Lettre de Pascal qui raconte son récent passage au centre national d’évaluation (CNE) où il se fait encore et toujours juger pour les mêmes faits. Il revient sur ses plus de trois décennies au placard, ses bagarres pour obtenir le rapprochement familial au fil des transferts de centrale en centrale, et il fait le lien entre les peines éliminatrices comme la sienne et le bouquin La Peine de mort n’a jamais été abolie qu il a récemment lu.
Lettre de la MAF de Fresnes d’une personne en attente suite à son passage au CNE. Elle décrit les conditions d’hygiène terribles, et comment les cantines ne sont pas distribuées et les comptes remboursées après des semaines d attente. Elle parle d une détention au bord du craquage et où il n y a aucun accès a un suivi psy.
Lettre de Skit depuis Moulins-Yzeure qui parle formation et programme d’insertion et raconte un récent changements de cellule imposé par l’AP.
On reçoit Malik du collectif Action-Réaction qui lutte en Martinique pour faire reconnaitre les droits des victimes du chlordécone, insecticide cancérogène massivement utilisé dans les bananeraies et qui a complétement contaminé le territoire et la population. Lors de l’occupation d’un centre commercial en novembre 2019, 7 militants ont été interpellés et sont aujourd’hui poursuivis pour violences et rebellions. Après trois reports, ils sont relaxés en 2023. Le parquet fait appel et en juin 2025, ils sont finalement condamnés a des amendes et des peines de bracelet électronique et de sursis.
Surprise ! Le conseil constitutionnel (ne) censure (pas) la loi narcotrafic. Il valide les nouveaux régimes d’isolement prévu par la loi et ajoute seulement quelques (petits) bémols. Les fouilles intégrales dans les nouvelles taules soit disant plus sécuritaires doivent être justifiées. De même, les audiences en visio ne pourront pas être imposées aux personnes en détention préventive. La surveillance algorithmique retoquée il y a quelques années par le même conseil est cette fois autorisée des qu une peine supérieure à 5 ans est encourue. Seule l’augmentation des peines pour une armes non brandie au moment des faits a véritablement été censurée.
La taule de Vendin commence à être aménagée pour devenir la prison de haute sécurité spéciale narcotrafic annoncée par Darmanin : moins de parloirs à cause de l’installation des hygiaphones, nouveaux portiques, etc.
Aubin Makiadi est mort a la prison de Fleury-Merogis mardi 10 juin. Sa famille l’a appris le vendredi en se rendant au parloir. On leur dit que c est un suicide alors qu il était au mitard en dépit d une contre-indication médicale et que d’autres prisonniers l’ont entendu se faire tabasser par les matons. Ses proches organisent un rassemblement devant Fleury samedi 14 juin.
Agenda : Une cantine pour cantiner en solidarité avec Fabrice Boromée a Saint-Étienne dimanche 15 juin.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
En direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne. Rediffusions sur MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h, Radio FM 43 dimanche à 12h en Haute-Loire, 105.7 FM au Chambon-sur-Lignon, 102 FM à Yssingeaux et 100.3 FM au Puy-en-Velay, sur Radios libres en Périgord,en Dordogne,102.3 FM à Coulounieix-Chamiers jeudi à 20h, sur Radio Alto 94.8 FM sur le massif des Bauges jeudi à 21h, sur Jet FM 91.2FM à Nantes le lundi à 12h, et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Et sur toutes les plateformes de podcast.
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (appels, textos, signal), ou par mail : contact@lenvolee.net Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée. 1 rue de la solidarité, 75019 Paris
Émission de l’Envolée du vendredi 23 février 2024.
Une lettre d’Aurélie, prisonnière depuis cinq ans au C.P. de Poitiers-Vivonne, et dont on avait déjà lu une lettre dans cette émission. Aurélie nous raconte son arrivée brutale en prison, les refus de soin, les maltraitances médicales mais aussi le traitement des prisonnières considérées comme suicidaires.
Ci-gît l’« état de droit ». Toutes nos condoléances : Communiqué des prisonniers du centre de détention de Montmédy qui réagissent aux hommages médiatiques après la mort de Badinter. À retrouver ici !
Mitard et sanctions disciplinaires. L’Observatoire international des prisons a publié un long rapport sur la discipline à l’intérieur (qu’on peut retrouver ici) dans lequel il recommande l’abolition du mitard. On est contents que l’OIP reprenne cette vieille revendication des prisonniers, prisonnières et de leurs proches. Surtout que la prison ne peut pas tenir sans le quartier disciplinaire !
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Des prisonniers du centre de détention de Montmédy nous ont adressé une lettre ouverte suite à l’annonce du décès de celui dont le nom reste associé à l’abolition de la guillotine.
« Pour comprendre Robert Badinter, il suffit de remonter le cours de son histoire » dit un des nombreux éloges parus dans la presse. Pour comprendre que la peine de mort n’a jamais été abolie, en revanche, il faut écouter les prisonniers et les prisonnières. Alors que les hommages se multiplient, nous donnons ici la parole à celles et ceux que la justice et la prison ont continué et continuent de tuer.
Nous vous invitons aussi à lire ou relire dans ce livreque nous avons publié d’autres paroles de prisonnier.es qui dénoncent cette prétendue abolition.
Communiqué des détenus de Montmédy (55)
CI-GÎT l’«ÉTAT DE DROIT». TOUTES NOS CONDOLÉANCES.
Le décès tardif de Badinter a provoqué certains éloges qui eussent gagné à s’exprimer en privé.
Mais d’une manière plus surprenante et plus scandaleuse que de coutume, les médias à tendance gauchiste passive choisissent l’admiration esthétique du plus contestable «socialiste» bourgeois plutôt que le silence ou les injures qui, depuis l’application de la théorie du «droit pénal de l’ennemi» dans le droit français, se trouvent seuls moralement justifiés.
Entendons-nous: avec l’«abolition de la peine capitale», ce qui était jusqu’alors la part honteuse, occulte de la proclamé démocratie française (torture, assassinats extrajudiciaires, perpétuité réelle…) va être exhibée aux gens du pays, sapant dans ses profondeurs cet «État de droit» qui justifierait qu’on tolère le régime.
Lettre de l’Infâme, correspondant de longue date et régulier de l’Envolée, qui parle de la mobilisation pour les retraites. ça fait plaisir unprisonnier longue peine qui parle du mouvement social et discute des luttes en cours à l’extérieur ! Et c’est l’occasion de discuter du travail en taule et des réformes de Ducon-Moretti pour encore plus exploiter les prisonniers et les prisonnières.
On reçoit Valérie, la belle soeur de Romain, assassiné par la police la nuit du 14 août 2018 à l’âge de 26 ans. Romain a été tué suite à un « refus d’obtempérer » et une course poursuite avec les flics. Et encore une fois, sous couvert de la légitime défense, la justice a prononcé un non lieu à l’encontre du policier qui lui a tiré dessus et l’a tué. On revient avec elle sur les méthodes de la police et de la justice pour se couvrir et la lutte qu’elle mène depuis. ça permet de discuter aussi de ce qu’on peut attendre de ces institutions dans ces histoires.
Appel de copaines d’Italie pour parler des grosses révoltes menées par les prisonniers du CPR (centre de rétention italien) de Turin début février. Des infos disponibles sur ce site en italien, et ici en français.
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On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacteret à passer le mot !
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L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Le n° 56 vient de sortir, abonnez vous et vos proches enfermés !
Trois prisonnier·e·s condamné·e·s à de longues peines disent le temps qui détruit leur vie et celle des autres prisonnier·e·s, ces peines interminables qui dissipent tout idée de « réinsertion », mais surtout, qui tuent à petit feu, anéantissent les facultés physiques et intellectuelles. Cesario en arrive même à interpeller les institutions de l’État pour revendiquer le droit à mourir – comme les dix prisonniers de la centrale de Clairvaux qui écrivaient le 16 janvier 2006 :
"À ceux de l'extérieur osant affirmer que la peine de mort est abolie. Silence ! On achève bien les chevaux ! Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous."
La guillotine certes n’existe plus ; mais la peine de prison à vie, c’est-à-dire de prison jusqu’à la mort, l’a remplacée à coups « de mois qui paraissent être un an » comme l’écrit Céline ci-dessous, avec un tranchant tout aussi morbide. Ces courriers font hélas écho aux dits et écrits de prisonnier·e·s rassemblés dans le livre La peine de mort n’a jamais été abolie.
« La vie continue, mais nous, on stagne au jour de notre incarcération »
J’ai encore dix longues années à tenir dans ces lieux. J’en ai effectué que deux et demi sur les seize ans de départ. Je ne serai aménageable qu’en 2026. Le temps est long. Dans ces lieux, un mois paraît être un an, alors je mets à profit ce temps pour comprendre ce qui m’a conduit ici et pour « préparer » tant bien que mal ma sortie.
Cela fait un an que je suis à Rennes (avant j’étais à la maison d’arrêt pour femmes de Limoges), le plus grand centre de détention pour femmes de France et apparemment d’Europe. Laissez-moi rire. L’administration pénitentiaire est pire que ce que j’ai connu en maison d’arrêt. Voilà deux semaines que j’attends pour enregistrer un numéro de téléphone, cinq mois d’attente et certainement plus pour un droit de visite. Des demandes sans réponses. On m’avait dit, avant mon transfert : « les numéros de téléphone suivent ». Et bien ici, non. Alors qu’à Fresnes, à Jullouville, à Poitiers, et j’en passe, ça suit. Quand je parle aux filles qui ont connu d’autres maisons d’arrêt, d’autres centres de détention, dès lors qu’on est condamné, on n’a plus besoin de fournir de factures pour enregistrer les numéros. Mais ici il le faut. C’est incompréhensible.
En ce qui concerne le taf, il n’y a pas de travail pour toutes. Il y a une vingtaine de places au façonnage où l’on fait du travail à la pièce, coller des blocs sur des pochettes, plier des documents pour faire des pochettes à rabats ou des dossiers, faire des disques stationnement, enrouler des affiches pour des magasins, mettre des documents sous film. Il y a environ quarante places à la confection : draps, serviettes pour les prisons, uniformes pour les matons, matelas, et quelques commandes pour des entreprises privées. Ensuite, il y a les auxi pour le repas, le ménage, la désinfection. Ensuite, il y a la cuisine et deux ou trois filles pour les cantines. Il y a deux ou trois formations rémunérées. Pour les autres, ce sera soit l’indigence, soit des personnes à l’extérieur s’il nous en reste, quand elles peuvent et qu’elles nous font des virements.
Comment s’intégrer dans notre famille quand on est au téléphone ?
Il faut un projet pour la sortie, mais comment mettre un projet en route quand on n’a pas les formations nécessaires ? Comment se renseigner quand on n’a pas accès aux informations ? Quand je vois des filles qui sont là depuis dix, quinze, vingt ans, comment les réinsérer dans un monde qui a totalement changé ? Ces filles qui n’ont pas connu internet et les téléphones portables, comment vont elles être autonomes et se servir de ces technologies qui sont tellement importantes aujourd’hui et pour lesquelles elles ne connaissent rien ? Ça me fait peur pour elles, mais aussi pour moi : dans dix ans, tout aura changé. C’est la vie ! Comment s’intégrer dans notre famille quand on est au téléphone ?
Dehors la vie continue, mais nous on stagne au jour de notre incarcération. Oui, la sortie me fait plus peur que de rester ici, mais pourtant j’ai un désir beaucoup plus grand d’être libre. C’est paradoxal et difficile à vivre.
En ce qui concerne le CGLPL (Contrôleur général des lieux de privation de liberté), on se tourne vers eux mais si on sait que ça sert à rien, mais surtout parce qu’on ne sait pas vers qui se tourner pour revendiquer ce qui nous semble injuste, ignoble. Alors on écrit au CGLPL ou à l’OIP (Observatoire international des prisons). Si les gens savaient vraiment ce que l’on vit, ce que l’on paie, et le prix, ce que l’on touche… Même ça, est ce que ça aurait un impact ?
Je suis dans la prison où il y a eu pas mal de problèmes, avec des vieux que l’on a laissé crever. J’ai vu ce qu’il y a de pire. Et aujourd’hui encore, exemples :
un codétenu cardiaque, avec les poumons foutus, et un demi-cœur qui fonctionne, qui n’a aucun suivi depuis un an qu’il est ici
un autre, polytraumatisé, avec le cerveau d’un enfant enfermé sans suivi
Et le pire, c’est que le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) ne sert à rien, le médical c’est du n’importe quoi depuis que le médecin que l’on avait est parti. Pour savoir ce qu’il s’est passé, vous n’avez qu’à regarder sur le net : Bédenac, CGLPL, « maltraitrance sur les personnes âgées ». Je fais partie de principaux donneurs d’alerte au CGLPL, avec aussi l’ancien médecin du site. J’appelais tous les jours le CGLPL, et avec des courriers de suivi. Du coup, après cette visite de contrôle, du CGLPL, je vous explique pas, je suis très mal vu de la direction. Heureusement que les surveillants me comprennent, sauf deux ou trois qui n’ont rien compris. Mais si je devais recommencer, je le ferai car c’est inhumain ce qu’il se passe. On a été condamnés à la prison, pas à la peine de mort ! C’est que, ici, on peut se poser la question.
Dans ce pays, il y a un sacré nombre de fachos !
Vous savez, un autre exemple : un détenu qui me traite de « sale juif », qui fait des saluts nazis, des propos insultants sur les juifs. Et là, personne ne fait rien ! On le laisse faire. Pas besoin de se demander pour qui vote la direction de cette taule. Il ne fait pas bon être juif et étranger ici.
En gros, c’est la merde totale, sauf les cellules et les bâtiments. En fait, c’est comme les bonbons à l’orange sanguine : l’emballage est beau, mais sans l’emballage c’est amer. C’est pour cela que je n’en peux plus. Je suis triste de cette vie et de ce monde qu’on laisse à nos enfants. On nous abreuve d’informations de guerre, de haine. Dans ce pays, il y a un sacré nombre de fachos ! Et tous ces gens qui crèvent dans le monde de faim, de la guerre, quelle honte !
Je vous remercie pour votre réponse, à bientôt.
« La peine de mort ayant été abolie en 1981, une peine de détention jusqu’à la mort a remplacé celle-ci dans les faits »
Dans une prison du sud de la France, quartier d’isolement,
Mai 2022
À mesdames et messieurs les représentants de la nation française, élu·e·s aux élections législatives de juin 2022,
Je rédige ce courrier depuis la cellule d’un quartier d’isolement d’un centre pénitentiaire du sud de la France. J’ai écrit précédemment plusieurs courriers aux différents ministres de la Justice successifs. Au dernier en poste aussi, après la visite qu’il a effectué dans cet établissement quelques semaines en arrière, sans un regard sur ce quartier d’isolement situé à 50 mètres à peine de son parcours balisé ! J’écris donc ce jour à ceux qui véritablement s’intéressent et s’investissent réellement dans la défense des droits et conditions de vie en détention, comme l’OIP-SF et le trimestriel Dedans-dehors, que je lis depuis de nombreuses années. Si ma lettre paraît, vous en prendrez connaissance. La CGLPL recevra une copie de ce courrier. Nous sommes actuellement 501 détenus condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en France. Pour certains, les plus anciens, la fin de vie est proche mais leur état physique ne leur permet pas une libération, ils attendent la mort dans les « EPHAD » pénitentiaires.
Tous savent, et moi le premier, que je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté
Pour d’autres, dont je fais partie, nous sommes encore en bonne santé apparente. Mon cas personnel est tout de même atypique. Condamné en 1988 à la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits datant de 1986. Je fus libéré deux fois en libération conditionnelle, en 2007 puis une seconde fois en mars 2019. En novembre 2019 j’étais à nouveau réincarcéré et je viens de voir ma conditionnelle révoquée en totalité. Sans rentrer dans les détails, tous savent, et moi le premier, que je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté. À 62 ans et trente-huit années de détention effectives, je souhaite comme certains autres détenus ayant mon profil de peine, que nous soient accordé le droit de partir en bon état, en utilisant un procédé létal et légal de fin de vie. Je suis encore en capacité de faire ce choix, et vous élus du peuple, êtes en capacité de faire adopter une loi le permettant. La peine de mort ayant été abolie en 1981, une peine de détention jusqu’à la mort a remplacé celle-ci dans les faits.
Vous pouvez l’ignorer, mais c’est un fait établi dont personne ne parle. N’attendez pas comme d’habitude qu’un très grave fait divers intramuros vous oblige, sous la pression médiatique, à vous pencher sur ce dossier de la fin de vie des très, très longues peines. J’en terminerai en citant Cioran :
"Je ne vis que parce qu'il est en mon pouvoir de mourir quand bon me semblera : sans l'idée de suicide, je me serais tué depuis toujours."
Saint Étienne, Paname, Nantes, Aubervilliers, Marseille, Villeurbanne, Lille, Rabastens, Bayonne… On continue de se balader pour présenter notre dernier livre, qui porte la voix de plus de 50 prisonnier·e·s qui rappellent que non, la peine de mort n’a jamais été abolie.
Mantes-la-Jolie Des prisons, pour quoi faire ? Mercredi 2 février à la librairie la Nouvelle réserve – à partir de 19h – 5, rue du maréchal Foch, Limay.
Il est presque rentré partout à l’intérieur, et chez tous les abonnés ! Abonnez-vous et/ou commandez-le via contact@lenvolee.net ! Retrouvez les lieux de dif’ en cliquant ici. Au sommaire :
« L’émotion est à son comble », lettre de Nadia – p.5
La peine de mort n’a jamais été abolie, des prisonniers troublent la fête d’anniversaire – p.7 * Lettres de 2021 de L’Infâme, Francis, Mounir, Daniel et Kémi
Matons violents en procès et familles en colère – p.15 * Homicide à la centrale de Saint-Martin-de-Ré * « On en a marre qu’ils salissent nos défunts » par Charlotte
A l’isolement – p.18 * « La nécessité d’une mise à jour », lettre de Libre Flot * « Le QI peut abattre même les plus durs d’entre nous », lettre de Mickaël
Des nouvelles de l’ami Papillon – p.25 Traque, enfermement, expulsions… Violence d’état contre les étranger·e·s – p. 26 * « La pénitentiaire disait… », lettre de J. * « A chaque avion qui décolle, on panique », entretien avec S. * Refus de test PCR, par La Sellette * Une expulsion en quatre-vingts tours du monde, par B. « On ne se met pas à la place de la personne retenue en Ehpad », entretien avec Christine R. – p.34 Lettre ouverte d’une Gilet jaune contre la répression, par Nia – p.36
Notes sur le procès des révoltes provoquées par la mort d’Adama Traoré en 2016 – p.38 Transphobie en prison – p. 42 * « Criminaliser les femmes qui se défendent » à propos du procès de Jennifer * « Je ne me sens plus en sécurité depuis l’agression que j’ai subi », lettre de A.
Covid ou pas covid, ce qui ne varie pas, c’est le mépris – p. 45
« J’ai écouté l’émission, j’ai été très ému », lettre de Y. – p. 46
Coin lecture – p. 47
Merci à Nia, Léo, Laurent, Svink et aux colleur·euse·s pour les illustrations du numéro !
Édito L’Envolée 54 – novembre 2021
S’il y a bien un « lien indissoluble entre la dictature et la peine de mort » – dixit Robert –, qu’en est-il du lien indissoluble entre l’État – sous quelque forme qu’il se présente – et la violence systémique de ses agents en armes ? Entre l’État et la torture blanche soigneusement invisibilisée dans ses prisons ? Toutes les prisons sont des couloirs de la mort ! Nous avons tenté de faire vivre cette vérité avec la sortie d’un livre, des discussions publiques, des affiches sur les murs…
Au même moment, le budget pénitentiaire 2022 était examiné à l’Assemblée nationale et, toujours sans surprise, «l’extension du parc immobilier pénitentiaire» concentre l’immense majorité de ces fonds publics. L’autre gros poste de dépense, c’est la sécurisation des prisons. À croire que les conclusions des États généraux de la justice ont déjà été tirées : c’est la poursuite du programme pénal amorcé à la fin des années 1970, avec toujours plus d’enfermement préventif, plus de délits mineurs poursuivis et des peines qui s’allongent. Ce budget s’inscrit tout simplement dans la continuité d’une politique de surenfermement de la population : 49 000 prisonniers en 2001, 70 000 en 2020, 80 000 à l’horizon 2027 – sans aucun lien avec une quelconque évolution de la démographie ou de la « délinquance ». Le lien, c’est du côté de l’appauvrissement du plus grand nombre qu’il faut le chercher, tandis qu’une frange non négligeable de la grande bourgeoisie en profite en assumant de plus en plus ouvertement l’option fasciste.
« Il faut s’opposer au passe sanitaire qui nous habitue un peu plus au contrôle de nos déplacements », tentent de crier des manifestant·e·s. C’est vrai… mais nous nous sommes bien habitués aux tentes d’exilés lacérées par des fonctionnaires de police ; nous nous sommes habitués à laisser crever des gens trente ans en prison ; nous nous sommes habitués à voir dissoudre des associations « islamistes », « gauchistes », « islamogauchistes »… Nous nous sommes habitués à ce qu’on bâtisse des murs pour éloigner les usagers de drogues ; nous nous sommes habitués à ce que les mots changent de sens et qu’« antifa » veuille dire fasciste dans la bouche des éditorialistes de garde ; à entendre un ministre des migrations proférer que les « murs des camps protègent les migrants »…
Nous nous sommes habitués ? Qui ça, « nous » ? La « majorité » ? Ça reste à voir ! Des collectifs s’organisent ici et là contre les constructions de prisons à venir, des prisonniers et des prisonnières continuent de se battre à l’intérieur ; des Gilets jaunes mutilés, des proches, tués au mitard ou dans la rue par la police s’organisent pour combattre la violence de l’État ! Et ça fait tout de même du monde !
L’Envolée se veut un porte-voix pour les prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait. Le journal publie des lettres, des comptes rendus de procès, et des analyses sur la société et ses lois. Il prolonge le travail mené par des émissions de radio qui maintiennent un lien entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, hors du contrôle de l’administration pénitentiaire (AP). Le journal est réalisé par des ex-prisonnier·e·s, des proches de prisonnier·e·s et d’autres qui savent que la prison plane au-dessus de nos têtes à tous. Il est primordial de faire exister la parole des prisonnier·e·s qui sont les mieux placés pour décrire leur quotidien, dénoncer leurs conditions de détention, les violences qu’ils et elles subissent et critiquer la prison. Une parole qui sort de la prison constitue un acte politique qui dérange l’ordre des choses, surtout quand cette parole est collective. Nous sommes convaincu·e·s que les mots inspirent et nourrissent la lutte contre la justice et l’enfermement. La prison est le ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de se développer. Prisons et justice servent principalement à enfermer la misère. En jouant son rôle de repoussoir social, l’enfermement carcéral produit la peur nécessaire au maintien de cette société. Ainsi la prison sert aussi à enfermer dehors. Ce journal existe depuis 2001 malgré les censures de l’AP, malgré les poursuites pour diffamation, malgré nos faibles moyens. Nous ne comptons que sur l’argent des abonnements extérieurs et des événements de soutien pour le financer. N’hésitez pas à écrire, à vous abonner et à abonner vos proches : pour les prisonniers et les prisonnières l’abonnement est gratuit.
Les décisions administratives refusant à une personne prisonnière de commander une revue ou de la détenir peuvent faire l’objet d’un recours administratif. Règlement intérieur type, Article 19, annexe de l’article R57-6-18 du Code de Procédure Pénale
Retour sur le procès de 7 matons qui ont tué Sambaly en août 2016 à la prison de Saint Martin de Ré, qui a eu lieu du 29 novembre au 1er décembre à la Rochelle. Appel et discussion avec Oumou, soeur de Sambaly.
Diffusion d’un enregistrement envoyé par l’assemblée d’Ile de France contre les centres de rétention (abaslescra.noblogs.org). Une personne récemment expulsée en Guinée, sans avoir fait de test PCR, revient sur son passage en CRA et la violence des expulsions.
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L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001
« Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes ! La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant. C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine. Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »
Voici une lettre écrite par plusieurs prisonniers de la taule de Caen et qui nous est parvenue en octobre dernier. Ils y reviennent sur la mort de Youssef, un codétenu, pour qu’il ne soit pas oublié. Ils rappellent également que la peine de mort n’a pas été abolie et que la prison tue. Et que, loin des regards et des médias, ce n’est que grâce aux prisonniers et aux proches que la mémoire de ces personnes existe et que la responsabilité de la prison et de l’administration pénitentiaire est dénoncée.
CD de Caen
Octobre 2021
Salut l’Envolée,
Notre codétenu Youssef s’est pendu dans sa cellule mardi 11 octobre. Il avait 28 ans. C’est le 3ème suicide depuis avril. On devrait plutôt dire mort par enfermement mais bon, quoi de neuf depuis l’abolition de la peine de mort?
Il était seul. Soudanais, sans papiers, sans famille ni amis pour le soutenir économiquement et émotionnellement. D’ailleurs, il était en détresse psychologique. C’est de soins dont il avait besoin! Il était difficile à vivre en cellule, il était sérieusement malade, ses codétenus n’ont jamais tenu plus de 4 heures avec lui. Alors ils ont fini par le mettre seul. Mais un mec comme ça tu ne peux pas le laisser seul. Dans sa cellule, les fenêtres étaient à deux mètres de haut, il ne voyait pas l’extérieur! Quand il avait refusé d’aller à la douche, la réponse du surveillant : « Va te laver espèce de gros porc! ». C’était comme ça tout le temps avec les matons, forcément un mec sans famille ni amis pour se soucier de lui… Il avait droit aux 20 balles que l’AP donne gracieusement aux détenus sans revenus. Pour les fringues, les produits d’hygiène et de première nécessité va falloir revenir ! Alors on le dépannait de temps en temps, sinon il ramassait les mégots par terre en promenade…
Mais bon ça fait une bouche en moins à nourrir pour l’AP et puis un délinquant en moins …
Ce matin là, le surveillant l’a vu par l’oeilleton à 6h15 du matin, pendu. Ils ont attendu 6h45 pour ouvrir la cellule. En 30 minutes ils auraient peut-être pu le sauver! Mais bon ça fait une bouche en moins à nourrir pour l’AP et puis un délinquant en moins.. Ça rentre dans les quotas et les stats alors tout va bien!
On ne les laissera pas nous tuer à petit feu dans l’indifférence générale dans leurs prisons de merde
On a parlé de lui à l’église et à la mosquée, on essaye de voir si il n’y a pas moyen de contacter de la famille quelque part.. Pas un mot dans les journaux, même locaux. C’est normal quand il n’y a personne pour s’approprier Youssef et demander des comptes! On a tenté d’écrire à Ouest France sans trop d’espoir. Nous on ne le laissera pas être oublié. Pour que plus personne ne tombe dans l’oubli. C’est pas parce qu’ils nous enferment loin de tous les regards qu’on va subir en silence! On ne les laissera pas nous tuer à petit feu dans l’indifférence générale dans leurs prisons de merde.
Envoyée à une mauvaise adresse, cette lettre de Daniel datée de juillet 2021 ne nous est parvenue qu’en octobre ; dommage, car ces réflexions et analyses limpides ont toute leur place aux côtés des lettres publiées dans le livre La peine de mort n’a jamais été abolie. Où commence la barbarie d’une peine ?, interroge Daniel. Il pose aussi la question de l’opportunité d’entamer une bataille juridique en déposant des requêtes à la commission de Strasbourg sur la notion de « peine inhumaine ».
Par ailleurs, cette lettre nous arrive de Ensisheim ; on en profite pour rappeler que l’émission est désormais écoutable dans cette centrale d’Alsace sur les ondes de Radio MNE à Mulhouse. Merci à l’équipe !
Maison centrale d’Ensisheim,
le 5 juillet 2021,
Bonjour aux Envoleurs (de L’Envolée),
Je devais vous écrire, il y a longtemps déjà, mais bon, mieux vaut tard que jamais, alors voici.
Un soir (sur je ne sais quelle station), il y a quelques mois, j’écoute (un bref instant) telle personne du monde libertaire (!) qui raconte qu’un jour il eut connaissance quel tel perpète était encore en taule après une quarantaine d’années où on l’y avait oublié. Il termina en précisant que si l’on avait donc aboli la peine de mort en France « pour mettre ça à la place (des quarante ans de cage), ce n’était pas la peine ».
Ailleurs et jadis, Badinter aurait déclaré que s’il avait su alors que la perpète deviendrait sans fin, il aurait fixé une limite à cette peine de barbare.
Il y a une quinzaine d’année (voire plus), j’ai tenté une requête à la Commission européenne des droits de l’homme (sic) à Strasbourg visant tel article de la convention (sic) selon lequel : « nul ne peut être condamné à un traitement ou une peine inhumaine ». Je posais ainsi la question gênante : est-ce que garder trente années et plus quelqu’un en taule est une « peine humaine » ? On ne pouvait que répondre : NON ! Aussi, ma requête a été rejetée (sous tel prétexte). Une amie de Suisse a tenté alors une même requête ; celle-ci a été évidemment rejetée aussi (sous tel ou tel prétexte).
Octobre prochain : quarantième anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France (un siècle après le Portugal). On peut d’ores et déjà s’attendre à de forts méchants « débats » (truqués) où tel ou tel invité choisi réclamera le retour « immédiat » du coupage de tête ou de la taule à vie pour tous.
Ma question sera alors la suivante : est-ce que vous seriez partant en tant qu’association pour tenter une requête à ladite commission de Strasbourg sur la notion de « peine inhumaine » ? Si l’OIP, l’Arapej, le Genepi et autres pouvaient s’associer à la démarche.
Jadis, j’avais écrit à la Commission nationale consultative des droits de l’homme à Paris qui m’avait répondu que ce n’était pas à eux de s’occuper du sujet mais au contrôleur général des prisons… Mme Hazan, que j’avais alors contacté, m’avait fait savoir qu’elle avait parlé du sujet dans son rapport annuel, mais tout le monde sait l’impact en France de ce type de rapport… En début d’année 2021, j’ai écrit au même sujet à Badinter, à Dupond-Mor (deux fois), à sa porte-parole (Mme É. Masson) : aucune réponse de personne (sujet gênant ou courrier pas lu, ou…)
À noter aussi que, sur ce sujet, tout le monde ment. Les Dernières Nouvelles d’Alsace par exemple déclarent qu’on (les perpètes) sortiraient de taule après 19 années, tel magistrat (à la télé, radio et autre) affirme que l’on sort tous après 22 ou 25 années de taule. Quand je suis arrivé dans ce camp, les perpète sortaient en général après 16 à 19 années de taule. De nos jours, après 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36… années (la plupart avaient 15 ans de sureté) et « 36 repassages » au centre national d’évaluation (sic). On est encore en cage. Si ça, c’est pas des peines barbares, qu’est-ce que c’est ?
En France, à l’heure actuelle encore, il est interdit de se réinsérer. La preuve par les chiffres : près de 80 % des demandes de conditionnelle (moyennes, longues et trop longues peines) sont refusées. Cette situation n’est pas due par exemple à un « manque de moyen » (ou autre refrain) comme le croit et l’écrit l’analyse parue en mai dernier dans l’article du Monde diplomatique « Une justice au bord de l’implosion » (sic) mais cela est dû à l’idéologie à laquelle adhèrent les refuseurs. Le phénomène n’est pas nouveau, Badinter signale je ne sais plus où cette adhésion massive des magistrats à telle idéologie pour la période 39-45…
Bref, je vous remercie de votre attention, recevez mes salutations.