Deux lettres de Lucas enfermé au centre de détention de Saint Mihiel et qui subit la censure de son courrier par l’administration pénitentiaire (AP) ainsi que des sanctions au quartier disciplinaire.
Discussion au téléphone avec une personne qui vient de sortir du centre de semi-liberté (CSL) de la Talaudière. On continue de parler de la mobilisation qui s’y déroule depuis la mort de Mehdi en décembre. Choses rares, on a vu des rassemblements devant le CSL et un peu de soutien de l’extérieur. On en avait déjà parlé dans l’émission de la semaine dernière. Vous pouvez aussi retrouver des infos plus à jour sur le site du numéro zéro.
Les prisonnières du centre de rétention du Mesnil Amelot se révoltent depuis une semaine. Des membres de l’AG contre les CRA en Ile de France sont là pour raconter cette mobilisation et la répression qu’elles subissent. Plus d’info ainsi que le communiqué des prisonnières sont disponibles sur le blog de l’AG.
L’Envolée est une émission radio pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. C’est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.
On manque de forces pour faire tourner l'émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l'enfermement et l'AP n'hésitez pas à nous contacteret à passer le mot !
Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !
Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, contact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Le n° 56 vient de sortir, abonnez vous et vos proches enfermés !
Émission de l’Envolée du vendredi 9 septembre 2022
On continue à rendre hommage à Romain Leroy, prisonnier longue peine et correspondant de l’Envolée, mort le 9 août dernier (voir l’émission de la semaine dernière ici et notre texte ici). Rediffusion du premier appel d’Adeline, sa compagne, à l’Envolée. Retour sur les luttes collectives auxquelles il a participé et son procès suite à la mutinerie de Valence en 2016. Force et courage à Adeline qui continue la lutte (et que vous pouvez soutenir financièrement via une cagnotte en ligne ici).
ça fait déjà deux ans qu’Idir est mort au mitard de la prison de Lyon-Corbas et que sa mère et ses proches se battent pour dénoncer les morts en prison. Des banderoles contre la taule et pour lui rendre hommage ont été accrochées à Lyon, Montreuil et Toulouse. Le samedi 10 septembre 2022, le collectif Idir Espoir et Solidarité (dont la page facebook est ici) a organisé une journée pour poursuivre la lutte et continuer à faire vivre la mémoire d’Idid. Le collectif demande la fermeture des quartiers d’isolement et disciplinaire et la dissolution des milices cagoulées – ERIS et ELAC (des infos sur la mobilisation de cette année ici)
Lettre d’une proche d’une personne enfermée à Condé sur Sarthe que l’administration pénitentiaire (AP) est en train de tuer faute de soins.
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L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. Le numéro 55 est dispo et déjà censuré par l’Administration pénitentiaire ! Raison de plus pour le faire tourner un maximum et l’envoyer par tous les moyens par dessus les murs !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !
Prisonnier longue peine, correspondant de l’Envolée, Romain Leroy est mort le 9 août 2022 d’une rupture de l’aorte. Il avait 38 ans. Pourquoi le principal vaisseau sanguin du corps se fissure-t-il quand on est jeune et en bonne santé ? Depuis quatorze ans, Romain vivait dans le climat sécuritaire suffocant des maison centrales. En 2016, il avait dénoncé cette oppression avec quelques autres prisonniers longues peines ; d’abord par des sit-in, des recours et des lettres publiques. Puis, devant l’indifférence générale, ils ont subtilisé les clés des matons, ouvert toutes les cellules et mis à sac l’ensemble du Quartier maison centrale (QMC) de la prison de Valence. Romain a déclaré lors du procès de cette mutinerie : « c’est moi qui passe en jugement, mais ce que je dis, c’est au nom de toutes les longues peines de France » (Un compte-rendu de ce procès à écouter ici ou lire là). Lourdement condamné, il a subi un traitement particulièrement dur de l’administration pénitentiaire (AP). Transféré dans les prisons de Condé-sur-Sarthe, Réau et Arles, il a finalement été envoyé à Moulins en août 2021. Pendant six mois, les matons l’y ont réveillé toutes les deux heures, toutes les nuits. A deux reprises il s’est vu attribuer, puis retirer un travail pour des motifs fallacieux. Tout récemment il avait été changé de bâtiment pour subir un régime « portes fermées » (vingt-trois heures sur vingt-quatre en cellule), puis mis au mitard.
Non-assistance à personne en danger ?
Les moments partagés avec Adeline, sa compagne, et leur fille, sont alors de rares respirations pour Romain. Lors d’un UVF (parloir familial de soixante-douze heures) fin juillet 2022, dès le vendredi Romain se sent mal. Il éprouve une grosse douleur à la poitrine. Adeline appelle à l’interphone les matons qui répondent qu’« aucun personnel médical ne peut intervenir en UVF ; s’il sort maintenant, c’est retour cellule jusqu’à lundi, où il verra un médecin de la détention. » Sachant qu’il ne pourra pas voir de médecin du week-end, Romain et Adeline préfèrent rester ensemble à l’UVF.
Le dimanche matin, il est au plus mal, il ne peut même plus se lever. Adeline appelle à nouveau les surveillants à 6 heures en demandant d’appeler les secours ; même réponse : « Si ça ne va pas, on le remonte en cellule et il verra un docteur lundi ». Elle exige alors de sortir en urgence de l’UVF pour appeler elle-même le Samu depuis le parking de la prison. Romain est pris en charge et hospitalisé dans un état critique. Pendant son hospitalisation en réanimation, la pénitentiaire tente encore quelques coup bas, mais Adeline peut demeurer auprès de lui grâce au personnel médical. Il reste dix jours entre la vie et la mort, et puis son cœur lâche.
Acharnement post mortem
Le lendemain de sa mort, Adeline en informe la prison de Moulins. Loin de lui présenter ses condoléances, le directeur lui demande fissa le certificat de décès pour pouvoir « procéder à la levée d’écrou et au rendu du corps ». Romain est enterré le samedi 13 août entouré de ses proches.
Depuis, Adeline tente de récupérer quelques affaires qui ont une valeur sentimentale et de donner le reste à des compagnons de détention indigents. Elle sait par les familles d’autres prisonniers que la cellule de Romain à été vidée dès le lendemain de sa mort.
Pendant trois jours, au gré des dizaines de coups de fil qu’elle passe, les différents services de la prison invoquent divers prétextes pour ne pas lui rendre les affaires : « en attente d’éléments internes », « problème de succession vu la dette de Romain à la société », « besoin d’uncertificat d’hérédité ». Elle obtient finalement un rendez-vous pour la semaine suivante (le mardi 24 août). Espérons que la direction de Moulins et son petit personnel en resteront là côté froide mesquinerie. Adeline, elle, compte continuer le combat contre la prison, pour Romain, pour l’accès au soin des prisonniers longues peines.
Y a pas d’arrangement
Une fois de plus, la prison a tué. Encore une fois, une veuve et une gamine n’ont pas même le temps de pleurer car elle doivent mener un bras de fer avec l’administration. Vengeance bureaucratique contre un prisonnier à qui l’AP ne peut pardonner d’avoir crié haut et fort son refus d’être enterré vivant ? Simple défaut de soins comme il y en a tous les jours en détention ? Ou les deux ?
Quoi qu’il en soit, une fois de plus, un prisonnier est sorti de prison les pieds devant. Si toutes les morts en prison nous révoltent, la mort de Romain nous touche tout particulièrement. En 2017, lors de son procès suite à la révolte contre le QMC de Valence, nous l’avions entendu expliquer son geste à la barre, digne et déterminé, exigeant que l’on entende enfin le sort fait aux prisonniers longues peines. Quelques mois plus tard, nous avions reçu et publié une lettre d’une grande justesse. Pendant des années, nous avons relayé le combat qu’Adeline mène sans relâche pour que l’AP cesse de traiter prisonnier.e.s et proches comme des bêtes. Depuis des années, ensemble, ils ont fait vivre une vérité que nous continuerons de répéter toutes les semaines à l’émission radio de l’Envolée : y a pas d’arrangement.
Pour entendre des interventions lors desquelles Adeline dénonce la misère faite à Romain et à d’autres prisonniers : ré-écouter les émissions l’Envolée du 13 novembre 2020, 14 janvier 2022, 28 janvier 2022, 1er juillet 2022…
Discussion autour de deux récents meurtres policiers : Zakaria Mennouni est mort le 27 avril, six jours après que la municipale le tase, lui tire dessus au LBD puis à arme réelle ; dimanche 24 avril, le soir de la réélection d’Emmanuel Macron, un policier a abattu Boubacar et Fadigui au fusil d’assaut en plein centre de Paris. Un syndicat fasciste de flics a appelé à un rassemblement pour revendiquer encore une fois son permis de tuer, le lundi 2 mai à Paris. Le collectif « Urgence notre police assassine » appelle à un contre-rassemblement au même endroit : place Saint-Michel à 12h.
Appel depuis la prison pour sans-papiers de Vincennes. Après trois semaines de mouvements collectifs (tentative d’évasion collective, grève de la faim), sept prisonniers prennent la parole pour dénoncer les conditions d’enfermement et les violences des keufs, particulièrement au mitard du CRA.
Appel depuis la prison pour sans-papiers du Mesnil-Amelot, où deux prisonnières témoignent de leur situation.
Appel de la mère de Jul. Jul est déjà intervenu à l’émission, et il est aujourd’hui incarcéré à la prison de la Santé, après une garde-à-vue très violente. Son état de santé est incompatible avec la détention, et les matons le mettent volontairement en danger en l’empêchant d’être hospitalisé quand c’est nécessaire. Il a déjà fait 6 malaises depuis un mois. Son traitement pour une maladie chronique a été arrêté et remplacé par d’autres médicaments qui sont dangereux pour lui.
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Pour nous joindre : 07.53.10.31.95(whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore àcontact@lenvolee.net et surinstagram, twitter, facebook & snapchat.
L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 54 est dispo !
Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.
Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.
Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.
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Dans le prolongement de la manifestation contre les Centre de Rétention Administrative et toutes les prisons qui aura lieu le samedi 12 février 2022, nous vous convions à une discussion-cantine avec le journal anticarcéral l’Envolée et le collectif Lyonanticra à 18h à l’Île égalité (Villeurbanne).
DISCUSSION SUR LA SITUATION DANS LES PRISONS EN TEMPS DE COVID
Après la manifestation du samedi 12, nous vous proposons une discussion sur la situation des prisons et des mobilisations à l’intérieur et depuis l’extérieur avec l’Envolée et le collectif Lyonanticra.
L’Envolée est un journal et une émission radio contre toutes les prisons. C’est avant tout un porte-voix pour les prisonniers, prisonnières, et leurs proches, qui critiquent leurs conditions d’enfermement.
Depuis deux ans, le Covid 19 est le prétexte d’une déferlante sécuritaire et technopolicière sur nous tous et toutes. Difficile de trouver des prises pour réagir. Derrière les murs des prisons, des centres de rétention administrative (CRA), ou des hôpitaux psychiatriques, massivement ignorées par le reste du monde, les personnes enfermées subissent cette déferlante, qui va de pair avec une dégradation ahurissante de leurs conditions d’enfermement. Le manque de soin est structurel dans les lieux d’enfermement : face au Covid, les personnes n’y sont ni protégées ni soignées. La réponse est gestionnaire et ultra-sécuritaire. Les malades, les personnes positives, ou les personnes qui ont été en contact avec leurs proches sont placées à l’isolement, mesure de torture blanche, qui est habituellement une sanction.
Sous prétexte sanitaire, l’interdiction de contacts physiques entre les prisonnier.e.s et leurs proches est en vigueur depuis le printemps 2020, dans l’indifférence généralisée. Appliquée arbitrairement selon les prisons, les moments et l’humeur des matons, elle met en péril l’un des rares moments de soulagement pour les enfermé.e.s et leurs proches. A l’inverse, la matonnerie va et vient sans être soumise aux contraintes imposées aux autres (pass, tests et cie.)
Des améliorations des conditions de détention, qui avaient été acquises au fil des combats des prisonniers et prisonnières, sont ainsi brutalement remises en cause, et il sera dur de les gagner de nouveau.
Nous vous proposons une discussion pour échanger informations et questions sur les impacts directs et indirects de la crise sanitaire dans les lieux d’enfermement. N’hésitez pas à participer.
Mutineries, pétitions, grèves de la faim… Nous reviendrons aussi sur les diverses mobilisations et solidarités qui ont eu lieu depuis 2020 dans ce contexte très difficile. Nous parlerons du rôle de l’Envolée et des collectifs anti-CRA pour faire circuler la parole des premiè.res concerné.es dans ces combats, et vous invitons à venir échanger sur diverses initiatives…
PRESENTATION DU LIVRE : La peine de mort n’a pas été abolie…
Nous en profiterons pour présenter ce livre publié en septembre 2021 par l’Envolée et les Editions du Bout de la ville, à l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la guillotine.
Ce livre affirme que la peine de mort n’a pas été abolie parce que :
la prison est une machine à provoquer les suicides ; depuis 1981 les tribunaux prononcent beaucoup plus de peines d’enfermement, et de plus en plus longues, alors que les aménagements de peine sont en réalité très difficiles à obtenir ; la prison enterre vivants de nombreux prisonniers et prisonnières dans les Quartiers d’isolements et autres centrales utlra sécuritaires, qui ont remplacé les QHS (quartiers haute sécurité) soi-disant abolis ; on meurt en prison par manque de soins, et que la justice refuse souvent de faire sortir les prisonnier.e.s gravement malades, les brutalités policières et pénitentiaires tuent, l’administration et la justice couvrent. Et des proches de personnes décédées dénoncent cela et se mobilisent.
Ce livre est un recueil de lettres de prisonniers et prisonnières et de prises de paroles de proches, parce qu’ils et elles ont trop rarement la parole, alors qu’ils et elles sont les mieux placés pour dénoncer le système carcéral.
Après la manifestation qui débute à 14h place Bellecour, venez donc discuter de ces perspectives anticarcérales à partir de 18h à l’Île égalité ! (6 rue de l’égalité à Villeurbanne)
A la fin de la présentation, on pourra continuer les discussions autour d’un repas.
A bas les cra et toutes les prisons ! Liberté pour tout.es les prisonni.eres !
Saint Étienne, Paname, Nantes, Aubervilliers, Marseille, Villeurbanne, Lille, Rabastens, Bayonne… On continue de se balader pour présenter notre dernier livre, qui porte la voix de plus de 50 prisonnier·e·s qui rappellent que non, la peine de mort n’a jamais été abolie.
Mantes-la-Jolie Des prisons, pour quoi faire ? Mercredi 2 février à la librairie la Nouvelle réserve – à partir de 19h – 5, rue du maréchal Foch, Limay.
Retour sur la mort de Gordana à Fleury-Mérogis en 2012
Nous avons appris par la presse qu’un médecin a été jugé le 15 novembre 2021 pour homicide involontaire sur une prisonnière de la MAF de Fleury-Mérogis. Cette prisonnière, c’est Gordana, décédée après avoir réclamé des soins en vain. Sylvia, qui anime l’émission de L’Envolée depuis des années, était incarcérée à Fleury en 2012. Le 19 novembre dernier, elle a raconté à l’antenne l’histoire comme elle l’a vécue (Écouter l’émission ici). Les prisonnières se sont révoltées. Si l’administration pénitentiaire ‒cette fois ‒ n’a pas pu complètement étouffer l’affaire, c’est grâce à leur ténacité. Quelques médias en ont parlé, et L’Envolée a relayé la parole des enfermées.
Neuf ans (!) après, un médecin a fini par être jugé ; il risque tout au plus les quelques mois de sursis requis contre lui et une amende (verdict le 3 janvier). L’AP n’est même pas mise en cause : la justice n’a pas jugé utile de faire témoigner des prisonnières qui avaient dénoncé ce fatal refus de soins. Pourtant, ces récits montrent qu’au-delà du mépris du corps médical pour les prisonnier.e.s, c’est le système pénitentiaire lui-même qui a causé la mort de Gordana.
« LES PRISONNIÈRES, ON EST ASSEZ SOLIDAIRES DANS DES MOMENTS COMME ÇA » Récit de Sylvia à l’émission L’envolée du 19 novembre 2021
« On a vu un article sur le procès d’un médecin jugé pour « manque de soins » sur une femme décédée à Fleury-Mérogis en 2012. On a directement percuté que c’était de Gordana, morte dans la nuit du 1er novembre 2012, qu’ils parlaient. Dans cet article, on voit qu’un médecin est incriminé, mais il manque plein de gens, en fait, au procès !
Commençons par le début : dans la journée, Gordana se plaint de douleurs à la poitrine, au thorax et au dos. C’est pas des plaintes, c’est vraiment des douleurs, elle est très fatiguée, elle est pas bien. Donc en promenade, on décide d’appeler la surveillante qui garde la cour ; on tape à la porte, ils ouvrent, on dit qu’elle est malade, que c’est grave, que dans son dossier médical il est connu qu’elle a des problèmes de cœur, et que ce serait bien qu’elle aille voir le docteur parce que c’est une alerte cardiaque mortelle. La surveillante referme la porte, les prisonnières retapent, insistent fortement… ils décident de faire remonter Gordana en cellule, qu’elle partage avec sa cousine.
Toute la journée, elle reste enfermée, personne ne prend soin de venir l’aider. Les prisonnières, on est assez solidaires dans des moments comme ça… même si on s’aime pas, on est quand même solidaires, et quand y en a une d’entre nous qui est malade, on reste quand même humaines, et c’est le problème de tout le monde. Donc toutes les filles commencent à se rebeller et décident d’aller voir un gradé ‒ on va l’appeler Monsieur Piquet. Il explique que c’est certainement une crise d’angoisse et que s’il lui arrive quoi que ce soit, il en prendra l’entière responsabilité. Pourtant, apparemment, ce monsieur n’était pas au procès.
Ensuite, comme on peut pas sortir de cellule, on frappe aux portes, ça frappe très tard et très fort ; ça prend les balayettes pour taper, ça met des coups de pied, ça crie aux fenêtres pour faire comprendre aux surveillants et aux gradés de garde qu’il y a un problème et qu’il faut agir. Il y a une surveillante ‒ on peut dire que son surnom c’était Spock ‒ qui passe dans le couloir quand ça tape aux portes en criant au désespoir, mais tout ce qu’elle trouve à dire, c’est : « Arrêtez de crier, c’est la fête des morts. » Elle est où, cette femme ? Elle est pas passée au procès.
En France, y a pas beaucoup de prisons où y a un médecin de garde ; mais à Fleury-Mérogis, y en a un. C’est ce médecin de garde qui est incriminé. Il se décharge du fait qu’il s’occupait de deux hommes qui étaient malades, et c’est vrai qu’on en avait entendu parler. Donc il a diagnostiqué Gordana au téléphone, en disant que c’était pas très grave, que c’était effectivement une crise d’angoisse. Le souci, c’est que son dossier médical parle de problèmes cardiaques ; ça veut dire qu’il n’a même pas pris la peine d’ouvrir son dossier. Faut savoir que Fleury, c’est immense ; c’est tout un fonctionnement pour que ce docteur se déplace jusque là-bas, et à un moment, Gordana dit aux filles d’arrêter d’appeler les docteurs et de taper aux portes parce qu’elle est fatiguée. Donc ça s’arrête ; et le matin à 7 heures, elle est retrouvée morte dans leur cellule à l’ ouverture des portes.
Suite à ça, y a eu des gros, gros mouvements à l’intérieur ; dont des refus de plateaux-repas. Ça peut paraître bête, mais c’est très significatif, un refus de plateau : ça veut dire que tu te mets en grève de la faim, et au bout de trois refus, le procureur de la république est obligé d’être au courant. Quand la presse a été prévenue, l’administration pénitentiaire se défendait en disant qu’il n’y avait que trois personnes qui refusaient le plateau. C’était évidemment complètement faux : y avait plus de 150 femmes qui le refusaient, prévenues comme condamnées. Après y a eu des refus de remonter de promenade avec des interventions des Éris [matons version robocop qui interviennent pour mater les prisonnier.e.s]. Les prévenues se sont alignées dans la cour en se tenant les mains. C’est assez symbolique, parce que c’est de cette façon que les Éris viennent en cours de promenade pour cerner les prisonniers ou prisonnières. Elles ont décidé de se mettre en ligne, et de prendre un briquet. Il y a pas de barreaux chez les femmes, à Fleury, donc c’est facile de jeter des trucs ; elles ont jeté des draps par les fenêtres et elles se sont entourées de draps en disant que si les Eris approchaient, elles s’immoleraient par le feu. Ça, c’était côté prévenues. Côté condamnées, elles ont fait un tas de draps au milieu de la cour et elles y ont mis le feu. Pour l’administration pénitentiaire, c’était très grave ; pour nous, c’était … pfff !
Il y a eu 54 transferts disciplinaires. Ils disent tout le temps que Fleury est la plus grande prison de France, et effectivement, à l’époque il y avait 400 femmes ; 400 témoins de ce… de cet abattoir. Je sais pas comment appeler ça, mais pour moi c’est pas un « manque de soin ». Pour moi, c’est un refus de soigner.
Dans les journaux, ils parlent pas des prisonnières entendues suite à la mort de Gordana, évidemment. Je trouve ça très triste. Ils banalisent la chose alors que Gordana avait sept enfants, en prison pour un petit délit… Je tenais à lui rendre hommage aujourd’hui. Son mari qui était incarcéré à Fresnes a appris la mort de sa femme dans des circonstances horribles. Quand on a contacté l’avocate de Gordana un an après sa mort, il y avait toujours pas eu d’autopsie. Et sans autopsie, pas d’enterrement…
Le procureur requiert huit mois de prison avec sursis et 2 000 euros, et le médecin se défend en disant qu’il était submergé de travail et que la surveillante du moment a dit que c’était pas la peine de venir, qu’elle allait mieux. Elle s’est autoproclamée médecin ‒ avec ses réflexions de merde… En même temps, c’est pas qu’une question de diplôme. Quand t’es médecin, si t’es fatigué, mets-toi en repos. En plus il dit qu’il est de garde 24 heures ! On a l’UCSA [service médical de la prison] la journée, et un médecin de garde la nuit. L’après-midi, Gordana aurait dû aller à l’UCSA… ce médecin de garde, en fait, on s’en fout ! Et puis si c’est le même, il y a une lettre qui a été lue à l’antenne de l’Envolée à l’époque qui disait qu’il soignait les femmes comme de la merde. Je sais de quoi je parle, puisqu’on avait été amenées dans le bureau du directeur suite à cette lettre ! »
A l’époque, des prisonnières et l’avocate de Gordana étaient intervenues à l’antenne de L’Envolée pour dénoncer le rôle du médecin et de la pénitentiaire dans la mort de Gordana. On peut lire des transcriptions plus complètes dans le n°34 (janvier 2013) du journal L’Envolée, disponible ici. En voici quelques extraits en écho au récit de Sylvia ci-dessus.
« ON A AU MOINS RÉUSSI À FAIRE SORTIR L’INFO » Lettre de Sylvie
Maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis,le 8 novembre 2012
Depuis la veille à 16 h 30, soutenue par sa codétenue, Gordana signale aux surveillantes qu’elle va mal. Douleur à la poitrine et fourmillements dans le bras gauche. Les surveillantes disent qu’il n’y a plus de médecin. Mais ont-elles appelé l’Ucsa ? À 22 heures, elles se re-signalent. Gordana va de plus en plus mal. […] À 23 heures, un chef monte, ouvre la cellule. Gordana redonne ses symptômes. Toujours mal dans la poitrine, et ce bras gauche qui ne bouge presque plus. Le médecin n’étant pas disponible, ce ne doit être qu’une crise d’angoisse. Le chef prendra ses responsabilités s’il se passe quelque chose ! Eh bien le pire est arrivé. On a laissé une femme angoissée au chevet d’une mourante. Cela s’appelle « non-assistance à personne en danger ». Il fallait l’amener aux urgences.
Dès le vendredi après-midi, l’AP s’est passé le mot : ce n’est pas de leur faute, c’est le médical, s’il y a enquête. S’ils ne se sentaient pas coupables ou s’ils ne tentaient pas de se dédouaner, ils n’auraient eu aucune raison de communiquer avec nous. Cela a touché toute la maison d’arrêt des femmes. Vendredi après-midi, nous avons bloqué la promenade. Calmement, solidaires (un moment rare depuis que je suis en prison). Toutes les filles sont restées. […] Madame Herry, la directrice, est sortie en promenade. J’ai été lui parler. Voilà son discours, et sa défense bien préparée : « C’est pas nous, c’est le médical. » …et un chef de me préciser que depuis 1994, le médical est dissocié de l’AP. OK, mais qui détient les clés ? Qui est capable de réagir devant des situations d’urgence ? […] De plus, toutes celles qui ont pu ont fait sortir l’info. Les médias en ont parlé, et l’AP – alors que le matin elle avait dit que rien ne s’était passé aux journaleux qui avaient appelé –, bien sûr, a dû faire un communiqué. Nous avons bloqué gentiment. Pas d’émeute. Mais la violence est la seule réponse que l’AP a su opposer à notre souffrance. Trois détenues, pieds et poings liés, ont été transférées, escortées par les Éris. Plus de blocage. De toute façon, l’info est sortie. Maintenant, vous et moi on sait que des cas comme cela, il y en a au moins un par semaine. Les médias n’en parlent pas. Là, on a au moins réussi à faire sortir l’info. […] »
Sylvie
« LES SITUATIONS D’URGENCE SONT MORTELLES EN DÉTENTION » Extraits de l’interview de maître Crosnier,avocate des proches de Gordana, réalisée fin 2012
Me Crosnier : Forcément, la pénitentiaire est couverte, puisque leur seule obligation, c’est d’avertir le médecin et de décrire tant bien que mal les symptômes. Gordana avait déjà averti le juge d’instruction et le juge des libertés qu’elle avait des antécédents cardiaques.[…] Les surveillantes n’ont pas une formation médicale qui leur permette d’appréhender si la situation est dangereuse pour la détenue ou pas. La description des symptômes est quand même parlante : douleur au bras et à la poitrine, a priori, n’importe qui arrive à comprendre qu’on est face à un accident cardiaque. Il y a tellement d’intermédiaires et il se passe tellement de temps entre le moment où la personne appelle à l’aide et l’arrivée des secours que les situations d’urgence sont mortelles en détention. Quand je suis arrivée en détention pour voir le mari à Fresnes, j’ai été prise à partie par un gradé de sa division qui m’a dit : « Ne vous en prenez pas à la pénitentiaire. » J’ai eu droit à une mise en garde à Fresnes [alors que Gordana est morte à Fleury-Mérogis]. Arriver à mettre en cause la responsabilité pénale de la pénitentiaire, c’est compliqué : ils se bordent en appelant le médecin. C’est sûr que le plus facile, c’est de s’en prendre au médecin, puisque c’est lui qui a la capacité de sauver la personne. C’est lui qui intervient en bout de chaîne, mais il n’est pas responsable de cette organisation. Je ne suis pas certaine que ce soit la partie médicale qui a organisé ce mode de fonctionnement quand il y a urgence. [Sa codétenue] s’est associée à la plainte, mais je ne sais pas si elle ira jusqu’à une constitution de partie civile. Après sa déposition devant la brigade de Fleury, quand j’ai annoncé que j’étais aussi son avocate, on m’a répondu : « Oui, enfin, vous savez… Maître… déjà, les dépositions de personnes incarcérées sous X … » Voilà le crédit qu’on apporte à la déposition de la personne qui est le premier témoin. Il y a forcément un a priori sur ses déclarations. […] En outre, il y avait d’autres filles du couloir qui tenaient absolument à être auditionnées parce qu’elles avaient entendu la cocellulaire appeler à l’aide plusieurs fois. La seule fille qui le sera finalement, c’est, comme par hasard, celle qui n’a rien entendu. Incohérence supplémentaire, les déclarations des surveillantes signalent bien des appels au secours… Il y a plusieurs détenues qui m’ont écrit pour être simple témoin, pour que leurs voix soient entendues et non pas pour porter plainte. La dernière lettre que j’ai reçue d’une de mes clientes de la MAF signalait : « Il y a des détenues qui vous ont écrit, sauf que les courriers ont été bloqués. » Parce qu’elles aussi, elles dénoncent la difficulté d’accès aux soins : il y a un seul médecin la nuit pour toute la maison d’arrêt des hommes et des femmes de Fleury. J’ai des clients qui attendent six, huit mois pour avoir une paire de lunettes en détention, et c’est nous avocats qui les leur apportons, glissées dans les cheveux pour pouvoir passer les portiques. Sans parler de tout ce qui est gynécologique, etc. J’ai des comptes rendus d’histoires qui se sont passées à la MAF qui sont très inquiétants, sur des avortements qui auraient été provoqués, non consentis. On explique aussi à ces femmes qu’avoir un enfant en détention, c’est vraiment pas le bon endroit.
Ces 13 visuels ont été conçus pour la sortie de notre livre« La Peine De Mort N’a Jamais Été Abolie » paru aux Éditions du bout de la Ville. Une manière parmi d’autres, que nous souhaitons nombreuses, de rappeler que le 9 octobre 2021, ça fera 40 ans que la peine de mort existe encore (c’est la guillotine qui a été abolie !). Ce sont les prisonniers et les prisonnières qui le disent, et ce sont hélas les mieux placé.e.s pour le savoir.
Au moment où l’État français se gargarise de cette « grande victoire humaniste », il s’agit pour nous de troubler un peu la fête en exposant au grand jour la mascarade de la prétendue abolition. Nous aimerions que fleurissent dans les rues ces dits et écrits de prison, tous extraits du livre. Nous vous invitons donc à imprimer, afficher, faire passer ces paroles des premiers et premières concerné.e.s… Faites tourner sans modération, dans tous les formats possibles !
Campagne d’affichage « La peine de mort n’a jamais été abolie »
Vous trouverez dans ce dossier tous les visuels, prêts pour une impression A3, au format PDF : AFFICHES Si urgent, ou si vous aimeriez des stickers, contactez-nous à contact@lenvolee.net
L’État français aurait aboli la peine de mort le 9 octobre 1981. En réalité, la guillotine a été remplacée par des peines infinies qui tuent à petit feu. Des dizaines de personnes meurent chaque année derrière les murs. Violence des surveillants, manque de soin, désespoir… Depuis 40 ans, des prisonniers prennent la parole et dénoncent la mascarade de l’abolition : « Nous, prisonniers qui vivons dans le ventre de la bête carcérale, nous adressons cette supplique à ceux qui, réunis, fêterons l’anniversaire. Les prisons actuelles sont des mouroirs… » Joyeux anniversaire ?
Nous sommes fier.e.s de vous annoncer que le nouveau livre de l’équipe de L’Envolée a paru chez Les éditions du bout de la ville. Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir pour le quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort. Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981. Le livre est disponible dans toutes les bonnes librairies, et sur la boutique de la maison d’édition. Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches.
Voici les différentes entrées de chapitres qui composent le livre, sinistre aperçu des modalités par lesquelles l’État continue de supprimer les indésirables :
Voici une lettre adressée à L’Envolée par une prisonnière de la Maison d’arrêt femmes (MAF) des Baumettes (Marseille). Elle nous écrit pour dire qu’elle ne baisse pas les bras, dans un contexte carcéral ultra répressif. Nous avons déjà évoqué la violence pénitentiaire subie par les prisonnières des Baumettes (voir en bas de cette page). Entre autres : coupure des liens familiaux, fermeture des fenêtres, brutalités, fouilles à nu fréquentes et violentes. Elles subissent des représailles en réponse à leurs protestations. Forces, courage et détermination à elles !
“Maison d’arrêt pour femmes des Baumettes, le 24 février 2021,
Bonjour à vous, J’espère que ma carte vous trouve en bonne forme et en bon moral.
L’hiver passe et nous arrivons au printemps. Mais il ne nous a pas épargnées cette année 2020 : pluie, vent, froid, neige, inondation, etc. Alors oui, on l’a senti passer. De plus, les conditions de ce château sont loin d’être aux normes européennes… mais une honte de la société, c’est clair.
La solidarité, bien des personnes ont oublié ce mot. Comme d’habitude, je me bats pour tout. De toute façon, la vie est un combat. Et il ne faut jamais baisser les bras !!! Peu importe l’adversaire face à soi.
Je ne rentre pas dans la case car je suis assez trempée en caractère. Je tempère au vu du lieu et des conséquences. De toute façon, j’assume. Face à nous, ils sont tous humains. Un humain = un humain !
Ça passe vite pour mes enfants dehors. J’ai laissé des bébés, ce sont des femmes et des hommes maintenant. C’est une claque qui fait mal. Mais pas le choix, on s’y fait, et le temps fait son chemin et son travail.