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  • « Stress, angoisse, indécision, bug cérébral »

    « Stress, angoisse, indécision, bug cérébral »

    Lettre sur l’isolement depuis le quartier d’isolement (QI). Libre Flot nous écrit régulièrement depuis le QI de Bois d’Arcy où il est enfermé depuis le 8 décembre 2020 et dont vous pouvez retrouver des lettres sur notre site. Il nous a envoyé un nouveau texte où il parle de ces mouroirs que sont les QI, lue à l’antenne dans l’émission du 11 mars. Depuis le 27 février, il a entamé une grève de la faim pour protester contre son maintien en détention provisoire et à l’isolement et contre ses conditions d’enfermement. Il explique les raisons de cette grève dans un texte. Vous pouvez retrouver les publications des comités de soutien aux inculpé.es du 8 décembre ici.

    Le 18 février 2022, QI de Bois d’Arcy

    S’il est vrai que je n’ai cessé de donner des nouvelles régulières par courrier puisqu’il était tout bonnement plus simple de poser le stylo et de le laisser glisser au fil aléatoire de pensées éparses, cela fait 8 mois que je n’ai pas posé de texte spécifiquement sur l’isolement. Non pas parce que la situation n’ait pas évoluée mais bien au contraire qu’il m’est devenu tellement plus ardu de m’y mettre. Plusieurs fois, j’ai voulu écrire (sur différents sujets) mais c’était devenu comme impossible, la concentration douloureuse et au final, toujours l’abandon, la remise à plus tard.. la déception ! Ce texte sera donc très certainement plus bref que les précédents. Mais vu qu’hier on m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas que je m’attende à sortir d’isolement, que c’était joué d’avance… et suivant la décision du juge des libertés et de la détention (JLD) vis à vis de ma demande de mise en liberté (DML), je me dis que c’est le moment d’écrire car si je sors, je ne le ferait peut être pas et si je reste… au moins ça sera un constat de la situation à ce moment là.

     » La mascarade trimestrielle « 

    Hier donc a eu lieu mon débat contradictoire pour le maintien à l’isolement, la mascarade trimestrielle. Il est surprenant de constater qu’après plus d’un mois à demander, en vain, un rendez vous avec ma docteure attitrée, il soit mis au dossier, ce que je qualifierai de « foutaise », un avis favorable griffonné sur la lettre de la direction, le demandant, se résumant en deux mots : « Avis favorable » signé par un médecin inconnu accolée à cette lettre, où mon nom est inscrit avec un numéro d’écrou n’ayant rien à voir avec le mien… BRAVO !

    Mais attention ce n’est pas tout, la Pénitentiaire ne m’a pas oublié pour la St Valentin, car depuis le 14 février, je suis affublé de l’étiquette de « meneur ». Tout ça en ayant toujours et seulement été en isolement, sans aucune communication avec d’autres détenus, sans participation à une quelconque contestation, sans aucun compte -rendu d’incident (CRI), sans raison ! Félicitation ! (J’aurai préféré des fleurs…)

     » Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille « 

    Sur le plan physique, malgré que je passe un temps quotidien conséquent au maintien de mon état corporel, être enfermé en permanence dans des boites trop petites, sans accès à une vraie promenade, ne permet pas la marche. 14 mois « sans marcher » ont affaibli considérablement mes genoux, tout comme l’inaccès à des activités affecte mes poignets… Ces articulations me sont, depuis un certain temps déjà, douloureuses. Mais bonne nouvelle : mes dents sont soignées ! Mais pire que tout, c’est mon cerveau qui déraille, la situation est catastrophique. Déjà en octobre, lors de l’entretien avec le juge d’instruction, j’avais pu constater que je perdais le fil. Avant d’arriver à la fin de certaines questions, j’avais oublié le début, de même pour les réponses… Désormais c’est pire. (Heureusement, en février il a accepté de m’imprimer les questions pour que je puisse avoir un support pour pallier au déficit de mes capacités).

    Le constat le plus brutal est apparu via les cours d’anglais. L’anglais en tant que langue n’est pas le problème (même si mon vocabulaire est pauvre, et mes conjugaisons hasardeuses). Je comprends sans souci les énoncés et les textes servant de supports car cela est, selon moi « passif », je n’ai pas à réfléchir, à créer une idée pour cela. Mais lorsque l’exercice demande d’analyser, d’apposer un avis en toute chose exigeant une réflexion « active », le drame survient. Ce qui me demanderait qu’une demi heure en temps normal et qui au printemps dernier me prenait deux ou trois heures, m’est désormais hors de portée. Je sais que c’est facile mais je ne peux pas, mon cerveau se bloque, comme s’il se transformait en gelée anglaise (en glaise?), comme si les synapses se rétractaient, déconnectant les neurones les uns des autres et que la matière grise se figeait en se dilatant et subissant alors une forte compression contre la boite crânienne me provoquait des maux de têtes terrible. Savoir que quelque chose est normalement facile et constater ne plus pouvoir le faire est d’une violence inouïe. Comme si je n’arrivais plus à faire mes lacets ou à me servir d’un interrupteur… J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée.

     » J’ai l’impression d’être paralysé de la pensée « 

    Il m’est aussi devenu impossible d’assimiler une quelconque information sans un temps relativement long consacré spécifiquement à cet effet. Prendre en direct une décision ou faire un choix, même anodin, me rend perplexe voire paniqué. Par exemple un matin, un surveillant m’a gentiment laissé choisir, chose inhabituelle, si je souhaitais aller en promenade le matin ou l’après midi. Résultat : stress, angoisse, indécision, bug cérébral… je ne sais même plus si j’ai réussi à choisir…

    Mon cerveau fonctionne au ralenti, les pensées ne se renouvellent pas, elles sont lentes et tournent en boucles sans vraiment évoluer. Je répète plus ou moins les mêmes choses dans mes courriers, il doit être rare que j’envoie des messages à caractère exclusif.

    J’ai l’impression que durant toute une semaine, il passe, dans mon cerveau, autant de pensées différentes qu’il en passait en une heure autrefois.

    Cette léthargie cérébrale rend toute tentative de réflexion lente et infructueuse que je me renvoie l’image d’un zombie qui, refusant de quitter le monde des vivants, s’acharne mordicus à mimer pathétiquement l’activité de sa vie passée…

    Libre Flot

  • « POURQUOI JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM » – Libre Flot

    « POURQUOI JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM » – Libre Flot

    Libre Flot nous écrit régulièrement depuis un an et le début de son incarcération au quartier d’isolement de Bois-d’Arcy (vous pouvez retrouvez plusieurs de ses lettres sur notre site). Le 8 décembre 2020, il a été arrếté avec sept autres membres de la « mouvance d’ultragauche » pour « association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste ». Encore une construction des services de police et de la justice pour fabriquer des ennemis et terroriser les potentiel.les opposant.es.

    Sept personnes ont finalement été mis.es en examen et placé.es en détention provisoire. Au fil des mois, six d’entre elles finiront par être libérées sous contrôle judiciaire. Alors qu’il vient d’essuyer un nouveau refus de remise en liberté en attendant son procès, Libre Flot, dernier inculpé encore incarcéré, entame une grève de la faim. Il a demandé à faire publier cette lettre aujourd’hui le plus largement possible, pour faire connaître ses raisons et sa situation.

    Mise à jour du 7 avril 2022 : Libre Flot a arrêté sa grève de la faim et il été libéré pour raisons médicales. Toutes les infos sur le site des soutiens aux inculpé.es du 8 décembre.

    Cela fait plus de 14 mois que je réfute cette infâmante et diffamatoire accusation d’association de malfaiteurs terroriste.

    Cela fait plus de 14 mois que la DGSI m’a expliqué que je n’étais pas arrêté pour ce qu’elle voulait me faire croire, à savoir mon engagement auprès des forces kurdes contre Daech au Rojava.

    Cela fait plus de 14 mois que rien ne valide la thèse élaborée de toutes pièces par la DGSI alors même que pendant au moins 10 mois j’ai été suivi, tracé, sous écoute 24 heures sur 24 dans mon véhicule, mon lieu de vie, espionné jusque dans mon lit.

    Cela fait plus de 14 mois que je comprends que ce sont mes opinions politiques et ma participation aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de criminaliser.

    Cela fait plus de 14 mois qu’on reproche une association de malfaiteurs à 7 personnes qui ne se connaissent pas toutes les unes les autres.

    Cela fait plus de 14 mois à répondre aux questions d’un juge d’instruction utilisant les mêmes techniques tortueuses que la DGSI : la manipulation, la décontextualisation, l’omission et l’invention de propos et de faits afin de tenter d’influencer les réponses.

    Cela fait plus de 14 mois que je subis les provocations de ce même juge d’instruction qui, alors que je croupis dans les geôles de la République, se permet de me dire que cette affaire lui fait perdre son temps dans la lutte contre le terrorisme. Pire encore, il se permet la plus inacceptable des insultes en se référant aux barbares de l’État islamique comme étant mes« amis de chez Daech ». Bien que verbal, cela reste un acte inouï de violence. C’est inadmissible que ce juge s’octroie le droit de m’injurier au plus haut point, tente de me salir, et crache ainsi sur la mémoire de mes amis et camarades kurdes, arabes, assyrien.ne.s, turkmènes, arménien.ne.s, turc.que.s et internationaux.les tombé.es dans la lutte contre cette organisation. J’en reste encore aujourd’hui scandalisé.

    Cela fait plus de 14 mois d’une instruction partiale où contrairement à son rôle le juge d’instruction instruit uniquement à charge et jamais à décharge. Il ne prend pas en considération ce qui sort du scénario préétabli et ne sert qu’à valider une personnalité factice façonnée de A à Z par la DGSI, qui loin de me représenter ne reflète que les fantasmes paranoïaques de cette police politique. Ainsi, je suis sans cesse présenté comme « leader charismatique » alors même que tout mode de fonctionnement non horizontal est contraire à mes valeurs égalitaires.

    Cela fait plus de 14 mois que sans jugement on m’impose la détention dite provisoire que je subis dans les plus terribles conditions possibles : le régime d’isolement (voir les lettres de mars 2021 et juin 2021) considéré comme de la « torture blanche » et un traitement inhumain ou dégradant par plusieurs instances des droits humains.

    Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale

    Cela fait plus de 14 mois que je suis enterré vivant dans une solitude infernale et permanente sans avoir personne à qui parler, à juste pouvoir contempler le délabrement de mes capacités intellectuelles et la dégradation de mon état physique et ce, sans avoir accès à un suivi psychologique.

    *

    Après avoir sous des airs faussement neutres fourni à l’administration pénitentiaire des arguments fallacieux pour s’assurer de mon maintien à l’isolement, le juge d’instruction demande le rejet de ma demande de mise en liberté, tout comme le parquet national antiterroriste. Pour ce faire, ils reprennent presque en copier / coller le rapport de la DGSI du 7 février 2020, base de toute cette affaire dont nous ne savons pas d’où viennent les informations et dont la véracité n’a pas été démontrée. On est en droit de se demander à quoi ont servi les écoutes, les surveillances, les sonorisations et ces deux ans d’enquête judiciaire et d’instruction puisque sont occultés les faits qui démontrent la construction mensongère de la DGSI.

    Le parquet national antiterroriste et le juge d’instruction n’ont de cesse d’essayer d’instiller la confusion et de créer l’amalgame avec des terroristes islamistes alors même qu’ils savent pertinemment que j’ai combattu contre l’État islamique, notamment lors de la libération de Raqqa, où avaient été planifiés les attentats du 13 novembre.

    Le juge d’instruction prétend craindre que j’informerais des personnes imaginaires de ma situation alors que celle-ci est publique notamment parce que la DGSI ou le PNAT eux-mêmes ont fait fuiter l’information dès le premier jour. Il prétend ainsi empêcher toute pression sur les témoins, les victimes et leurs familles alors même qu’il n’y a ni témoin, ni victime puisqu’il n’y a aucun acte. C’est ubuesque. Est aussi évoquée sa crainte d’une concertation entre coinculpé.es et complices même si toutes et tous les coinculpé.es ont été mis.es en liberté, qu’il n’a plus interrogé personne d’autre que moi depuis octobre 2021, et que j’ai attendu patiemment qu’il ait fini de m’interroger pour déposer cette demande de mise en liberté.

    Il aurait pu être comique dans d’autres circonstances de constater l’utilisation à charge de faits anodins comme : jouir de mon droit à circuler librement en France et en Europe, de mon mode de vie, de mes opinions politiques, de mes pratiques sportives, de mes goûts pour le rap engagé ou les musiques kurdes.

    Le juge d’instruction s’en prend à ma mère en la désignant comme n’étant pas une garantie valable pour la simple raison qu’elle n’a pas empêché son fils âgé de 33 ans à l’époque de rejoindre les forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech. Encore une fois, c’est ma participation dans ce conflit qu’on criminalise. Il lui reproche également l’utilisation d’applications cryptées (WhatsApp, Signal, Télégram…) comme le font des millions de personnes en France. Enfin, il dénigre tout d’un bloc toutes les autres options de garanties (travail, hébergement…) sans rien avoir à leur reprocher alors même que les personnels du SPIP dont c’est le métier ont rendu un avis favorable.

    *

    Comment alors comprendre qu’après avoir ordonné ces enquêtes de faisabilité signifiant la possibilité de me remettre en liberté avec bracelet électronique, le juge des libertés et de la détention malgré le rendu refuse ensuite de la mettre en place ? Nous sommes nombreux et nombreuses à constater que dans toute cette affaire la « justice » viole ses propres lois et est soumise à l’agenda politique de la DGSI.

    J’ai récemment appris de la bouche même du directeur des détentions de la maison d’arrêt des Yvelines (Bois d’Arcy), que je remercie pour sa franchise, que mon placement et mon maintien à l’isolement étaient décidés depuis le premier jour par des personnes très haut placées et que quoi je dise ou que lui-même dise ou fasse, rien n’y ferait, que cela le dépasse, le dossier ne sera même pas lu et je resterai au quartier d’isolement et que de toute façon rien ne pourrait changer avant les élections présidentielles.

    *

    Puisque l’on cherche à criminaliser les militants et militantes ayant lutté avec les Kurdes contre Daech,

    Puisque l’on utilise la détention soi-disant provisoire dans le but de punir des opinions politiques,

    Puisque cette histoire n’existe qu’à des fins de manipulation politique,

    Puisqu’aujourd’hui on ne me laisse comme perspective que la lente destruction de mon être,

    Je me déclare en grève de la faim depuis le dimanche 27 février 2022 à 18 heures, je ne réclame à l’heure actuelle que ma mise en liberté en attendant de démontrer le côté calomnieux de cette honteuse accusation.

    Libre Flot.

  • Lettres des QI – Hommage à Zineb Redouane – Procès des matons meurtriers de Sambaly – Révoltes et répression dans les CRA

    Lettres des QI – Hommage à Zineb Redouane – Procès des matons meurtriers de Sambaly – Révoltes et répression dans les CRA

    Émission de L’Envolée du 10 décembre 2021.
    • Pièce de théâtre en un acte sur l’UCSA (le médical en détention) envoyée par Libre Flot depuis le quartier d’isolement de Bois d’Arcy pour parler notamment de l’absence de secret médical en prison, et aussi plus largement du rôle des médecins dans la détention.
    • Lettre écrite à la radio par Mickaël, maintenu à l’isolement depuis deux ans et qui nous écrit depuis de longs mois du QI de Saint Maur dont l’administration pénitentiaire refuse toujours de le faire sortir. On avait notamment publié son texte Santa Muerte dans le numéro 52 du journal et sur le site.
    • Appel de G. depuis Marseille pour parler des différents rassemblements et actions en hommage à Zineb Redouane tué par une grenade jetée chez elle par un CRS, il y a trois ans. Retour aussi sur le mois organisé contre les violences policières et pénitentiaires dans la ville.
    • Suite et fin du retour sur le procès des matons qui ont causé la mort de Sambaly Diabaté à Saint Martin de Ré qui s’est déroulé du 29 novembre au 1er décembre à la Rochelle. Discussion sur les réquisitions de la proc’ qui s’est employée à défendre son institution et les personnels à qui elle confie régulièrement des prisonniers. Elle transforme la déshumanisation de Sambaly par ses meurtriers en des « œillères professionnelles » qui les disculpent de toute « volonté manifeste de lui nuire » (sic). Force à Oumou et la famille de Sambaly, dont vous pouvez écouter l’appel à cette antenne dans l’émission de la semaine dernière.

    Des podcasts ont été fait à chaud chaque soir du procès par des membres de l’Envolée qui y assistaient en soutien à la famille Diabaté. Pour celles et ceux qui voudraient entendre plus de détails sur le déroulé des audiences, les enregistrements sont disponibles sur le site : récap’ à chaud du premier jour d’audience, du deuxième jour et du dernier jour, qui a été décidé à la dernière minute. Délibéré le 27 janvier 2022.

    • Retour sur les révoltes dans différents centres de rétention (des infos plus précises et des paroles de l’intérieur sont régulièrement publiées sur abaslescra.noblogs.org et crametoncra.noblogs.org) : au Mesnil-Amelot, des prisonniers ont accroché une banderole demandant leur libération et d’autres sont montés sur les toits. A Vincennes, un bâtiment a été quasiment détruit lors d’une révolte collective pour essayer d’empêcher une expulsion groupée. D’autres prisonniers ont refusé d’intégrer le réfectoire pour protester contre la mise à l’isolement de l’un des leurs. A Lyon, des nouveaux cas de Covid ont été avérés mais le centre de désemplit pas et aucune mesure sanitaire n’est prise. La grève de la faim a été réprimé très violemment, à coup de matraque et de lacrymo.

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • « On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et insurgez-vous »

    « On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et insurgez-vous »

    Lettre de l’Infâme sur la soit-disant abolition de la peine de mort et les quartiers d’isolement, publié dans notre dernier bouquin « La Peine de mort n’a jamais été abolie ».

    Quartier d’isolement de Valence,
    14 juin 2021

    J’ai pris à la base 8 ans de prison… À la base ! Mais l’AP et ses bourreaux ont fait leur office ! Très rapidement, l’AP m’a envoyé dans ces cimetières à ciel ouvert que l’on appelle isolements ! Ces lieux où les viles canailles, tout comme les voyous certifiés bonhommes, perdent peu à peu la tête, la santé et trop souvent même la vie par des suicides inexpliqués, que j’estime être des assassinats ! Ce, tout simplement, pour avoir refusé de se faire avaler par une machine bien huilée que l’on nomme administration pénitentiaire !
    Alors, comment pouvoir espérer s’en sortir, avec une vraie volonté sincère pour se « ranger des voitures », quand on est envoyés dans ces bas-fonds de la prison que sont les QI ? Surtout quand on vit et subit l’inacceptable ?
    Qu’est-ce que l’inacceptable, me demanderez-vous ? L’inacceptable, c’est quand tu subis de la part de tes bourreaux des tentatives d’assassinats, car ils ont essayé par trois fois de me tuer véritablement.
    Par trois fois, ils n’y sont pas parvenus, mais j’y ai « laissé des plumes » : AVC, paralysie, membres cassés, etc. Ou encore, quand ces mêmes bourreaux te privent des choses basiques, comme le droit d’écrire vers l’extérieur, de lire, d’être soigné par un médecin. Ou encore te priver d’eau froide quand il y a la canicule, te priver de tes repas, arracher le peu de choses qui te connectent avec l’extérieur et/ou ta vie passée et/ou future, comme les courriers de tes proches, les photos de tes frères et sœurs, etc. Ou encore porter plainte contre toi, pour rallonger ta peine, et comme beaucoup sont des mange-pierres, demander des milliers d’euros de dommages et intérêts quand des mecs comme moi, à force de se faire rabaisser, insulter, frapper, etc., on décide de dire stop, de se rebeller et de se dire : moi, je tends pas l’autre joue !
    Mais tout ça a un prix ! Le prix de la honte ! Le prix que j’ai payé de ces années d’isolement. Financièrement, bien trop… une somme à 6 chiffres, et ce uniquement pour des surveillants ou des détenus-prévôts, car dans mon affaire d’assises, je n’ai pas de dommages et intérêts à payer aux victimes !

    Mais, bien plus que le côté financier, le prix de la honte, c’est celui de ma vie à moi ! Ma vie, en tant qu’homme, en tant qu’être humain !

    À cause de ces gens, de ce contexte mortifère de l’isolement strict, sécuritaire et sécurisé, du fait aussi qu’il n’y a aucun outil pour la réinsertion dans les QI où tu es malmené H24, au lieu d’avoir à effectuer 8 ans, j’en ai 30 sur papier à faire ! 30 ans ! Et, sur ces 30 ans, je ne sais pas combien j’en aurai fait au QI.
    Ces répercussions sont souvent des privations sensorielles d’un autre temps, abjectes, des pressions psychologiques terribles et constantes, et très souvent physiques-psychologiques telles que te mettre de longs moments tout nu au cachot ! Tu perds ainsi, dans cette configuration-là, en étant dépouillé de tes vêtements, ce qui fait en partie de toi un être humain civilisé, et tu te sens avili, d’une façon qu’il me serait impossible de vous décrire tellement je n’ai pas les mots pour exprimer ma peine, ma haine et mon dégoût.

    Imaginez, qu’à ma place, ce soit vous, vous qui lisez ces lignes, qui subissiez une telle chose !

    Imaginez, 8-10 personnes, parce qu’ils sont 8-10, alors physiquement plus fortes que vous, qui vous dépouillent manu militari dans une violence inouïe de vos vêtements, de tous vos vêtements, et vous laissent ainsi, des jours entiers, dans une cellule de cachot ! Quels sentiments alors ressentiriez-vous, surtout sachant que, même si ça s’est passé réellement, vous n’avez aucun moyen de vous faire justice légalement, pour faire condamner ces gens qui agissent telles des petites frappes de bas-étage ?!
    Et que ressentirez-vous si à un moment tout est fait pour vous priver, des années durant, de vos proches, donc, par effet boule de neige, de visites, et par ce même effet boule de neige, de courriers, et de ce fait aussi, de soutien tant financier que vestimentaire, entre autres choses ?

    Que dire aussi, si à ma place, ce soit vous qu’on prenait au saut du lit pour vous envoyer en psychiatrie, même si vous n’avez pas de problèmes de ce côté-ci, à vous qu’on piquait le cul avec des produits dont les noms bizarres ne vous diront probablement rien, mais qui auraient pour effets de vous faire oublier même le visage de vos proches, que vous n’ayez même pas conscience d’être en vie, à un point tel que vous pissez et chiez sur vous comme si c’était chose normale, et vous n’avez alors même pas l’envie, et encore moins le cerveau en vie, pour vous dire « il faut que je me nettoie » ?
    Que dire encore, si c’était à vous, madame, monsieur – si vous avez la force de vous relever et de vous remettre de tout cela – qu’on ne donne aucun « outil » pour envisager une réinsertion ? Sans de tels « outils » en QI, comment faire pour avoir un jour une perm’ ? Une condi ? Comment ne pas sombrer ?

    Surtout, sachez-le bien : au QI, toute volonté d’alerter sur de telles choses est quasi infaisable quand on n’a aucun soutien. Que ressentiriez-vous, si c’était à vous que de telles choses arrivaient ?


    Je ne vous le souhaite pas, mais gardez en tête que, ça comme le dit la formule pour la prévention sur le SIDA, la prison (tout comme le SIDA), ça n’arrive pas qu’aux autres ! Tous et toutes un jour vous pouvez devoir y faire face.
    Il faut que tout cela bouge ! Et pas demain, pas dans un mois, pas dans un an ! Mais tout de suite ! Mais, ça va faire quarante ans le 9 octobre 2021 que la peine de mort a été soi-disant abolie ! Quelle blague amère ! En toute honnêteté, elle n’a jamais été abolie ! Elle a juste pris d’autres formes, d’autres noms ! Une forme dans sa plus dure réalité : « la torture blanche », silencieuse. Deux principaux noms : quartiers d’isolement, et quartiers disciplinaires, pour leurs formes les plus dures, et les plus violentes ! On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et SVP insurgez-vous en, levez-vous, poing tendu, pour dire stop ! Je veux pas faire dans la pleurnicherie, ni dans le mélo, mais sachez que tout ce que j’ai écrit ici, je l’ai subi de plein fouet, personnellement !

    C’est une réalité. Je suis tombé en prison en 2000, j’avais alors 17 ans 1⁄2 ! J’aurais dû en sortir, max – si j’avais fait ma peine « plein pot » sans RPS ni rien – en 2008 ! On est en 2021, et je suis encore dedans ! Et ma date de libération actuelle est 2030 ! Faute à qui ? À moi ? Non ! Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Faute à mes geôliers et aux prévôts ! Mes plus belles années parties en fumée à cause de gens mauvais ! Je reprendrais les mots d’un grand monsieur que je ne connais pas personnellement, mais qui, pour moi, est une véritable source de courage au vu de son parcours carcéral et de son refus de se laisser broyer par ce système carcéral et judiciaire, tout comme répressif, qui n’est autre que monsieur Laurent Jacqua qui, un jour de mars 2006 a écrit ceci, retenez-bien : « Sachez, pour votre gouverne, que sur un arrêt de jugement, on trouve la mention suivante : « Au nom du peuple français ». C’est donc en votre nom que sont appliquées toutes ces détentions « spéciales ». C’est aussi en votre nom que les prisonniers subissent la torture blanche dans tous les quartiers d’isolement de France ! Maintenant que vous le savez, l’acceptez-vous ? »
    À cela, je rajouterais humblement : et si c’était vous qui subissiez de telles choses, l’accepteriez-vous ? Hein ?!
    Quoi qu’il en soit, moi, bien qu’ayant subi l’indicible, je suis encore là sur le front ! Et fais et ferai toujours face et front, la tête haute, à mes bourreaux !
    De manière pacifique en 1er lieu et, s’il faut protéger ma vie, par tout moyen légal et/ou illégal, afin de survivre et de ne pas mourir de leurs mains !
    Pour terminer, bien que j’ai perdu bien des gens de ma famille – car la prison a détruit mes liens familiaux –, bien que j’ai physiquement, en 21 ans de cabane, sacrément morflé, que tout le monde sache que je suis encore bel et bien présent, encore debout, et ne laisserai jamais, ô non jamais, rien ni personne me tuer, me rabaisser au rang de « chose », ni faire de moi une marionnette de l’AP !
    Y a pas d’arrangements, et y en aura jamais ! Courage à vous toutes les lionnes incarcérées, les loups incarcérés, les p’tits gremlins incarcérés, et à toutes celles et ceux enfermés partout ailleurs où on enferme en France – genre CRA et compagnie – qui ne se laissent pas marcher sur la tête par ce système meurtrier et assassin, destructeur et déshumanisant. Force, courage et détermination à vous toutes et tous !
    Je suis rien ni personne ! Car, en prison, on est tous et toutes des détenu·e·s anonymes parmi les anonymes.


    Au fait… moi c’est l’Infâme, juste pour info, pour celles et ceux qui me connaissent ! Un anonyme parmi tant d’autres. Et je veux survivre à la prison, pour vivre enfin, en toute liberté… un jour.

    L’infâme

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

  • Morts en prison – la justice protège la police –  Appel du CRA de Vincennes

    Morts en prison – la justice protège la police – Appel du CRA de Vincennes

    Émission de l’Envolée du Vendredi 19 Novembre 2021
    • Lettre de Libre Flot depuis le QI de Bois d’Arcy, qui nous envoie aussi une petite fiche de lecture du livre « Pour elles toutes »

    • Retour sur la mort de Gordana en détention, alors que le seul médecin présent sur la détention ne lui a accordé qu’un diagnostic téléphonique juste avant son décès et en dépit des appels des autres prisonnières

    • Retour sur le procès de Mélanie : la justice protège les policiers, avec Christian, soutien du Réseau d’Entraide Vérité et justice

    • Appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes pour parler des conditions de vie dégradantes dans cette prison pour sans-papiers

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

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    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • Des lettres de Fresnes, des Baumettes et du QI – Covid à Saint Maur – Expulsion violente

    Des lettres de Fresnes, des Baumettes et du QI – Covid à Saint Maur – Expulsion violente

    Émission de L’Envolée du vendredi 29 octobre 2021

    • Une lettre de Nadia actuellement au CNE de Fresnes qui revient sur sa derniere perme. Elle raconte ce moment poignant et souligne l’absurdité des discours officiels sur la réinsertion.
    • Une lettre de J. incarcéré aux Baumettes qui donne des nouvelles après sa dernière lue début septembre et continue l’échange sur les allers-retours CRA-prison et sur l’acharnement des préfectures et des juges contre les personnes étrangères.
    • Une lettre de Libre flot prisonnier au Q.I de Bois d’Arcy avec qui on continue une discussion entamée depuis plusieurs mois.
    • deux lettres de Kemi du Q.I de St Maur qui donne des nouvelles de la prison déclaré cluster depuis le début du mois d’octobre. Suivi d’une discussion pour décrire le nouveau confinement mis en place dans la taule.
    • Info importante: les UVF a St Maur seraient conditionnée a la vaccination des prisonniers
    • Témoignage d’une personne expulsée violemment récemment au Panama.
    • Agenda, big up, et dédicaces

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons de toute sorte. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
    Direct chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.52.40.22.48 (WhatsApp, Telegram, Signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !
    PS : Règlement intérieur type, article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale « Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif. »


    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • «J’ai l’impression d’être dans un bagne, un abattoir à détenus »

    «J’ai l’impression d’être dans un bagne, un abattoir à détenus »

    Avant l’été, Kémi a raconté dans un courrier – lu à l’antenne – le prolongement de son isolement et les matons qui veulent l’empêcher de parler à ses voisins par la fenêtre. Voici une nouvelle lettre de lui, écrite en septembre alors que son isolement allait encore être prolongé et que les gardiens continuaient de lui faire la misère.

    Quartier d’isolement de la maison centrale de Saint-Maur,

    septembre 2021

    Santa Muerte

    Encore au quartier d’isolement (QI), je tourne en rond dans ma cellule ; on me laisse entendre un possible retour en détention, mais je n’y crois plus… J’écoute du son en cellule et je me reconnais dans certaines phrases du genre « les matons sont des collabos », ou « en détention faut être un lion »… Moi, pour l’instant, je suis un agneau au QI, c’est les matons qui dirigent ma vie, même quand je mets le son pour m’évader un peu, certains me disent : « Eteins ou on coupe le courant. » J’ai l’impression d’être dans un bagne, un abattoir à détenus… Mes enfants me manquent, mon frère, sa femme et leurs enfants me manquent ; tout ce que j’ai, c’est des photos.

    Les gens ici au QI n’ont pas de conversation, donc je reste seul dans mon coin et je pense, pense sans arrêt ; pas toujours à de bonnes choses, mais que voulez-vous, c’est mon quotidien, ma vie est dure mais je fais tout pour tenir, même si souvent c’est dur, très dur même ! La solitude me pèse un truc de ouf… les parloirs me manquent … Parfois je me surprends à parler tout seul, c’est vous dire comme le QI peut abattre même les plus durs d’entre nous !

    Mikael – Kémi

  • « Sans aucune surprise, mon isolement a été prolongé »

    « Sans aucune surprise, mon isolement a été prolongé »

    Libre Flot nous a fait parvenir une nouvelle lettre depuis le quartier d’isolement de Bois d’Arcy. Nous avons publié un premier texte qu’il avait écrit sur l’isolement carcéral dans le numéro 53 du journal. Il revient dans celle-ci plus longuement sur les émissions radio qu’il écoute (ça nous fait toujours plaisir d’avoir des retours de l’intérieur) et les dernières nouvelles de l’été alors que son isolement est encore prolongé, au nom de la sacro sainte sécurité du personnel. Un grand salut à lui !

    Quartier d’Isolement de Bois d’Arcy

    12 septembre 2021

    Salut à vous,

    Depuis deux semaines, c’est un vrai plaisir que de vous retrouver le vendredi soir. Je me suis aperçu avec quelle virtuosité vous arriviez à reformuler discrètement certains propos d’intervenants afin de leur faire voir différemment certaines problématiques sans pour autant créer de frictions ou les froisser. Il est vrai que, quelquefois, les personnes peuvent avoir des propos que je qualifierais de « limite », mais c’est toujours avec tact que vous recontextualisez les faits et apportez une approche plus ouverte et bienveillante sans leur jeter la pierre, conscient·e·s que lorsqu’on a le nez enfoncé dans ses problèmes, il est nettement plus difficile d’être apte à se mettre à la place des autres. Bravo ! Bon, j’arrête là pour les éloges. 🙂

    Je tiens aussi à vous remercier pour les salutations dont vous ne manquez pas de me gratifier. J’avoue que ce « petit rien », que j’aurais pu penser futile autrefois, apporte ce je-ne-sais-quoi d’humanité qui fait cruellement défaut en ces murs et parvient à dessiner un sourire sincère sur mon visage tout en trouvant un chemin pour un semblant d’émoi à cet être où toute émotion semblait mise en stand-by… Un souffle chaud sur la brise d’un feu de camp qu’on croyait éteint…

    Ouh là, tant de lyrisme, envolée lyrique, oserais-je dire…

    La semaine dernière, vous évoquiez mes cours de kurde, où, oui, je reste très assidu. Mais seul, on fait ce que l’on peut, je progresse donc uniquement à l’écrit, surtout du vocabulaire et de la conjugaison (un peu de grammaire aussi). Mais bien évidemment, ça a ses limites. Mon livre manuel a étrangement le même accent que moi 🙂 Il va falloir que je me force à lire et à formuler des phrases à voix haute à destination des murs… Faudrait aussi que je me procure des livres en kurde, style des romans pour adolescents. Les seules voix kurdes que j’arrive à entendre (et c’est un livre pour moi), c’est celle de votre confrère du samedi matin de l’émission Les Visages du Kurdistan, et celle de ses intervenant·e·s… Hélas, je ne suis pas encore apte à comprendre. Quelques rares fois, j’ai tous les mots mais pas le temps ou la rapidité d’esprit de l’assimiler en une phrase concrète, l’ordre des mots étant différent du français ou de l’anglais. Bref, faut que je fasse gaffe, bien que n’étant pas doué dans l’apprentissage des langues, j’adore analyser leur construction et je pourrais en parler pendant longtemps si je n’y prends garde. Surtout le kurde qui est si imagé… Voyez, je recommence. Si vous avez l’occase de croiser l’animateur, offrez-lui de silaven germ (de « chaleureuses salutations ») de ma part.

    Mis à part cela, vous êtes peut-être déjà au courant que, sans aucune surprise, mon isolement a été prolongé. Encore une fois pour assurer la sécurité du personnel. Ce même personnel qui déclare n’avoir aucun souci avec la gestion de ma détention. Mais bon, on ne va pas s’attarder quinze ans sur ce qu’on sait déjà n’être que des fadaises, un simulacre de procédure officielle légale où l’autoritarisme arbitraire de l’AP est main dans la main avec le ministère de la « justice » dans une farandole guillerette à piétiner les droits des détenus.

    Pourtant, après neuf mois dans cet espace réduit et sécurisant, j’avais cru que pour un membre de l’espèce humaine, il était temps que je sorte à l’air libre…

    Fin juin, j’avais parvenir à des ami.es un deuxième texte sur l’isolement. Les vacances sont passées par là, mais il ne devrait pas tarder à vous parvenir.

    De mon côté, durant tout l’été ce fut la galère de recevoir les livres et les CD que me déposaient mes proches et hier encore, on a refusé à ma mère de m’en déposer… J’ai bon espoir de régler ça maintenant.

    Par contre, bonne nouvelle : mon régime végétarien est enfin réellement respecté. On arrête (sans mauvais jeu de mots) de me refourguer du poisson (et des fruits de mer). Il paraîtrait qu’après neuf mois de plaintes répétées, les cuisines n’avaient pas été prévenues.

    Côté médical, toujours pas de rendez-vous psy en vue… Une fois sur deux mes rendez-vous dentiste sautent − tout comme le premier soin qui fut effectué. Si ça continue, on va devoir repartir de zéro…

    Bon, j’arrête de me plaindre ! Certain·e·s sont dans des situations ô combien pires que la mienne.

    J’espère que, de votre côté, les choses se passent du mieux possible. J’attends de recevoir le livre que vous m’avez déjà envoyé.

    Merci encore pour le soutien que vous nous apportez à nous tou·te·s entre ces murs, victimes de la violence d’État contre les « pauvres », les « étranger·e·s », les « anorma·ux·le·s », les « indésirables », et les « politiquement gênant·e·s »…

    Salutations et Respect,

    Flo

  • Lettre du QI – justice d’abattage pour les sans papier – améliorer les conditions d’enfermement ?

    Lettre du QI – justice d’abattage pour les sans papier – améliorer les conditions d’enfermement ?

    Émission de L’Envolée du vendredi 22 octobre 2021
    • Lettre de Libre Flot, enfermé au quartier d’isolement de Bois d’Arcy d’où il capte la radio. Il revient sur des émissions précédentes et ses conditions d’enfermement. La lettre est en ligne sur notre site et une autre dans laquelle il revenait plus longuement sur l’isolement carcéral a été publié dans le dernier numéro du journal.
    • Qu’est ce qui se cache derrière l’amélioration des conditions d’enfermement ? L’Etat condamné à rénover la taule de Fresnes, mais derrière pour les prisonniers.ères, c’est toujours plus de sécuritaire.
    • Retour sur des audiences au juge des libertés et de la détention (JLD) du Mesnil Amelot, dans l’annexe du centre de rétention. Des personnes jugées et renvoyées entre quatre murs en moins de deux minutes, des procs et des commis d’office qui discutent, s’arrangent et blaguent entre les dossiers. Une justice d’abattage raciste. Il est important d’être présent dans ces salles pour ne pas laisser les juges et les baveux faire leur sale tambouille tranquillement.
    • Agenda, saluts, big up et dédicaces

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

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    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons de toute sorte. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
    Direct chaque vendredi de 19 à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

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    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • Présentation du dernier numéro du journal, violences policières et pénitentiaires, lutte contre la construction d’une nouvelle prison

    Présentation du dernier numéro du journal, violences policières et pénitentiaires, lutte contre la construction d’une nouvelle prison

    Émission L’Envolée du 25 juin 2021
    • Le numéro 53 du journal vient de sortir ! On vous parle du contenu, et on vous fait lecture de l’édito. Le précédent numéro avait été censuré à l’intérieur, faites-nous savoir si vous et vos proches l’avez bien reçu. Des recours sont possibles dans le cas contraire, contactez-nous. Et n’hésitez pas à abonner vos proches à l’intérieur, c’est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
    • On écoute la prise de parole de Fatou Dieng du collectif Vies Volées et du réseau Entraide Vérité et Justice à la journée d’hommage à Idir, mort à la prison de Corbas en septembre 2020, et pour la fermeture des mitards qui s’est tenue le 30 mai dernier à Lyon.
    • On revient sur les quartiers d’isolement, avec notamment quelques passages d’une lettre de Libre Flot, l’un.e des mis.es en examen du 8 décembre, écrite depuis le QI de Bois d’Arcy, dans laquelle il décrit les effets dévastateurs de l’isolement, et on la met en lien avec les innombrables courriers d’isolement reçus à L’Envolée qui décrivent une véritable torture blanche.
    • On passe un coup de fil à Christine, correspondante régulière de L’Envolée, qui nous raconte une lutte en cours contre la construction d’une nouvelle prison dans le Var.
    • On termine avec la chronique mensuelle Santé et prison de l’amie Coco.

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons de toute sorte. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
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    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !
    PS : Règlement intérieur type, article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale « Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif. »