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  • « C’est pas un « manque de soin », c’est un refus de soigner »

    « C’est pas un « manque de soin », c’est un refus de soigner »

    Retour sur la mort de Gordana à Fleury-Mérogis en 2012

    Nous avons appris par la presse qu’un médecin a été jugé le 15 novembre 2021 pour homicide involontaire sur une prisonnière de la MAF de Fleury-Mérogis. Cette prisonnière, c’est Gordana, décédée après avoir réclamé des soins en vain. Sylvia, qui anime l’émission de L’Envolée depuis des années, était incarcérée à Fleury en 2012. Le 19 novembre dernier, elle a raconté à l’antenne l’histoire comme elle l’a vécue (Écouter l’émission ici). Les prisonnières se sont révoltées. Si l’administration pénitentiaire ‒cette fois ‒ n’a pas pu complètement étouffer l’affaire, c’est grâce à leur ténacité. Quelques médias en ont parlé, et L’Envolée a relayé la parole des enfermées.

    Neuf ans (!) après, un médecin a fini par être jugé ; il risque tout au plus les quelques mois de sursis requis contre lui et une amende (verdict le 3 janvier). L’AP n’est même pas mise en cause : la justice n’a pas jugé utile de faire témoigner des prisonnières qui avaient dénoncé ce fatal refus de soins. Pourtant, ces récits montrent qu’au-delà du mépris du corps médical pour les prisonnier.e.s, c’est le système pénitentiaire lui-même qui a causé la mort de Gordana.

    « LES PRISONNIÈRES, ON EST ASSEZ SOLIDAIRES DANS DES MOMENTS COMME ÇA »
    Récit de Sylvia à l’émission L’envolée du 19 novembre 2021

    « On a vu un article sur le procès d’un médecin jugé pour « manque de soins » sur une femme décédée à Fleury-Mérogis en 2012. On a directement percuté que c’était de Gordana, morte dans la nuit du 1er novembre 2012, qu’ils parlaient. Dans cet article, on voit qu’un médecin est incriminé, mais il manque plein de gens, en fait, au procès !

    Commençons par le début : dans la journée, Gordana se plaint de douleurs à la poitrine, au thorax et au dos. C’est pas des plaintes, c’est vraiment des douleurs, elle est très fatiguée, elle est pas bien. Donc en promenade, on décide d’appeler la surveillante qui garde la cour ; on tape à la porte, ils ouvrent, on dit qu’elle est malade, que c’est grave, que dans son dossier médical il est connu qu’elle a des problèmes de cœur, et que ce serait bien qu’elle aille voir le docteur parce que c’est une alerte cardiaque mortelle. La surveillante referme la porte, les prisonnières retapent, insistent fortement… ils décident de faire remonter Gordana en cellule, qu’elle partage avec sa cousine.

    Toute la journée, elle reste enfermée, personne ne prend soin de venir l’aider. Les prisonnières, on est assez solidaires dans des moments comme ça… même si on s’aime pas, on est quand même solidaires, et quand y en a une d’entre nous qui est malade, on reste quand même humaines, et c’est le problème de tout le monde. Donc toutes les filles commencent à se rebeller et décident d’aller voir un gradé ‒ on va l’appeler Monsieur Piquet. Il explique que c’est certainement une crise d’angoisse et que s’il lui arrive quoi que ce soit, il en prendra l’entière responsabilité. Pourtant, apparemment, ce monsieur n’était pas au procès.

    Ensuite, comme on peut pas sortir de cellule, on frappe aux portes, ça frappe très tard et très fort ; ça prend les balayettes pour taper, ça met des coups de pied, ça crie aux fenêtres pour faire comprendre aux surveillants et aux gradés de garde qu’il y a un problème et qu’il faut agir. Il y a une surveillante ‒ on peut dire que son surnom c’était Spock ‒ qui passe dans le couloir quand ça tape aux portes en criant au désespoir, mais tout ce qu’elle trouve à dire, c’est : « Arrêtez de crier, c’est la fête des morts. » Elle est où, cette femme ? Elle est pas passée au procès.

    En France, y a pas beaucoup de prisons où y a un médecin de garde ; mais à Fleury-Mérogis, y en a un. C’est ce médecin de garde qui est incriminé. Il se décharge du fait qu’il s’occupait de deux hommes qui étaient malades, et c’est vrai qu’on en avait entendu parler. Donc il a diagnostiqué Gordana au téléphone, en disant que c’était pas très grave, que c’était effectivement une crise d’angoisse. Le souci, c’est que son dossier médical parle de problèmes cardiaques ; ça veut dire qu’il n’a même pas pris la peine d’ouvrir son dossier. Faut savoir que Fleury, c’est immense ; c’est tout un fonctionnement pour que ce docteur se déplace jusque là-bas, et à un moment, Gordana dit aux filles d’arrêter d’appeler les docteurs et de taper aux portes parce qu’elle est fatiguée. Donc ça s’arrête ; et le matin à 7 heures, elle est retrouvée morte dans leur cellule à l’ ouverture des portes.

    Suite à ça, y a eu des gros, gros mouvements à l’intérieur ; dont des refus de plateaux-repas. Ça peut paraître bête, mais c’est très significatif, un refus de plateau : ça veut dire que tu te mets en grève de la faim, et au bout de trois refus, le procureur de la république est obligé d’être au courant. Quand la presse a été prévenue, l’administration pénitentiaire se défendait en disant qu’il n’y avait que trois personnes qui refusaient le plateau. C’était évidemment complètement faux : y avait plus de 150 femmes qui le refusaient, prévenues comme condamnées. Après y a eu des refus de remonter de promenade avec des interventions des Éris [matons version robocop qui interviennent pour mater les prisonnier.e.s]. Les prévenues se sont alignées dans la cour en se tenant les mains. C’est assez symbolique, parce que c’est de cette façon que les Éris viennent en cours de promenade pour cerner les prisonniers ou prisonnières. Elles ont décidé de se mettre en ligne, et de prendre un briquet. Il y a pas de barreaux chez les femmes, à Fleury, donc c’est facile de jeter des trucs ; elles ont jeté des draps par les fenêtres et elles se sont entourées de draps en disant que si les Eris approchaient, elles s’immoleraient par le feu. Ça, c’était côté prévenues. Côté condamnées, elles ont fait un tas de draps au milieu de la cour et elles y ont mis le feu. Pour l’administration pénitentiaire, c’était très grave ; pour nous, c’était … pfff !

    Il y a eu 54 transferts disciplinaires. Ils disent tout le temps que Fleury est la plus grande prison de France, et effectivement, à l’époque il y avait 400 femmes ; 400 témoins de ce… de cet abattoir. Je sais pas comment appeler ça, mais pour moi c’est pas un « manque de soin ». Pour moi, c’est un refus de soigner.

    Dans les journaux, ils parlent pas des prisonnières entendues suite à la mort de Gordana, évidemment. Je trouve ça très triste. Ils banalisent la chose alors que Gordana avait sept enfants, en prison pour un petit délit… Je tenais à lui rendre hommage aujourd’hui. Son mari qui était incarcéré à Fresnes a appris la mort de sa femme dans des circonstances horribles. Quand on a contacté l’avocate de Gordana un an après sa mort, il y avait toujours pas eu d’autopsie. Et sans autopsie, pas d’enterrement…

    Le procureur requiert huit mois de prison avec sursis et 2 000 euros, et le médecin se défend en disant qu’il était submergé de travail et que la surveillante du moment a dit que c’était pas la peine de venir, qu’elle allait mieux. Elle s’est autoproclamée médecin ‒ avec ses réflexions de merde… En même temps, c’est pas qu’une question de diplôme. Quand t’es médecin, si t’es fatigué, mets-toi en repos. En plus il dit qu’il est de garde 24 heures ! On a l’UCSA [service médical de la prison] la journée, et un médecin de garde la nuit. L’après-midi, Gordana aurait dû aller à l’UCSA… ce médecin de garde, en fait, on s’en fout ! Et puis si c’est le même, il y a une lettre qui a été lue à l’antenne de l’Envolée à l’époque qui disait qu’il soignait les femmes comme de la merde. Je sais de quoi je parle, puisqu’on avait été amenées dans le bureau du directeur suite à cette lettre ! »

    A l’époque, des prisonnières et l’avocate de Gordana étaient intervenues à l’antenne de L’Envolée pour dénoncer le rôle du médecin et de la pénitentiaire dans la mort de Gordana. On peut lire des transcriptions plus complètes dans le n°34 (janvier 2013) du journal L’Envolée, disponible ici. En voici quelques extraits en écho au récit de Sylvia ci-dessus.

    « ON A AU MOINS RÉUSSI À FAIRE SORTIR L’INFO »
    Lettre de Sylvie

    Maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, le 8 novembre 2012

    Depuis la veille à 16 h 30, soutenue par sa codétenue, Gordana signale aux surveillantes qu’elle va mal. Douleur à la poitrine et fourmillements dans le bras gauche. Les surveillantes disent qu’il n’y a plus de médecin. Mais ont-elles appelé l’Ucsa ? À 22 heures, elles se re-signalent. Gordana va de plus en plus mal. [] À 23 heures, un chef monte, ouvre la cellule. Gordana redonne ses symptômes. Toujours mal dans la poitrine, et ce bras gauche qui ne bouge presque plus. Le médecin n’étant pas disponible, ce ne doit être qu’une crise d’angoisse. Le chef prendra ses responsabilités s’il se passe quelque chose ! Eh bien le pire est arrivé. On a laissé une femme angoissée au chevet d’une mourante. Cela s’appelle « non-assistance à personne en danger ». Il fallait l’amener aux urgences.

    Dès le vendredi après-midi, l’AP s’est passé le mot : ce n’est pas de leur faute, c’est le médical, s’il y a enquête. S’ils ne se sentaient pas coupables ou s’ils ne tentaient pas de se dédouaner, ils n’auraient eu aucune raison de communiquer avec nous. Cela a touché toute la maison d’arrêt des femmes. Vendredi après-midi, nous avons bloqué la promenade. Calmement, solidaires (un moment rare depuis que je suis en prison). Toutes les filles sont restées. [] Madame Herry, la directrice, est sortie en promenade. J’ai été lui parler. Voilà son discours, et sa défense bien préparée : « C’est pas nous, c’est le médical. » …et un chef de me préciser que depuis 1994, le médical est dissocié de l’AP. OK, mais qui détient les clés ? Qui est capable de réagir devant des situations d’urgence ? [] De plus, toutes celles qui ont pu ont fait sortir l’info. Les médias en ont parlé, et l’AP – alors que le matin elle avait dit que rien ne s’était passé aux journaleux qui avaient appelé –, bien sûr, a dû faire un communiqué. Nous avons bloqué gentiment. Pas d’émeute. Mais la violence est la seule réponse que l’AP a su opposer à notre souffrance. Trois détenues, pieds et poings liés, ont été transférées, escortées par les Éris. Plus de blocage. De toute façon, l’info est sortie. Maintenant, vous et moi on sait que des cas comme cela, il y en a au moins un par semaine. Les médias n’en parlent pas. Là, on a au moins réussi à faire sortir l’info. [] »

    Sylvie

    « LES SITUATIONS D’URGENCE SONT MORTELLES EN DÉTENTION »
    Extraits de l’interview de maître Crosnier, avocate des proches de Gordana, réalisée fin 2012


    Me Crosnier : Forcément, la pénitentiaire est couverte, puisque leur seule obligation, c’est d’avertir le médecin et de décrire tant bien que mal les symptômes. Gordana avait déjà averti le juge d’instruction et le juge des libertés qu’elle avait des antécédents cardiaques.[…] Les surveillantes n’ont pas une formation médicale qui leur permette d’appréhender si la situation est dangereuse pour la détenue ou pas. La description des symptômes est quand même parlante : douleur au bras et à la poitrine, a priori, n’importe qui arrive à comprendre qu’on est face à un accident cardiaque. Il y a tellement d’intermédiaires et il se passe tellement de temps entre le moment où la personne appelle à l’aide et l’arrivée des secours que les situations d’urgence sont mortelles en détention. Quand je suis arrivée en détention pour voir le mari à Fresnes, j’ai été prise à partie par un gradé de sa division qui m’a dit : « Ne vous en prenez pas à la pénitentiaire. » J’ai eu droit à une mise en garde à Fresnes [alors que Gordana est morte à Fleury-Mérogis]. Arriver à mettre en cause la responsabilité pénale de la pénitentiaire, c’est compliqué : ils se bordent en appelant le médecin. C’est sûr que le plus facile, c’est de s’en prendre au médecin, puisque c’est lui qui a la capacité de sauver la personne. C’est lui qui intervient en bout de chaîne, mais il n’est pas responsable de cette organisation. Je ne suis pas certaine que ce soit la partie médicale qui a organisé ce mode de fonctionnement quand il y a urgence. [Sa codétenue] s’est associée à la plainte, mais je ne sais pas si elle ira jusqu’à une constitution de partie civile. Après sa déposition devant la brigade de Fleury, quand j’ai annoncé que j’étais aussi son avocate, on m’a répondu : « Oui, enfin, vous savez… Maître… déjà, les dépositions de personnes incarcérées sous X … » Voilà le crédit qu’on apporte à la déposition de la personne qui est le premier témoin. Il y a forcément un a priori sur ses déclarations. […] En outre, il y avait d’autres filles du couloir qui tenaient absolument à être auditionnées parce qu’elles avaient entendu la cocellulaire appeler à l’aide plusieurs fois. La seule fille qui le sera finalement, c’est, comme par hasard, celle qui n’a rien entendu. Incohérence supplémentaire, les déclarations des surveillantes signalent bien des appels au secours… Il y a plusieurs détenues qui m’ont écrit pour être simple témoin, pour que leurs voix soient entendues et non pas pour porter plainte. La dernière lettre que j’ai reçue d’une de mes clientes de la MAF signalait : « Il y a des détenues qui vous ont écrit, sauf que les courriers ont été bloqués. » Parce qu’elles aussi, elles dénoncent la difficulté d’accès aux soins : il y a un seul médecin la nuit pour toute la maison d’arrêt des hommes et des femmes de Fleury. J’ai des clients qui attendent six, huit mois pour avoir une paire de lunettes en détention, et c’est nous avocats qui les leur apportons, glissées dans les cheveux pour pouvoir passer les portiques. Sans parler de tout ce qui est gynécologique, etc. J’ai des comptes rendus d’histoires qui se sont passées à la MAF qui sont très inquiétants, sur des avortements qui auraient été provoqués, non consentis. On explique aussi à ces femmes qu’avoir un enfant en détention, c’est vraiment pas le bon endroit.

  • Procès des matons homicides de Saint-Martin-de-Ré : dernier jour

    Procès des matons homicides de Saint-Martin-de-Ré : dernier jour

    Procès des 7 matons homicides, compte rendu à chaud, jour 3 : 1er décembre 2021

    À la Rochelle se tenait pendant 3 jours le procès en correctionnelle de 7 surveillants responsables de la mort de Sambaly Diabaté à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré en août 2016. Une histoire qui nous tient à cœur et dont nous nous sommes déjà fait les relais ici. Nous étions présents au procès pour soutenir les proches de Sambaly, mort par asphyxie dans les mains des matons. Nous avons fait tous les jours un compte rendu à chaud disponible en podcast à l’issue des audiences. Premier bilan provisoire des audiences.

    Ce mercredi 1er décembre, restait à entendre les plaidoiries des 6 avocats des 7 matons tueurs. La tâche n’était pas trop ardue, compte tenu des réquisitions scandaleuses de la proc. Rendu du tribunal, dont on n’attend rien si ce n’est qu’il se dessaisisse : le 27 janvier 2022 à 13h30. D’ici là, charge à nous de faire un maximum de bruit sur cette nouvelle mascarade judiciaire. Force et courage à Oumou Diabaté et à ses proches.


    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches. 

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
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    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
    Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • Procès des matons homicides de Saint-Martin-de-Ré : compte rendu à chaud, jour 2

    Procès des matons homicides de Saint-Martin-de-Ré : compte rendu à chaud, jour 2

    Procès des 7 matons homicides, compte rendu à chaud, jour 2 : 30 novembre 2021

    À la Rochelle se tient pendant 3 jours le procès en correctionnelle de 7 surveillants responsables de la mort de Sambaly Diabaté à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré en août 2016. Une histoire qui nous tient à cœur et dont nous nous sommes déjà fait les relais ici. Nous sommes présents au procès pour soutenir les proches de Sambaly, mort par asphyxie dans les mains des matons. Nous ferons tous les jours un compte rendu à chaud disponible en podcast à l’issue des audiences.

    Ce matin du mardi 30 novembre, le tribunal entendait les trois derniers matons homicides. Puis en début d’après-midi, des proches de Sambaly Diabaté s’exprimaient à la barre. Les avocat.e.s de la famille Diabaté ont ensuite plaidé la requalification des faits en « violences volontaires ayant entraîné la mort », pour tenter d’obtenir un renvoi aux Assises.

    La procureure a enfin donné son réquisitoire, des peines ridicules avec sursis.
    Demain, les avocats des tueurs déjà ravis vont tenter de faire baisser encore le tarif.

    Administration pénitentiaire, justice, police…

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    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

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    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • « Cette situation n’est pas due à un “manque de moyens”, mais à l’idéologie des magistrats »

    « Cette situation n’est pas due à un “manque de moyens”, mais à l’idéologie des magistrats »

    Envoyée à une mauvaise adresse, cette lettre de Daniel datée de juillet 2021 ne nous est parvenue qu’en octobre ; dommage, car ces réflexions et analyses limpides ont toute leur place aux côtés des lettres publiées dans le livre La peine de mort n’a jamais été abolie. Où commence la barbarie d’une peine ?, interroge Daniel. Il pose aussi la question de l’opportunité d’entamer une bataille juridique en déposant des requêtes à la commission de Strasbourg sur la notion de « peine inhumaine ».

    Par ailleurs, cette lettre nous arrive de Ensisheim ; on en profite pour rappeler que l’émission est désormais écoutable dans cette centrale d’Alsace sur les ondes de Radio MNE à Mulhouse. Merci à l’équipe !

    Maison centrale d’Ensisheim,

    le 5 juillet 2021,

    Bonjour aux Envoleurs (de L’Envolée),

    Je devais vous écrire, il y a longtemps déjà, mais bon, mieux vaut tard que jamais, alors voici.

    Un soir (sur je ne sais quelle station), il y a quelques mois, j’écoute (un bref instant) telle personne du monde libertaire (!) qui raconte qu’un jour il eut connaissance quel tel perpète était encore en taule après une quarantaine d’années où on l’y avait oublié. Il termina en précisant que si l’on avait donc aboli la peine de mort en France « pour mettre ça à la place (des quarante ans de cage), ce n’était pas la peine ».

    Ailleurs et jadis, Badinter aurait déclaré que s’il avait su alors que la perpète deviendrait sans fin, il aurait fixé une limite à cette peine de barbare.

    Il y a une quinzaine d’année (voire plus), j’ai tenté une requête à la Commission européenne des droits de l’homme (sic) à Strasbourg visant tel article de la convention (sic) selon lequel : « nul ne peut être condamné à un traitement ou une peine inhumaine ». Je posais ainsi la question gênante : est-ce que garder trente années et plus quelqu’un en taule est une « peine humaine » ? On ne pouvait que répondre : NON ! Aussi, ma requête a été rejetée (sous tel prétexte). Une amie de Suisse a tenté alors une même requête ; celle-ci a été évidemment rejetée aussi (sous tel ou tel prétexte).

    Octobre prochain : quarantième anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France (un siècle après le Portugal). On peut d’ores et déjà s’attendre à de forts méchants « débats » (truqués) où tel ou tel invité choisi réclamera le retour « immédiat » du coupage de tête ou de la taule à vie pour tous.

    Ma question sera alors la suivante : est-ce que vous seriez partant en tant qu’association pour tenter une requête à ladite commission de Strasbourg sur la notion de « peine inhumaine » ? Si l’OIP, l’Arapej, le Genepi et autres pouvaient s’associer à la démarche.

    Jadis, j’avais écrit à la Commission nationale consultative des droits de l’homme à Paris qui m’avait répondu que ce n’était pas à eux de s’occuper du sujet mais au contrôleur général des prisons… Mme Hazan, que j’avais alors contacté, m’avait fait savoir qu’elle avait parlé du sujet dans son rapport annuel, mais tout le monde sait l’impact en France de ce type de rapport… En début d’année 2021, j’ai écrit au même sujet à Badinter, à Dupond-Mor (deux fois), à sa porte-parole (Mme É. Masson) : aucune réponse de personne (sujet gênant ou courrier pas lu, ou…)

    À noter aussi que, sur ce sujet, tout le monde ment. Les Dernières Nouvelles d’Alsace par exemple déclarent qu’on (les perpètes) sortiraient de taule après 19 années, tel magistrat (à la télé, radio et autre) affirme que l’on sort tous après 22 ou 25 années de taule. Quand je suis arrivé dans ce camp, les perpète sortaient en général après 16 à 19 années de taule. De nos jours, après 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36… années (la plupart avaient 15 ans de sureté) et « 36 repassages » au centre national d’évaluation (sic). On est encore en cage. Si ça, c’est pas des peines barbares, qu’est-ce que c’est ?

    En France, à l’heure actuelle encore, il est interdit de se réinsérer. La preuve par les chiffres : près de 80 % des demandes de conditionnelle (moyennes, longues et trop longues peines) sont refusées. Cette situation n’est pas due par exemple à un « manque de moyen » (ou autre refrain) comme le croit et l’écrit l’analyse parue en mai dernier dans l’article du Monde diplomatique « Une justice au bord de l’implosion » (sic) mais cela est dû à l’idéologie à laquelle adhèrent les refuseurs. Le phénomène n’est pas nouveau, Badinter signale je ne sais plus où cette adhésion massive des magistrats à telle idéologie pour la période 39-45…

    Bref, je vous remercie de votre attention, recevez mes salutations.

    Daniel Dolard

  • Procès des matons homicides de Saint-Martin-de-Ré : compte rendu à chaud, jour 1

    Procès des matons homicides de Saint-Martin-de-Ré : compte rendu à chaud, jour 1

    Procès des 7 matons homicides, compte rendu à chaud, jour 1 : 29 novembre 2021

    À la Rochelle se tient pendant 3 jours le procès en correctionnelle de 7 surveillants responsables de la mort de Sambaly Diabaté à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré en août 2016. Une histoire qui nous tient à cœur et dont nous nous sommes déjà fait les relais ici. Nous sommes présents au procès pour soutenir les proches de Sambaly, mort par asphyxie dans les mains des matons. Nous ferons tous les jours un compte rendu à chaud disponible en podcast à l’issue des audiences.

    Aujourd’hui, lundi 29 novembre, le tribunal entendait : l’ancienne directrice de la centrale de Saint-Martin en poste au moment des faits ; une représentante de l’OIP venue rendre compte du rapport « Omerta, opacité, impunité » sur les violences pénitentiaires ; un expert médico-légal qui devait déterminer les causes et l’heure de la mort de Sambaly Diabaté ; 4 des 7 surveillants renvoyés devant le tribunal pour « homicide involontaire ».

    La suite demain, solidarité avec la famille et les proches, les audiences sont publiques.


    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches. 

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h).
    Podcasts disponibles sur toutes les plateformes.

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos).
    Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières.
    Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »

  • « On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et insurgez-vous »

    « On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et insurgez-vous »

    Lettre de l’Infâme sur la soit-disant abolition de la peine de mort et les quartiers d’isolement, publié dans notre dernier bouquin « La Peine de mort n’a jamais été abolie ».

    Quartier d’isolement de Valence,
    14 juin 2021

    J’ai pris à la base 8 ans de prison… À la base ! Mais l’AP et ses bourreaux ont fait leur office ! Très rapidement, l’AP m’a envoyé dans ces cimetières à ciel ouvert que l’on appelle isolements ! Ces lieux où les viles canailles, tout comme les voyous certifiés bonhommes, perdent peu à peu la tête, la santé et trop souvent même la vie par des suicides inexpliqués, que j’estime être des assassinats ! Ce, tout simplement, pour avoir refusé de se faire avaler par une machine bien huilée que l’on nomme administration pénitentiaire !
    Alors, comment pouvoir espérer s’en sortir, avec une vraie volonté sincère pour se « ranger des voitures », quand on est envoyés dans ces bas-fonds de la prison que sont les QI ? Surtout quand on vit et subit l’inacceptable ?
    Qu’est-ce que l’inacceptable, me demanderez-vous ? L’inacceptable, c’est quand tu subis de la part de tes bourreaux des tentatives d’assassinats, car ils ont essayé par trois fois de me tuer véritablement.
    Par trois fois, ils n’y sont pas parvenus, mais j’y ai « laissé des plumes » : AVC, paralysie, membres cassés, etc. Ou encore, quand ces mêmes bourreaux te privent des choses basiques, comme le droit d’écrire vers l’extérieur, de lire, d’être soigné par un médecin. Ou encore te priver d’eau froide quand il y a la canicule, te priver de tes repas, arracher le peu de choses qui te connectent avec l’extérieur et/ou ta vie passée et/ou future, comme les courriers de tes proches, les photos de tes frères et sœurs, etc. Ou encore porter plainte contre toi, pour rallonger ta peine, et comme beaucoup sont des mange-pierres, demander des milliers d’euros de dommages et intérêts quand des mecs comme moi, à force de se faire rabaisser, insulter, frapper, etc., on décide de dire stop, de se rebeller et de se dire : moi, je tends pas l’autre joue !
    Mais tout ça a un prix ! Le prix de la honte ! Le prix que j’ai payé de ces années d’isolement. Financièrement, bien trop… une somme à 6 chiffres, et ce uniquement pour des surveillants ou des détenus-prévôts, car dans mon affaire d’assises, je n’ai pas de dommages et intérêts à payer aux victimes !

    Mais, bien plus que le côté financier, le prix de la honte, c’est celui de ma vie à moi ! Ma vie, en tant qu’homme, en tant qu’être humain !

    À cause de ces gens, de ce contexte mortifère de l’isolement strict, sécuritaire et sécurisé, du fait aussi qu’il n’y a aucun outil pour la réinsertion dans les QI où tu es malmené H24, au lieu d’avoir à effectuer 8 ans, j’en ai 30 sur papier à faire ! 30 ans ! Et, sur ces 30 ans, je ne sais pas combien j’en aurai fait au QI.
    Ces répercussions sont souvent des privations sensorielles d’un autre temps, abjectes, des pressions psychologiques terribles et constantes, et très souvent physiques-psychologiques telles que te mettre de longs moments tout nu au cachot ! Tu perds ainsi, dans cette configuration-là, en étant dépouillé de tes vêtements, ce qui fait en partie de toi un être humain civilisé, et tu te sens avili, d’une façon qu’il me serait impossible de vous décrire tellement je n’ai pas les mots pour exprimer ma peine, ma haine et mon dégoût.

    Imaginez, qu’à ma place, ce soit vous, vous qui lisez ces lignes, qui subissiez une telle chose !

    Imaginez, 8-10 personnes, parce qu’ils sont 8-10, alors physiquement plus fortes que vous, qui vous dépouillent manu militari dans une violence inouïe de vos vêtements, de tous vos vêtements, et vous laissent ainsi, des jours entiers, dans une cellule de cachot ! Quels sentiments alors ressentiriez-vous, surtout sachant que, même si ça s’est passé réellement, vous n’avez aucun moyen de vous faire justice légalement, pour faire condamner ces gens qui agissent telles des petites frappes de bas-étage ?!
    Et que ressentirez-vous si à un moment tout est fait pour vous priver, des années durant, de vos proches, donc, par effet boule de neige, de visites, et par ce même effet boule de neige, de courriers, et de ce fait aussi, de soutien tant financier que vestimentaire, entre autres choses ?

    Que dire aussi, si à ma place, ce soit vous qu’on prenait au saut du lit pour vous envoyer en psychiatrie, même si vous n’avez pas de problèmes de ce côté-ci, à vous qu’on piquait le cul avec des produits dont les noms bizarres ne vous diront probablement rien, mais qui auraient pour effets de vous faire oublier même le visage de vos proches, que vous n’ayez même pas conscience d’être en vie, à un point tel que vous pissez et chiez sur vous comme si c’était chose normale, et vous n’avez alors même pas l’envie, et encore moins le cerveau en vie, pour vous dire « il faut que je me nettoie » ?
    Que dire encore, si c’était à vous, madame, monsieur – si vous avez la force de vous relever et de vous remettre de tout cela – qu’on ne donne aucun « outil » pour envisager une réinsertion ? Sans de tels « outils » en QI, comment faire pour avoir un jour une perm’ ? Une condi ? Comment ne pas sombrer ?

    Surtout, sachez-le bien : au QI, toute volonté d’alerter sur de telles choses est quasi infaisable quand on n’a aucun soutien. Que ressentiriez-vous, si c’était à vous que de telles choses arrivaient ?


    Je ne vous le souhaite pas, mais gardez en tête que, ça comme le dit la formule pour la prévention sur le SIDA, la prison (tout comme le SIDA), ça n’arrive pas qu’aux autres ! Tous et toutes un jour vous pouvez devoir y faire face.
    Il faut que tout cela bouge ! Et pas demain, pas dans un mois, pas dans un an ! Mais tout de suite ! Mais, ça va faire quarante ans le 9 octobre 2021 que la peine de mort a été soi-disant abolie ! Quelle blague amère ! En toute honnêteté, elle n’a jamais été abolie ! Elle a juste pris d’autres formes, d’autres noms ! Une forme dans sa plus dure réalité : « la torture blanche », silencieuse. Deux principaux noms : quartiers d’isolement, et quartiers disciplinaires, pour leurs formes les plus dures, et les plus violentes ! On meurt, nous détenu·e·s isolé·e·s, de mort lente, et parfois même brutale, dans les QI, sachez-le, et SVP insurgez-vous en, levez-vous, poing tendu, pour dire stop ! Je veux pas faire dans la pleurnicherie, ni dans le mélo, mais sachez que tout ce que j’ai écrit ici, je l’ai subi de plein fouet, personnellement !

    C’est une réalité. Je suis tombé en prison en 2000, j’avais alors 17 ans 1⁄2 ! J’aurais dû en sortir, max – si j’avais fait ma peine « plein pot » sans RPS ni rien – en 2008 ! On est en 2021, et je suis encore dedans ! Et ma date de libération actuelle est 2030 ! Faute à qui ? À moi ? Non ! Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Faute à mes geôliers et aux prévôts ! Mes plus belles années parties en fumée à cause de gens mauvais ! Je reprendrais les mots d’un grand monsieur que je ne connais pas personnellement, mais qui, pour moi, est une véritable source de courage au vu de son parcours carcéral et de son refus de se laisser broyer par ce système carcéral et judiciaire, tout comme répressif, qui n’est autre que monsieur Laurent Jacqua qui, un jour de mars 2006 a écrit ceci, retenez-bien : « Sachez, pour votre gouverne, que sur un arrêt de jugement, on trouve la mention suivante : « Au nom du peuple français ». C’est donc en votre nom que sont appliquées toutes ces détentions « spéciales ». C’est aussi en votre nom que les prisonniers subissent la torture blanche dans tous les quartiers d’isolement de France ! Maintenant que vous le savez, l’acceptez-vous ? »
    À cela, je rajouterais humblement : et si c’était vous qui subissiez de telles choses, l’accepteriez-vous ? Hein ?!
    Quoi qu’il en soit, moi, bien qu’ayant subi l’indicible, je suis encore là sur le front ! Et fais et ferai toujours face et front, la tête haute, à mes bourreaux !
    De manière pacifique en 1er lieu et, s’il faut protéger ma vie, par tout moyen légal et/ou illégal, afin de survivre et de ne pas mourir de leurs mains !
    Pour terminer, bien que j’ai perdu bien des gens de ma famille – car la prison a détruit mes liens familiaux –, bien que j’ai physiquement, en 21 ans de cabane, sacrément morflé, que tout le monde sache que je suis encore bel et bien présent, encore debout, et ne laisserai jamais, ô non jamais, rien ni personne me tuer, me rabaisser au rang de « chose », ni faire de moi une marionnette de l’AP !
    Y a pas d’arrangements, et y en aura jamais ! Courage à vous toutes les lionnes incarcérées, les loups incarcérés, les p’tits gremlins incarcérés, et à toutes celles et ceux enfermés partout ailleurs où on enferme en France – genre CRA et compagnie – qui ne se laissent pas marcher sur la tête par ce système meurtrier et assassin, destructeur et déshumanisant. Force, courage et détermination à vous toutes et tous !
    Je suis rien ni personne ! Car, en prison, on est tous et toutes des détenu·e·s anonymes parmi les anonymes.


    Au fait… moi c’est l’Infâme, juste pour info, pour celles et ceux qui me connaissent ! Un anonyme parmi tant d’autres. Et je veux survivre à la prison, pour vivre enfin, en toute liberté… un jour.

    L’infâme

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    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

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  • Un an après la mascarade antiterro, paroles de proches des accusé·e·s du 8.12

    Un an après la mascarade antiterro, paroles de proches des accusé·e·s du 8.12

    Émission de L’Envolée du Vendredi 26 novembre 2021

    ⦾ Bientôt l’anniversaire de l’arrestation aux quatre coins de la France de neuf personnes accusé·e·s d’«association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle»… Discussion à Toulouse avec des ami·e·s de ces .prétendus «activistes violents d’ultragauche». Émission enregistrée dans le squat qui avait été investi par une cinquantaine de policiers armés et où ont été arrêtés plusieurs résidents. Huit des neuf interpellés sont aujourd’hui dehors, sous contrôle judiciaire pour certain·e·s, mais le dernier est toujours enfermé – à l’isolement – à Bois-d’Arcy. Solidarité avec les neuf et leurs proches !

    ⦾ Chronique de la violence judiciaire : les « enquêtes sociales rapides » dans les procès en comparution immédiates, par les potes de La Sellette.

    ⦾ Santé et prison : coup de gueule de Coco Lakhdari face aux dernières mesures qui mettent un frein à l’organisation des soins en réduisant la durée de validité des tests du covid, toujours payants pour les non-vaccinés dont elles font des boucs-émissaires.


    Musique : ‘Liberté’ de Pekatralatak, ‘De la cave au grenier’ de Zifci, ‘Grâce’ de Ratur, ‘Prison Song’ de Carlton Williams, ‘F**k les cops’ de Meryl & Todie For, ‘Les bêtises’ de Sabine Paturel, ‘F le 17’ de Casual Gabberz Army

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    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
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  • À la mémoire de Sambaly, tué par les matons et en soutien à ses proches

    À la mémoire de Sambaly, tué par les matons et en soutien à ses proches

    Plus d’infos sur la page de Casse Murailles & là.

    Les 29 et 30 novembre prochains, 7 maton·nes de la maison centrale de St-Martin-de-Ré passeront en procès à La Rochelle. Quatre seront jugé·es pour homicide involontaire, deux pour non-assistance à personne en danger et un·e pour violences volontaires. En plus de ces 7 maton·nes, deux autres figuraient sur la liste des prévenus mais ils se sont suicidés au cours l’enquête, peu avant leurs auditions respectives.

    Ces maton·nes sont jugé·es pour leur responsabilité dans la mort de Sambaly Diabaté – un prisonnier de la prison de St-Martin-de-Ré, décédé au cours d’un transfert à l’intérieur de l’enceinte de la prison le 09 août 2016.
    Les circonstances de sa mort sont plus que suspectes : Sambaly disait savoir beaucoup de choses sur le fonctionnement interne de cette prison, notamment au sujet de trafics entre maton·nes et prisonnier·es. À l’été 2016, sa soeur qui a l’habitude de lui rendre visite est en vacances, sa situation se dégrade. Alors qu’il se sentait menacé, il tombe malade et perd une vingtaine de kilos en 3 semaines. Il est dans un état léthargique et n’a même plus le réflexe d’aller aux toilettes. Il peine à se déplacer comme à parler. Sa soeur lui a rendu visite le 05 août et a eu du mal à le reconnaître tellement il était amaigri et affaibli. Sambaly avait alors déjà appelé sa mère pour lui faire ses adieux en lui disant qu’il serait bientôt tué. Le pensant malade, sa soeur a demandé qu’il soit hospitalisé de toute urgence. Malheureusement, à la veille du week-end, une hospitalisation semblait impossible pour la directrice de la prison, mais elle s’est engagée à le faire hospitaliser le lundi. Quand sa soeur a téléphoné le lundi, on lui a répondue qu’il allait nettement mieux et qu’il n’avait plus besoin d’aller à l’hôpital. Le lendemain elle a reçu un appel lui annonçant la mort de Sambaly. Arrivée sur place avec sa soeur et sa cousine, une matonne s’est précipitée pour leur dire « ils n’auraient pas du faire ça »… La matonne a elle-même tenté de se suicider au cours de l’enquête.

    Toutes ces circonstances troublantes ont été confirmées par un autre prisonnier, Jean- Christophe Merlet, témoin du transfert de Sambaly vers l’autre quartier de la prison. Dans les jours qui ont suivis, JCM a voulu parler : le 21 août, la même équipe de maton·nes a cherché à le faire taire en le rouant de coups. Elle n’a pas eu le temps d’arriver à ses fins du fait de l’irruption inattendue d’un autre maton, mais JCM en est tout de même ressortit avec de lourdes atteintes physiques, neurologiques et respiratoires. Il a perdu l’usage de ces jambes dans cette agression. Depuis, il réclame à se faire auditionner pour témoigner des circonstances de la mort de Sambaly. Il tente aussi que les maton·nes soient poursuivi·es mais l’administration pénitentiaire met tous ses moyens en oeuvre pour étouffer sa parole. D’ailleurs, elle
    s’acharne pour ne pas le libérer, alors que son état de santé a été déclaré incompatible avec la détention – déjà au printemps 2017 puis à l’été 2020. L’administration a réussi à le maintenir en détention – et donc loin des micros et caméras – par le biais des procédures kafkaïennes qui lui sont propres.

    L’histoire de Sambaly n’est pas rare : la prison tue chaque année près de 130 prisonnier·e·s et les circonstances de ces morts sont toujours obscures. La parole de la matonnerie est la seule à pouvoir sortir des taules et elle sera toujours validée par la hiérarchie. À l’heure où l’État célèbre les 40 ans de la suppression de la guillotine et où ce procès risque d’être la démonstration que l’institution pénale couvrira toujours l’horreur carcérale, soyons nombreux·ses devant le tribunal de La Rochelle pour dénoncer cette mascarade et soutenir la famille Diabaté dans son combat pour éclaircir les circonstances de la mort de Sambaly.

    RASSEMBLEMENT AU TRIBUNAL DE LA ROCHELLE LES 29 ET 30 NOVEMBRE 2021 À 08h30
    12, rue du Palais

  • Lettre du QI de Bois d’Arcy et notes de lecture

    Lettre du QI de Bois d’Arcy et notes de lecture

    Libre Flot nous écrit de plus en plus régulièrement et c’est avec un très grand plaisir que nous lisons ses lettres par lesquelles il échange avec les émissions de radio hebdomadaires. Il revient ici sur une discussion ayant suivi la lecture de sa dernière lettre. Il propose ensuite, constatant un manque de discussion théorique à l’antenne, quelques réflexions à partir de sa lecture du livre « Pour elles toutes » de Gwenola Ricordeau et invite celles et ceux qui seraient intéressés à rebondir et poursuivre la conversation. Un grand salut à lui !

    Quartier d’isolement de Bois d’Arcy

    Le 23 octobre 2021

    Salut à vous,

    C’est encore moi ! Je vous écrit de plus en plus souvent dirait-on… La différence de situation entre le moment d’écriture et celui de la lecture imposé par la surveillance de la correspondance donne envie de vous envoyer une mise à jour. Concernant mes dents, les soins progressent. Ce qui s’était barré à été refait et si mon prochain rendez-vous n’est pas reporté, je devrai pouvoir me réjouir bientôt d’avoir tous les trous de mes chicots bouchés. Ici, en ce qui concerne les caries, les soins sont privilégiés plutôt que l’arrachage.

    Alors comme ça, il y a moquerie et raillerie à propos de la lecture difficile de ses petits camarades ? AhAhAh ! Il est vrai que c’était particulièrement mal lu ;p mais je tiens à assumer ma part (importante) de responsabilité dans cette histoire. Ne relisant pas, il est possible qu’il y ait des erreurs et surtout, en général, je ne prends pas soin de mon écriture (non non là je m’applique), ce qui transforme la lecture en déchiffrage. J’écris souvent cite et mal, je pourrais dire comme un pied, et le mauvais. (D’ailleurs, le membre opposé à la main d’écriture est le pied d’appui. Surement le meilleur outil pour écrire à celleux qui soutiennent). Mes courriers étant pensés comme une communication interpersonnelle plutôt que pour être lus à la radio, sont remplies de digressions et de remarques qui mériteraient peut-être d’être omises. Il pourrait être judicieux de trier ce qui y est écrit. Tri dont je laisse, bien entendu, à vos yeux extérieurs, le soin d’effectuer.

    Toujours est-il que le moment jovial suscité par cette lecture et plus spécifiquement la remarque amusante et amusée, qu’il faudrait « taper sur les doigts » du lecteur, m’a fait réagir. Sans aucune intention de faire le rabat-joie ou des reproches, je tiens à vous partager la réflexion qui m’a traversé.

    Cette remarque anodine, comme un réflexe ou une habitude linguistique liant l’idée de la punition, qui semblerait alors légitime, à un « mauvaise » action est apparu ans mon esprit sous le terme « culture de la punition ». L’écho de ce terme à celui de « culture du viol » permet de définir cet automatisme punitif, grâce à un parallèle avec le patriarcat, comme une construction sociale. Ainsi, comme toutes les constructions sociales, celle-ci, (dont le but est de faire paraitre la punition comme une réponse évidente et nécessaire par le biais de tous les moyens coercitifs possible (comme par exemple l’éducation ou une représentation hégémonique)), a réussi un ancrage mental même chez les plus fervant-e-s de ses détracteurices.

    J’espère sincèrement que vous ne prendrez pas ça comme une leçon de morale car ce n’est vraiment pas le cas. Ce parallèle, je ne l’avais jamais vu auparavant ou je n’y avais jamais prêté attention. Autant ça fait de nombreuses années que je n’enjoint plus les personnes qui me débectent à aller avoir des rapports sexuels avec leurs génitrices ou autres « joyeusetés » du même acabit (même « pour rire » avec des ami-e-s), autant je ne m’étais jamais posé la question quant aux faits de promettre aux potes de leur « taper sur les doigts ». Je voulais simplement vous partager le cheminement de ma pensée (et ce n’est que le début… désolé mes murs sont pas réactifs à mes réflexions et puis, vous êtes l’élément déclencheur…).

    J’ai assez rapidement émis l’hypothèse que l’origine de ce rapprochement d’idée n’était pas étrangère au livre que j’étais en train de finir de lire (« Pour elles toutes » de Gwenola Ricordeau). Je me suis alors fait la remarque qu’il n’y avait que peu de discussion sur le concept d’abolitionnisme à l’antenne. Remarque qui peut très bien être faite à tort n’ayant pas le recul nécessaire sur l’émission ayant eu accès à la radio que peu de temps avant l’été. De fil en aiguille, je me suis dit que ça pourrait être cool d’avoir des propositions de lectures ou des retours, etc. Est-ce intéressant ? selon moi, oui. Est-ce une bonne idée ? J’en suis moins sur. La lecture étant une activité solitaire, je ne sais pas si elle est beaucoup pratiquée en dehors des QI et si cette idée intéresseraient des gent-e-s. De plus, le temps relativement court des émissions est souvent déjà trop court pour l’amputer pour ça. Peut-être dans le journal ?

    En écrivant cela j’imagine déjà la scène [si ce n’est pas comme ça que ça se passerait, je m’excuse de vous faire jouer un rôle qui n’est pas le vôtre] : un petit sourire en coin pour accompagner votre réponse : « L’envolée c’est votre émission, votre journal… » (sous-)entendu c’est ce que nous en faisons tout-e-s ensemble alors, mon petit bonhomme, si tu veux quelque chose, fais que ça existe (DIY)… Et voilà comment je me retrouve « piégé » à mon propre jeu, en toute autonomie… Bon je n’ai aucunement la volonté de tenir une chronique littéraire (je me voyais plutôt en profiter) mais il serait plutôt malvenu de ma part d’être demandeur de quelque chose sans y mettre la main à la pâte…

    Bien que n’ayant pas l’habitude de cet exercice et que je ne sais pas trop comment je vais m’y prendre, je vais donc vous joindre une brève présentation de ce livre qui m’a amener cette réflexion, un peu comme on pose un bouquin sur une étagère vide. On verra par la suite si d’autres personnes y voient un intérêt et posent les leurs ou si ça prend juste de la place pour rien. Qu’en pensez-vous ? Hésitez pas à me dire si je suis hors propos.

    Sur ce je vous laisse, je vais poser mon Q sur le lit et me dévorer un autre bouquin, plus léger, gouter au sable épicé dans les dunes. Demain je m’attèle à la présentation.

    Au plaisir de vous lire et de vous avoir dans les oreilles,

    Merci pour le soutien que vous nous apportez,

    Salutations & Respects

    POUR ELLES TOUTES

    De Gwenola Ricordeau Chez Lux Editeur

    * Ce livre qui se veut à l’intersection du féminisme et de l’abolitionnisme pénal, a, selon moi, le mérite de prendre en compte d’autres angles d’approche tels les origines sociales et ethniques, le dedans et le dehors, les mouvements et luttes queers et LGBTQ, les privilèges, la société etc. Ce qui – le plus à un carrefour assez large, enrichi par le fait que l’autrice « navigue » entre France, Etats-Unis et Canada.

    * Un panel plutôt complet de sujets y est abordé, bien classé dans différents chapitres clairement définis : 1. Abolitionnisme Pénal 2. Victimisation des femmes et son traitement pénal 3. Femmes judiciarisées 4. Femmes aux portes des prisons 5. Abolitionnisme pénal et féminisme 6. S’émanciper du système pénal et construire l’autonomie.

    * Les y sont traités avec un équilibre savamment dosé. Nous ne sommes ni dans un survol superficiel ni dans une analyse longue, ultra poussée qui complexifierait la lecture. (Pour une étude plus approfondie, une liste de références nous est proposé). L’autrice nous initie, ici, aux arguments principaux de ces luttes, tout en offrant ses critiques constructives à leurs sujets.

    * Bien qu’étant clair dans ses idées et opposée au recours pénal, elle est conscient que toutes les personnes n’ont pas accès aux mêmes options pour se défendre et ne les critique donc pas pour leur choix, quand il a semblé nécessaire.

    *Sans se limiter à la dénonciation de l’inefficacité du mécanisme pénal, il y est exposé une brève description d’ »alternatives » : la justice réparatrice, la justice restaurative et, plus encore, la justice transformatrice.

    * J’ai, personnellement, vu ce livre comme une introduction bienvenue à l’abolitionnisme pénal avec ses pistes de réflexion très importantes sur les options autres. Pour d’autres, peut-être, ce livre sera un introduction aux principes féministes ? Toujours est-il que l’on peut y trouver un première marche, une base d’appui vers une réflexion et/ou un engagement personnel et/ou collectif.

  • Morts en prison – la justice protège la police –  Appel du CRA de Vincennes

    Morts en prison – la justice protège la police – Appel du CRA de Vincennes

    Émission de l’Envolée du Vendredi 19 Novembre 2021
    • Lettre de Libre Flot depuis le QI de Bois d’Arcy, qui nous envoie aussi une petite fiche de lecture du livre « Pour elles toutes »

    • Retour sur la mort de Gordana en détention, alors que le seul médecin présent sur la détention ne lui a accordé qu’un diagnostic téléphonique juste avant son décès et en dépit des appels des autres prisonnières

    • Retour sur le procès de Mélanie : la justice protège les policiers, avec Christian, soutien du Réseau d’Entraide Vérité et justice

    • Appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes pour parler des conditions de vie dégradantes dans cette prison pour sans-papiers

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »