Bernard Ripert est transféré en ce moment de l’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève à celui de Bassens en Savoie. Il a réussi à faire savoir que s’il avait été hospitalisé d’office, c’est parce que le parquet n’avait pas d’éléments suffisants pour le placer en détention. Alors le procureur a ordonné une expertise psychiatrique : on connaît ce genre d’expertises aussi bidon que nocives… (suite…)
Étiquette : vengeance sociale
-
Ils veulent faire passer Maitre Bernard Ripert pour fou, solidarité pour qu’il sorte de l’HP
En fin de journée, Bernard Ripert a été interné en hôpital psychiatrique. « L’expert psychiatre a estimé qu’il s’agissait d’une personne présentant des troubles mentaux nécessitant son hospitalisation sous contrainte en structure psychiatrique », a déclaré Jean-Yves Coquillat procureur de la république de Grenoble. (suite…)
-
Solidarité avec Bernard Ripert, avocat de combat placé en garde à vue le lundi 23 mai
Me Bernard Ripert a été mis en garde à vue ce matin. En mode western : cinq voitures pour bloquer l’accès à son domicile, dix flics pour venir l’alpaguer l’arme au poing dont cinq en sécurisation dehors et cinq autres pour le menotter dans le dos et le tirer hors de chez lui. « Il a été interpellé comme un terroriste alors que c’est lui qui est terrorisé », a déclaré son épouse. « Ça ne s’est pas bien passé. C’est inquiétant, cette façon de procéder. » C’est même intolérable. (suite…)
-
EXIGEONS LA LIBERATION DU LYCEEN NANTAIS INCARCERE POUR « TENTATIVE D’HOMICIDE SUR PERSONNE DEPOSITAIRE DE L’AUTORITE PUBLIQUE »
Ce samedi 14 mai, un lycéen nantais de 18 ans a été mis en examen pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » après une garde à vue de 48 heures. Il a été immédiatement incarcéré sur un mandat de dépôt criminel. Cette inculpation est très grave, sans aucune comparaison possible avec les habituels « outrages et rébellion » et autres « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » qui s’accumulent dans les audiences de comparutions immédiates. Elle inscrit les faits dans une procédure « criminelle » qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité…
Les faits ont été relatés par la presse nationale comme étant d’une « violence » extrême. En fait, un commandant de police qui n’avait pas réussi à reculer assez vite après une charge de ses CRS a été pris à partie par un groupe de manifestants qui lui ont asséné plusieurs coups. Le gradé a visiblement eu le nez fracturé et on a dû lui faire une quinzaine de points de suture. Par ailleurs, il n’y a pas d’éléments précis qui peuvent attester de la participation du jeune inculpé aux coups donnés. Tout reste donc très flou.
Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est l’acharnement violent et méthodique déployé par les forces de police contre les manifestants depuis le début du mouvement. Passages à tabac (particulièrement à Nantes et à Rennes), coups de matraque, utilisation de grenades « désencerclantes » qui blessent en cas d’impacts directs, tirs avec leurs nouveaux flash-ball à hauteur de visage pour crever des yeux, etc. Tout le monde aura déjà pu apprécier l’efficacité de ces armes sur des images et vidéos diffusées sur Internet.
On entend répéter en boucle, « un commandant de police blessé »… Si cela vaut plusieurs années de prison, comment « comptabiliser » les multiples yeux crevés par des flash-ball, comment « évaluer » la mort de Rémi Fraisse et celle d’Amine Bentousi abattus froidement par la police, pour ne citer que deux exemples… Et dans ces cas où ce ne sont pas des « tentatives » mais bien des « homicides », la justice prononce toujours des non-lieux ou des acquittements. Et là, l’Etat ne prend même plus la peine de faire croire que la justice en est une.
Oui, une bonne partie de la jeunesse n’a pas envie de se soumettre au pouvoir (qu’il soit financier, policier, militaire, politique) dont la règle est de voler les vies du plus grand nombre au profit de quelques-uns. Elle crie haut et fort depuis quelques semaines ce refus d’un monde d’exploitation. Et ils sont gentils ces manifestants de ne pas répondre plus violemment à cette déferlante d’uniformes qui vise à décourager la majorité des participants au mouvement en cours et à faire déserter manifestations et occupations.
Nous exigeons la libération immédiate de ce jeune homme. De toutes façons, il y a peu de chance qu’il échappe à un procès, mais au moins qu’il l’attende dehors et non pas emprisonné comme tant d’autres le sont déjà ; nous savons combien les peines sont plus sévères pour les accusés qui comparaissent menottés que pour celles et ceux qui comparaissent libres. Et qu’il ne serve pas de cadeau de la justice à des syndicats de police bien contents de se voir « aimés » par leurs collègues en robe noire. Qu’il ne serve pas non plus d’exemple repoussoir à une jeunesse qui refuse le monde qu’on lui prépare.
Il est partie prenante du mouvement actuel au même titre que tous les manifestants et grévistes qui y ont pris part. On ne le laissera pas tomber.
L’Envolée
Pour informations complémentaires dans les jours à venir : lenvolee.net
Pour nous écrire : contact@lenvolee.net
On peut lire un article de soutien aussi sur le blog de Patrick Gabriel : https://blogs.mediapart.fr/patrick-gabriel/blog
-
Christine Ribailly repasse en procès suite à la plateforme de revendications de la MAF
« il arrive que des condamnés commettent le crime de parler… » A.M. Jacob Le 28 avril 2015, Christine Ribailly devait être extraite de la prison de Strasbourg afin de comparaître au tribunal de Poitiers pour y répondre d' « incidents » survenus à l'automne 2014 quand elle était incarcérée à Vivonne. Pour des raisons qui ne lui appartiennent pas, Christine n'a pas été transférée ce jour-là et son audience remise au mardi 6 octobre 2015 à 13h au tribunal de Poitiers. Allons-y!
Isolement, éloignement familial, transferts disciplinaires, fouilles à nu, violences, quartiers disciplinaires, humiliations… Pour les près de 70 000 prisonniers en France, chaque journée passée en prison est un défi face à l’Administration Pénitentiaire (AP). Forte d'une multitude d'outils et de dispositifs tant violents qu'insidieux, l'AP encadre l'atomisation des prisonniers et orchestre la répression de leurs résistances. Pour n'en citer que quelques exemples : -casques, boucliers, équipes d'intervention anti-émeute (ERIS) -sédatifs et anti-anxiolytiques -chantages à la possibilité d'avoir accès à des remises de peines, activités, parloirs, UVF (Unité de Vie Familiale), … qui deviennent des faveurs à quémander à l'AP, -organisation de l'espace qui vise l'atomisation des détenus (cellules d'isolement, quartier disciplinaire, segmentation par de nombreuses grilles d'accès, TV/douche/repas en cellule et donc seuls...) Aspirateur social, prison de la misère, machine à broyer, entreprise de déshumanisation, les mots n'ont jamais manqué pour désigner la prison, la taule. Des paroles de prisonniers aux enquêtes de l'Observatoire International des Prisons en passant par les témoignages des familles et proches de détenus, les conclusions sont les mêmes : la prison détruit l'être social. Résister en prison, c'est y survivre, c'est exister. Au centre pénitentiaire de Vivonne en décembre 2014, les détenues du quartier femmes rédigent une plate-forme de revendications collectives où elles expriment leurs frustrations et aspirations immédiates dans le cadre de leur détention. C'est dans ce contexte d'expression collective que l'Administration pénitentiaire de Vivonne décida de porter plainte contre Christine qui comparaîtra ce mardi 6 octobre pour outrage, violence et rébellion. Face aux institutions, ne pas se laisser piétiner et tabasser est trop souvent synonyme d' « outrage, violence, menace »... En prison, en plus de l'insupportable privation de liberté, les situations de confrontation et d'humiliation sont le lot quotidien des prisonniers face aux agents de l'administration pénitentiaire et leurs supérieurs : refus de promenade, de séances de sport, fouilles diverses et multiples, problèmes de courrier ou remarque déplacée, palpations, annulations de parloir… D'autant plus que « les matons disent qu’ils ne font que respecter la loi. [...] Mais c’est rarement le cas. » Alors à chaque manquement à ses droits ou provocation, que Christine soit elle-même concernée ou que l’une de ses codétenues soit visée, elle réagit avec la même ardeur et, en retour, essuie des sanctions. Christine a ainsi passé la moitié de ces deux dernières années en quartier disciplinaire ou à l’isolement, et subi treize transferts d’établissement. Certaines confrontations mènent à des insultes ou affrontements physiques… A plusieurs reprises, Christine a porté plainte contre des surveillants : ses plaintes n'ont jamais été retenues. À plusieurs reprises, des surveillants ont porté plainte : ils y ont gagné du fric et de nouvelles peines pour Christine. En deux ans d’emprisonnement, Christine a ainsi accumulé plus d’une année d’incarcération supplémentaire à sa peine initiale (elle-même le fruit d'« outrages, violences et rébellions »). Sans notre soutien, les prisonniers et leurs combats face à l'Administration pénitentiaire sont écrasés dans le silence. Soyons nombreux mardi 6 octobre 2015 à 12h devant le tribunal de Poitiers (Place Alphonse Lepetit) Christine va-t-elle enfin pouvoir pisser dans l'herbe?
Pour lire tous les courriers de Christine : http://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/
Pour tout contact : christinecontact@riseup.net
LISTE DE REVENDICATIONS DES PRISONNIÈRES DE LA MAISON D’ARRÊT DES FEMMES DU CENTRE PÉNITENTIAIRE DE POITIERS-VIVONNE
Comme ailleurs, nous voulons :
– Des payes correctes, tant aux ateliers qu’au service général
– La suppression des QI et des régimes différenciés au CD
– Les portes ouvertes en MA et/ou le téléphone en cellule
– La mise en place systématique des aménagements de peine sans délais et des transferts en CD dès la condamnation
– La facilitation du téléphone, des parloirs et des UVF avec nos proches, enfermés ou non
– La fin des fouilles systématiques et/ou punitives
– Les repas appétissants : marre de manger du plastique !Localement, nous demandons :
– Des conditions dignes à la nursery : arrêt des réveils nocturnes, une cour avec de l’herbe, des temps de socialisation pour la maman…
– L’accès à l’école pour toutes : fin des refus avec la fausse excuse de la mixité
– La télé à 8 euros par mois : alignement sur la loi, comme dans les prisons publiques (18 euros ici pour Eurest)
– La fin de l’interdiction des apports aux parloirs (livres, disques, produits d’hygiène…) : on n’est pas là pour enrichir les cantines privées
– L’ouverture d’une salle de convivialité : elle doit être systématique quand la météo est mauvaise car il n’y a pas de préau dans la cour
– Plus d’activités : actuellement, il n’y a que « bricolages en papier « et « fitness », 2h. par semaine
– L’accès au terrain de foot : seuls les hommes y ont droit
– La gratuité du courrier interne : on doit timbrer les lettres pour le quartier hommes
(Ces demandes sont toutes réalisables dans l’état actuel de la législation) -
Prise d’otage ou prise de parole
Le 9 septembre, Fabrice Boromé a pris en otage le directeur adjoint de la toute neuve prison de Vendin-le-Vieil. Comme sa grande sœur de Condé-sur-Sarthe entrée en fonction deux ans plus tôt, ces deux prisons construites dans des régions dévastées par l’industrie puis par la désindustrialisation, ont pour fonction l’enfermement ad vitam de prisonniers considérés comme les plus rétifs à leur enfermement.
Des prisonniers qui ont à faire des « peines infaisables », comme ils étaient des dizaines à le dire dans le numéro que l’Envolée avait consacré au premier de ces QHS modernes (cf N 39). Des prisonniers à qui la politesse des bourreaux de cour d’assises n’a pas même laissé l’illusion d’une possible sortie. Leur plus grande faute étant le plus souvent de ne pouvoir se résoudre, précisément, à leur enfermement.
Fabrice Boromé n’a pas retourné contre lui-même son désespoir. Il a jugé plus efficace et plus utile de prendre en otage la plus haute autorité de la prison et par là même, l’administration pénitentiaire toute entière. Bref retournement de situation. Celui à qui la société a promis une prise d’otage perpétuelle récupère quelques heures.
Il va le payer au prix fort. Aux jérémiades des matons dans la presse -qui fidèles à leurs habitudes en profitent pour mendier quelques moyens supplémentaires- succéderont leurs coups et leurs brimades dans le silence des quartiers d’isolement où Fabrice sera baluchonné.
Il a ainsi « obtenu son transfert », ose écrire un journaliste. Non, il a obtenu de quitter provisoirement la dernière prison sécuritaire en date, nuance. Il avait obtenu de quitter Condé quelques mois avant. Quitter la dernière génération de QHS, celle des années 2010 pour à nouveau écumer les QI et QD de France, QHS des années 1980. Cela n’a pas grand’chose à voir avec l’obtention du rapprochement familiale qu’il revendique depuis des mois : retourner en Guadeloupe, où il lui reste son frangin, sa seule famille.
Ce prisonnier « particulièrement dangereux » comme le décrit l’AP complaisamment relayée par les perroquets de la presse, dit pourtant très clairement vis-à-vis de quoi il serait dangereux : la prison, les murs, les portes clefs et les gestionnaires de la vie enfermée des autres. Ses peines successives se sont accumulées au placard. L’institution qui estampille du sceau infamant de la « dangerosité » est directement responsable de la dite dangerosité puisque c’est contre elle quelle naît. En cela, encore une fois, la taule fait parfaitement son office. Banalité de base loin des propos lénifiants et pseudo humanistes sur la fonction imaginaire d’une prison conçue pour « réconcilier la société » ou « réformer les individus ».
Elle est l’expression de la vengeance sociale, point barre. Et ces taules de Condé ou de Vendin doivent permettre au système carcéral de tenir ses promesses, quant bien même il se prendrait les pieds dans le tapis de ces peines infinies qu’il a prononcé.
Ces prisonniers longues peines qui n’ont plus rien à perdre que la vie enfermée prennent la parole lorsqu’ils prennent en otage. Nous reviendrons sur cette histoire plus longuement dans le numéro du journal qui sortira en octobre. Fabrice devait être jugé pour la prise d’otage en comparution immédiate en fin de semaine dernière son procès est reporté au 16 octobre à Béthune…
Il a pour l’instant été transféré à la prison d’Annoeullin dont nous avons déjà beaucoup parlé dans le journal. Vous pouvez lire pour mémoire ces deux articles :
https://lenvolee.net/qhs-moderne-le-qmc-dannoeullin-et-lexploitation-des-prisonniers/
https://lenvolee.net/eh-bien-moi-je-dis-aux-detenus-mobilisez-vous/
Pour finir et pour se faire sa petite idée voilà ce qu’a dit la presse de cette prise d’otage :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/09/09/01016-20150909ARTFIG00159-pas-de-calais-prise-d-otage-a-la-prison-de-vendin-le-vieil.php http://guadeloupe.la1ere.fr/2015/09/09/fin-de-la-prise-d-otage-la-prison-de-vendin-le-vieil-285493.html
ttp://www.lavoixdunord.fr/region/vendin-le-vieil-le-detenu-preneur-d-otage-s-est-ia35b0n3033737 http://www.20minutes.fr/lille/1683319-20150909-prise-otage-vendin-vieil-syndicaliste-denonce-sentiment-impunite-detenus http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/vendin-le-vieil-prison-d-otage-la-prison-803037.html http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/vendin-le-vieil-prison-d-otage-la-prison-803037.html
-
Christine, une épine dans le pied de la matonnerie d’Epinal
Il ne nous a pas étonné, il ne nous a pas réjouit, cet article paru dans le quotidien Vosges matin le 09 juin dernier. C’est une attaque de plus contre Christine Ribailly et contre les prisonniers et prisonnières qui contestent. Il s’agit d’une tribune sur la situation de Christine Ribailly (à l’époque incarcérée à la maison d’arrêt d’Épinal) donnant la parole à Mme Fadila Doukhi, déléguée syndicale de la section FO pénitentiaire des Vosges. Comme souvent la PQR, pour remplir ses insipides colonnes, se fait le relais tout à fait partial de la communication des syndicats de matons ; ils cherchent ainsi à faire pression sur leur direction, sur la direction interrégionale ou sur la direction centrale de l’AP. Les matons-travailleurs entendent ainsi «gagner des droits», «améliorer leurs conditions de travail» sur le dos des prisonniers. En l’occurrence Christine, prisonnière non soumise.
Incarcérée depuis plus de deux ans et demi, Christine se trouve dans un rapport de force quotidien avec l’administration pénitentiaire pour se faire respecter face à des conditions de détention toujours plus difficiles pour l’ensemble de la population carcérale. La corporation de matons d’Épinal, comme bien d’autres, n’aime pas les récalcitrants et cette fois-ci a voulu faire connaître ses élucubrations sur la manière dont elle voudrait voir gérer l’incarcération de Christine par l’administration pénitentiaire. Après avoir, une énième fois, pleurniché sur ses conditions de travail, cette corporation ose ici demander à ce que les protestations de Christine soient considérées comme manifestations de folie afin de la faire interner et ne plus l’avoir dans les pattes. La révolte, une maladie? Non, une épine dans le pied de la matonnerie…
Le courrier ci-dessous -lettre ouverte envoyée aux institutions judiciaires et pénitentiaires- vient rappeler à ces sordides apprentis toubibs que personne ne leur a demandé leur avis et qu’ils peuvent donc se le garder !
Pour l’instant, Christine est toujours en détention, et heureusement pas en institution psychiatrique. À défaut, ces matons d’Épinal auront obtenu, fin juin, le transfert de Christine.
Elle est aujourd’hui à la Maison d’arrêt de Metz.
Face à ces efforts pour détruire les détenus et leurs résistances en prison, restons attentifs à l’évolution de la situation de Christine.
Pour continuer de lui écrire :
Christine RIBAILLY, écrou 57937, 1 rue de la Seulhotte, BP 95020, 57071 METZ cedex 3
A l’attention particulière de
FO Pénitentiaire des Vosges
la direction de la MA d’Épinal
la Direction Régionale de Strasbourg
la Garde des sceaux
la Rédaction de Vosges Matin
la direction de la MA de MetzOBJET : Situation de Mme Christine RIBAILLY, anciennement détenue à la MAF d’Épinal – Réaction à l’article de Vosges Matin paru le 9 juin 2015
Mesdames, Messieurs,
Nous venons ici attirer votre attention sur la situation de Mme Christine Ribailly, actuellement incarcérée à la MAF de Metz, et précédemment, à la MAF d’Épinal. Dans un même temps, nous souhaitons réagir à l’article « Une détenue qui pousse à bout le personnel » paru dans le quotidien Vosges Matin du 09 juin 2015. Véritable tribune d’une section syndicale de surveillants qui se veulent à la fois juges, psychologues et médecins, cet article autorise et soutient ces surveillants dans un exercice qui dépasse leur fonction, et vise à aggraver la situation de cette détenue dans la droite ligne du travail engagé, depuis plus de deux ans, par l’Administration Pénitentiaire et la justice. Si cet article se garde bien de la nommer, il ne fait aucun doute que la détenue dont il est question est Mme Christine Ribailly, enfermée depuis novembre 2012 pour ses insoumissions à l’autorité de différentes institutions publiques, dans la défense de ses revendications.Dans cette tribune, la section FO Pénitentiaire des Vosges déclare, par la voix de Mme Fadila Doukhi, que la «place [de Mme Ribailly] ne serait pas en maison d’arrêt mais en hôpital psychiatrique ». Il est inacceptable qu’une corporation syndicale de surveillants s’arroge le droit de colporter les élucubrations du personnel sur l’état de santé d’une détenue. Quelle formation médicale possède ce personnel pour se permettre de tels diagnostics ?
Si par la même voix de Vosges Matin, la direction de la MAF d’Épinal veut donner à croire qu’elle ne partage pas l’avis de son personnel syndiqué, les faits montrent le contraire. En effet, rapidement la direction donnait raison à la demande de la déléguée de FO en procédant à un signalement auprès de la préfecture : le 17 juin 2015 Mme Ribailly était ainsi convoquée pour une expertise psychiatrique. Celle-ci, n’a, heureusement et pour l’instant, pas donné lieu à une décision d’hospitalisation sous contrainte.
Malheureusement, nous ne savons que trop bien à quoi peut servir le recours à l’institution psychiatrique dans la gestion des détenus par l’Administration Pénitentiaire. Loin de tout altruisme, cette pratique n’a d’autre but que de faciliter le travail du personnel pénitentiaire pour des cas de détenus trop récalcitrants au quotidien carcéral.
Dans les faits, après les traditionnels transferts disciplinaires et autres placements au mitard ou en isolement, l’internement psychiatrique vient comme ultime sanction disciplinaire appelée par l’administration pénitentiaire. L’injection de sédatifs et la camisole physique sont en effet redoutables pour ce qui est de casser toute velléité de protestation.
Le personnel pénitentiaire se voit alors rapidement soulagé. Les détenus voient leur santé rapidement et dangereusement dégradée.
Concernant Mme Ribailly, ce n’est pas la première fois que l’Administration Pénitentiaire brille par de telles pratiques ! Il y a quelques mois seulement, l’administration de la MAF d’Elsau à Strasbourg, réussissait, par un signalement similaire, à faire placer Mme Ribailly à l’UHSA de Nancy. Sitôt arrivée, la médecin psychiatre de service reconnaissait le caractère abusif de ce placement et procédait à la levée de l’hospitalisation sous contrainte.
En 2011, c’était le centre pénitentiaire de Lyon-Corbas qui faisait procéder à un même placement à l’UHSA du Vinatier à Lyon. Suite à un recours de la part de Mme Ribailly, le tribunal administratif jugea, a posteriori, ce placement abusif et demanda son annulation administrative.
Nous dénonçons ces pratiques régulières de la part de nombreuses institutions, comme l’administration pénitentiaire, mais également de nombreuses autres institutions de l’autorité publique (forces de police et de gendarmerie, justice, mairies, préfectures, etc.) qui, lorsqu’elles se trouvent face à une contestation de leur autorité, n’hésitent pas à juger comme « fous » leurs détracteurs afin de s’en débarrasser à grands coups de camisoles physiques et chimiques.
Par ailleurs, nous tenons également à dénoncer des pratiques, malheureusement trop communes, qui visent à monter les détenus les uns contre les autres. Dans le même article de Vosges Matin, il est fait référence aux soi-disant inquiétudes pour leur surveillantes, formulées par courrier, d’une dizaine de détenues de la MAF d’Épinal. Nous savons que trop bien comment fonctionne le chantage, aux sanctions d’un côté, et aux Remises de Peines Supplémentaires et petites faveurs de l’autre. Dans de telles conditions, il devient difficile de refuser quelconque demande du personnel pénitentiaire, qui quant à lui, combat toute forme de solidarité entre détenus.
Depuis maintenant plus de deux ans et demi, Mme Ribailly est incarcérée dans vos prisons. Initialement condamnée pour avoir contesté l’arbitraire dont fait preuve l’administration pénitentiaire face aux familles et proches de détenus, mais également pour son engagement contre le prélèvement ADN, le fichage de la population, la loi LOPPSI 2, le puçage et la vaccination obligatoire des brebis, et d’une manière générale, toutes les situations arbitraires générées par les autorités publiques.
Bien qu’incarcérée, Mme Ribailly continue de dénoncer les situations qu’elle subit et réprouve. En détention, il s’agit notamment des fouilles systématiques pratiquées par la plupart des établissements pénitentiaires en France et ce, malgré l’interdiction posée par la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009. Il s’agit également des cartes de circulations imposées pour tout déplacement à l’intérieur de la détention, continuum de la logique de fichage généralisé qui traverse la société. Et plus généralement, toutes les humiliations, chantages, violences, morales comme physiques, que peut produire le quotidien carcéral sur l’ensemble des détenus.
Face à toute velléité de protestation, l’administration pénitentiaire regorge de moyens disciplinaires et cela fait deux ans et demi que Mme Ribailly en fait les frais.
Nous dénonçons l’ensemble de ces pratiques :
-
Insultes, menaces et violences physiques et morales de la part du personnel pénitentiaire.
-
Chantages (suppression de parloirs, d’UVF, d’activités diverses, de repas, d’accès à la douche, de correspondances internes entre les détenu-e-s, des couvertures, des produits d’hygiène, de tabac, du droit à la défense par le refus d’appel à son avocat, de l’accès aux soins, etc.).
-
Sanctions disciplinaires telles les placements successifs au mitard puis en isolement lorsque les délais légaux sont dépassés (deux tiers de l’incarcération de Mme Ribailly passés en QD et QI), et les transferts disciplinaires à répétition et dans des établissements systématiquement loin de ses proches.
-
Plaintes à répétition de surveillants opportunistes et vindicatifs qui, par les procédures judiciaires à répétition, les lourds frais qu’elles engendrent et les ignobles dommages et intérêts qu’ils se voient accorder, ne visent qu’à user Mme Ribailly.
-
Report continuel d’une possibilité de libération par l’ajout de nouvelles condamnations prononcées en détention, par des suppressions de remises de peines et les refus systématiques des aménagements de peine auxquels elle a théoriquement droit.
Alors non, contrairement à ce qu’en disent les élucubrations des surveillants de FO, si traitement spécifique il y a avec Mme Ribailly, ce n’est certainement pas un « traitement de faveur » mais bien un ensemble de pratiques qui ne visent qu’à la faire renoncer à ses revendications, quitte à rallonger son incarcération et à mettre à mal son intégrité physique et morale, ainsi que celle de ses proches.
Dans l’immédiat, nous exigeons que cessent, sans délais, toutes les exactions précitées dont fait l’objet Mme Ribailly. Nous réclamons :
-
Que cesse toute pression et tout acharnement,
-
Que cesse l’ensemble des sanctions disciplinaires,
-
Que soit abandonnée toute tentative de placement en hôpital psychiatrique,
-
Que soit donné droit aux aménagements de peine auxquels Mme Ribailly a théoriquement accès,
-
Que soit donné droit à sa demande de transfert dans un établissement pour peine à proximité de ses proches.
Sachez que nous restons attentifs à l’évolution de la situation de Mme Ribailly que nous continuerons de dénoncer et de rendre publique ; et que nous ne cesserons de réagir de toutes les manières nécessaires aux traitements qui lui sont faits derrière les murs de vos prisons.
Mercredi 15 juillet 2015,
Enfinpisserdanslherbe,regroupement de personnes en soutien à Christine
Pour lire tous les courriers de Christine : http://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org/
Pour tout contact : christinecontact@riseup.net
-
-
L’Envolée N°41 • Hafed à l’honneur
Le dernier numéro du journal. Que du Hafed Benotman, co-fondateur du journal qui a distillé dans nos tronches beaucoup de ce qu’on peut penser de la prison, de la justice et du monde qui va avec. C’est drôle et c’est tranchant à la fois. C’est à mettre entre toutes les pattes. Ca se lit aussi et surtout sur papelard. Si vous ne trouvez pas de librairie qui le vend près de chez vous, abonnez-vous.
Pour ça écrivez à contact@lenvolee.net et envoyez un chèque de 15 Euros à l’ordre de l’Envolée, 43 rue de Stalingrad, 93100 Montreuil-sous-Bois. C’est toujours gratuit pour les prisonniers et leurs proches sans le sous.
Bonne lecture : 41 final comp
-
Le procès de Christine a été reporté au 6 octobre… motifs?
Mardi 28 avril 2015, Christine RIBAILLY, toujours prisonnière à la prison de Strasbourg, devait être extraite de sa cellule pour comparaître au tribunal de Poitiers et s’y défendre d’accusations d’outrages et de violences envers des personnes dépositaires de l’autorité publique. L’extraction n’a pas eu lieu, et le procès est renvoyé au 6 octobre 2015... Nous y serons ! Quels peuvent bien être les motifs de ce report ? Couper l’herbe sous le pied de la dynamique de soutien à Christine, qui s’amplifie ? Punir une fois de plus Christine, qui sortait tout juste du mitard, en lui interdisant cette sortie de cellule, de quelques 24h, que représente une audience à des centaines de kilomètres de son lieu actuel d’incarcération (pratique sadique assez commune de la direction pénitentiaire) ? Retarder l’affrontement du parquet aux conclusions de l’avocat de Christine, qui posent les nullités de la procédure et exigent la relaxe ? Quoiqu’il en soit des vraies motivations des autorités sur ce faux bond de dernière minute, les explications du greffe puis du juge ont été plus qu’évasives et obscures : Christine n’a pas été extraite « compte-tenu de la personnalité particulière de la prévenue », a rapporté le procureur (voir l’article de La Nouvelle République en lien). Incompétences administratives ? Ce nouveau report entretient une tension et contribue à la tentative d’épuisement de la résistance de Christine. Il équivaut à un nouveau sursis durant lequel elle-même et ses proches sont encore une fois éconduits et maintenus dans l’incertitude de sa libération. Face à la justice et l’administration pénitentiaire, notre mobilisation de solidarité à Christine et contre la société carcérale ne peut que se réaffirmer dans ces circonstances et ne faiblira pas ! Malgré ce renvoi, un rassemblement de solidarité a eu lieu devant le tribunal ce mardi 28 de 15h à 16h30. Entre 20 et 30 personnes ont souhaité manifester leur soutien à Christine et faire connaître sa situation au plus grand nombre. Un journaliste aussi a tenu à informer, au-delà de la brève, sur ce renvoi d’audience et la situation de Christine : http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Communes/Poitiers/n/Contenus/Articles/2015/04/29/Conditions-de-detention-pas-de-bergere-insoumise-2312693 Vous trouverez également en pièce-jointe un tract largement distribué avant et pendant le rassemblement. L’audience est donc reportée au mardi 6 octobre à 14h au tribunal de Poitiers. Nous y serons ! Pour prendre des nouvelles de Christine, le blog https://enfinpisserdanslherbe.noblogs.org et possibilité de lui écrire à l’adresse suivante : RIBAILLY Christine écrou 47564 MAF-BP10025 6, rue Engelmann 67035 Strasbourg cedex 2
-
Emission du 5 Mars 2015
Hafed libérable
Après une trop longue pause -liée à la vie réelle ainsi qu’à l’absence de vie numérique- notre site refonctionne. Pour combien de temps ? Personne ne peut le dire. On en profite donc pour s’en mettre plein les oreilles. On commence avec une émission de l’Envolée diffusée sur La locale (les mardi sur 87.2 de 19 à 20h30 en Ariège) et sur FPP (les vendredi sur 106.3 d 19 à 20h30 en Idf).
Comme vous le savez tous et toutes, l’ami Hafed a cassé sa pipe et nous a laissé tout seul nous débrouiller avec le merdier de ce monde… L’occasion de faire une belle fête en son honneur mais aussi de resortir ses textes. Nous en ferons sans doute le contenu principal du numéro de printemps du journal. En attendant nous en avons fait une émission.
On boit un coup de trop à sa mémoire en lisant quelques-unes des très belles lettres qu’il a écrites au journal qu’il avait lui même fondé entre deux séjours au placard.
Clairvoyance sidérante, drôlerie acerbe, intelligence farouche, rage indeféctible… que d’adjectif n’est ce-pas?
En épitaphe, un mot : Libérable!
Si vous êtes dehors quand vous écoutez, buvez une Leffe in memoriam (sa préférée) ou une quelconque autre boisson alcoolisée de votre choix.