent pas marcher sur la tête par ce système meurtrier et assassin, destructeur et déshumanisant. Force, courage et détermination à vous toutes et tous ! Je suis rien ni personne ! Car, en prison, on est tous et toutes des détenu·e·s anonymes parmi les anonymes.
Au fait… moi c’est l’Infâme, juste pour info, pour celles et ceux qui me connaissent ! Un anonyme parmi tant d’autres. Et je veux survivre à la prison, pour vivre enfin, en toute liberté… un jour.
L’infâme
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !