Étiquette : morts en prison

  • Lettres reçues après la censure du journal 56 dans les prisons françaises

    Lettres reçues après la censure du journal 56 dans les prisons françaises

    Ces lettres sont arrivées après la sinistre nouvelle : le numéro 56 de L’Envolée est censuré par l’administration pénitentiaire, encore une fois. Pour rappel, le numéro 55 et le 52 avaient aussi eu le même traitement… Pour le 56, on en parle dans l’émission de fin janvier (que vous trouverez en cliquant ici).
    Passez le mot, dites nous si vous avez des retours des abonné.e.s de l’intérieur, ne les laissons pas seul.e.s face à l’administration pénitentiaire ! Et pour soutenir, abonnez-vous !

    23 janvier 2023, dans une prison française

    Salut L’Envolée, comment vous allez ? Bien j’espère. Moi ça peut aller, je lâche rien !
    Les matons sont venus reprendre le numéro 56 de L’Envolée, ils n’ont pas déboulé dans ma grotte mais ils ont ouvert la trappe de ma porte et ont réclamé le magazine. Ils m’ont montré une circulaire qui en gros disait qu’à cause de l’article qui pénave des matons qui sont passés en procès pour violence volontaire, le numéro 56 est censuré. Ils ont même réclamé les photocopies que le poto m’a envoyé qui n’avait rien à voir avec les matons ! C’était l’hommage à l’ami Romain, paix à son âme.

    C’est abusé, dès que L’Envolée retransmet un procès de matons, ils censurent le numéro… Vous les touchez là où ça leur fait mal ! Par contre, quand un détenu craque et les bouscule c’est les premiers à faire en sorte que tout le pays soit au courant et en plus ils tournent le truc à leur sauce, se placent en victimes pour réclamer des chiens, des taseurs, et des nouvelles pompes pour mieux nous écraser la tronche au sol ! Sérieux, je me demande quel traumatisme ils ont vécu dans leur enfance pour être comme ça à l’âge adulte, ils se sont fait tchourave leur goûter à l’école par plus balèze qu’eux ? C’est quoi, leur problème ? Déjà, pour enfermer des êtres humains dans neuf mètres carrés, ‘faut vraiment être taré ! Y en a marre de l’oppression de l’administration pénitentiaire, j’en ai marre de devoir faire ma peine qui est quand même longue en fonction de leur humeur ! On veut juste faire notre peine sereinement et sortir retrouver nos proches quand on en a. Pourquoi ils s’acharnent à nous torturer l’esprit et le corps, pourquoi ils nous assassinent ? Les juges nous condamnent et l’AP nous amène à l’échafaud ! On est entre les mains de sadiques remplis de frustrations et au QI d’une huitre !!!

    Bref.. Ils vont bloquer mon courrier si je les vexe… On lâche rien !



    Du fond d’une geôle de l’hexagone, janvier 2023

    Salam, shalom, que la paix soit sur vous, « L’Envolée » !

    Un cocktail de sentiments lorsque l’on tourne les pages de ces magazines, amoncellement de bribes de vie, de vérité, maillage de papier ô combien résistant d’une solidarité à l’ombre, caisse de résonance de la voie des années car condamnés, ô combien détestés par cette infâme institution qui s’alimente de la souffrance humaine.

    « L’Envolée » à son corps défendant et comme cet oiseau noir d’une intelligence rare que l’on considère à tort être de mauvaise augure !

    « L’Envolée » tel un corbeau porte l’ingéniosité, l’abnégation de la « populace » mais aussi ce sentiment particulier que l’on ressent avant d’apprendre de tristes nouvelles, comme une « mauvaise augure ».

    Merci à L’Envolée car peu importe la dureté de l’information, savoir est le premier pas nécessaire sur la route de la lutte.

    Grosse force aux familles qui ont perdu des proches victimes de la violence non pas aveugle mais au contraire consciemment appliquée, dirigée contre les humains sur qui ne souffle plus le vent de la liberté.

    Refus d’accès aux soins, coups, leur système tue et ils le savent. Une pensée pour le frérot Théo Sahna, décédé à Fresnes et dont le récit du décès fait par l’administration pénitentiaire est totalement contredit par les témoins. 

    Que dire de plus : ils n’ont pas apprécié que je prenne le stylo, alors voilà, puisqu’ils nous lisent, qu’il n’y ait aucune ambiguïté : entendez le vertige, Kundera dit « la voix du vide » c’est ici la voix de l’ombre, de ceux que vous souhaitez cacher, dissimuler.

    Le silence fracassant des coups de pieds dans les portes, des mots, des idées, qui sortent de derrière vos murs et auquel chacun peut se rattacher. Le silence turbulent dont seule la privation de liberté a le secret. Vous voulez interdire, censurer car vous connaissez la puissance des mots qui reflètent la vérité. 

    Du fin fond d’un QI à tous ceux que l’on appelle « personne détenue » mais qui pour eux ne sont personne si ce n’est un numéro d’écrou et un pécule. 

    Je vous dit, les humains, ne lâchez rien, on est ensemble, ne lâchez rien ! 

    Un jour de plus, un jour de moins, mais un jour de trop.

    En deçà du réel

  • Deux lettres de la Maison d’Arrêt de Caen pour y dénoncer les conditions infâmes d’enfermement

    Deux lettres de la Maison d’Arrêt de Caen pour y dénoncer les conditions infâmes d’enfermement

    Une lettre et un poème qu’on a reçu de la maison d’arrêt de Caen qui décrivent les mêmes horreurs quotidiennes que doivent y subir les prisonniers. On les avait lues et discutées dans l’émission du 7 octobre 2022 (à réécouter ici). On peut lire ici le texte qu’avait fait sortir des prisonniers de cette taule il y a un an pour rendre hommage à Youssef, mort entre ces murs, et auquel il est fait référence dans la première de ces lettres. On y lit aussi un petit aperçu de la censure du dernier numéro du journal et du prétexte qu’elle a offert aux matons pour mettre la pression. On sait que c’est bien la merde dans toutes les maisons d’arrêt mais ça fout quand même bien les boules de lire les abus quotidiens de la matonnerie. Force et courage à eux !

    3 juillet 2022, MA de Caen

    Gros big up à l’Envolée !

    J’écris depuis la maison d’arrêt de Caen (Duparge), l’omerta carcérale fait loi ici, comme dans la majorité des prisons en France. Mais ici on est un peu plus gâtés, laissez moi vous en raconter quelques-unes:

    • Les suicides, les matons fachos-fachés qui y poussent. On oublie pas le poto Youssef mort au 3ème étage du bâtiment Grande Galerie qui a été poussé à bout!
    • Des parloirs sans boxes ni séparation. Aucune intimité pour les familles, les tables sont espacées de 50cm entres elles, on doit gueuler pour s’entendre, surveillés par une matonne de des caméras.
    • On a ni UVF ni parloirs familiaux pouvoir profiter de nos proches avec un minimum d’intimité.
    • Les matons qui ouvrent les fenêtres des coursives pour fumer, les pigeons entrent. Les coursives et les escaliers sont couverts de merde de pigeon. Il y en a partout, pratiquement jusque dans la gamelle!
    • Des cours de promenade dégueulasses, avec un robinet pour tout le monde avec un mini filet d’eau calcaireuse imbuvables quand elle n’est pas coupée.. Un pissoir par promenade surveillé par caméra, toujours bouché. Les auxiliaires font avec les moyens du bord et se retrouvent à devoir les vider avec une éponge et un seau, c’est inhumain.
    • Pas de frigo parce que l’installation électrique est vétuste, on a droit de cantiner une glacière électrique (49.99 euros) pour ceux qui en ont les moyens!
    • L’ouverture des cellules à des heures pas possible pour les fouilles. Parfois c’est à 23h et quand ça leur dit ils le font à 6h du matin.
    • Les cabines téléphoniques sont tout le temps en panne et fonctionnent à moitié quand elles ne le sont pas.
    • Les bâtiments aux normes de 1945, la mentalité des matons date visiblement de la même période. Il n’y a que l’uniforme qui change.

    Et puis comme dans d’autres prisons, la censure du journal du mois de juin… Arrivée un peu tardivement ce qui nous a permis tout de même de lire l’article de Libre Flot. Mais voilà, mi-juin la censure est tombée et une fouille a été demandée pour chaque détenu abonné. Quelle belle surprise de rentrer de promenade et de voir la cellule retournée, comme s’ils cherchaient un portable ou des stups! Mais merde vous êtes si dangereux que ça les potos ? Lol.

    J’ai su par ma femme que d’autres prisons ont suivi, que les censures étaient tombées. Ça vient de la CGT pénit’ ?

    C’est dommage qu’ici on capte pas l’émission de radio. Alors on verra pour le prochain journal si on finit pas tous au mitard.. LOL

    3 juillet 2022, MA de Caen

    Je dis bonjour à l’Envolée

    Je voudrais qu’vous m’épauliez

    Je vais tout vous raconter

    Ça m’fait pas rigoler

    Oui ça nous sert la gamelle

    Oui ça nous prend pour des chiens

    Et t’as pas vu les matons

    Ils font les fachos toute l’année

    Moi j’ai bien analysé

    Eux ils n’aiment pas les arabes

    J’me rappelle j’ai cantiné

    Et ils ont enlevé tout mon rabe

    J’avais pris des Malboro

    Et beaucoup de Philip Morris

    Ils m’ont dit que c’était trop

    Je ne m’appelle pas Boris

    Et attends y’a la promenade

    Où y’a vraiment rien à faire

    Nous on fabrique des ballons

    Pour le moment ça fera l’affaire

    Si jamais tu veux pisser

    Dans la promenade le pissoir

    La vie d’ma mère c’est bouché

    Et c’est vraiment dérisoire

    Oh putain le robinet

    Qui s’trouve à l’opposé

    Moi j’ai connu des chaleurs

    Où il nétait pas allumé

    Moi j’avais ma bouteille d’eau

    Je pouvais pas la descendre

    Ils sont vraiment déterminés

    Ils veulent nous réduire en cendre

    Car ceci n’est pas le pire

    Ils veulent nous faire peur

    Et y’en a pour qui ça marche

    Je remonte de promenade

    Des pigeons dans l’batiment

    Et ça nous sert la gamelle

    Accompagnée de leurs excréments

    (Texte non fini pour l’Envolée. Je vous l’envoie dans l’urgence des conditions de détention que nous subissons)

  • Mourir à petit feu : trois lettres de prisonnier·e·s longues peines

    Mourir à petit feu : trois lettres de prisonnier·e·s longues peines

    Trois prisonnier·e·s condamné·e·s à de longues peines disent le temps qui détruit leur vie et celle des autres prisonnier·e·s, ces peines interminables qui dissipent tout idée de « réinsertion », mais surtout, qui tuent à petit feu, anéantissent les facultés physiques et intellectuelles. Cesario en arrive même à interpeller les institutions de l’État pour revendiquer le droit à mourir – comme les dix prisonniers de la centrale de Clairvaux qui écrivaient le 16 janvier 2006 :

    "À ceux de l'extérieur osant affirmer que la peine de mort est abolie. Silence ! On achève bien les chevaux ! Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (dont aucun de nous ne vaut un Papon), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous."

    La guillotine certes n’existe plus ; mais la peine de prison à vie, c’est-à-dire de prison jusqu’à la mort, l’a remplacée à coups « de mois qui paraissent être un an » comme l’écrit Céline ci-dessous, avec un tranchant tout aussi morbide. Ces courriers font hélas écho aux dits et écrits de prisonnier·e·s rassemblés dans le livre La peine de mort n’a jamais été abolie.


    « La vie continue, mais nous, on stagne au jour de notre incarcération »

    Lettre de Céline

    Publiée dans le numéro 55 de L’Envolée, et lue à l’antenne le 4 février 2022.

    Centre de détention de Rennes,

    Le 19 mars 2022

    Salut l’équipe,

    J’ai encore dix longues années à tenir dans ces lieux. J’en ai effectué que deux et demi sur les seize ans de départ. Je ne serai aménageable qu’en 2026. Le temps est long. Dans ces lieux, un mois paraît être un an, alors je mets à profit ce temps pour comprendre ce qui m’a conduit ici et pour « préparer » tant bien que mal ma sortie.

    Cela fait un an que je suis à Rennes (avant j’étais à la maison d’arrêt pour femmes de Limoges), le plus grand centre de détention pour femmes de France et apparemment d’Europe. Laissez-moi rire. L’administration pénitentiaire est pire que ce que j’ai connu en maison d’arrêt. Voilà deux semaines que j’attends pour enregistrer un numéro de téléphone, cinq mois d’attente et certainement plus pour un droit de visite. Des demandes sans réponses. On m’avait dit, avant mon transfert : « les numéros de téléphone suivent ». Et bien ici, non. Alors qu’à Fresnes, à Jullouville, à Poitiers, et j’en passe, ça suit. Quand je parle aux filles qui ont connu d’autres maisons d’arrêt, d’autres centres de détention, dès lors qu’on est condamné, on n’a plus besoin de fournir de factures pour enregistrer les numéros. Mais ici il le faut. C’est incompréhensible.

    En ce qui concerne le taf, il n’y a pas de travail pour toutes. Il y a une vingtaine de places au façonnage où l’on fait du travail à la pièce, coller des blocs sur des pochettes, plier des documents pour faire des pochettes à rabats ou des dossiers, faire des disques stationnement, enrouler des affiches pour des magasins, mettre des documents sous film. Il y a environ quarante places à la confection : draps, serviettes pour les prisons, uniformes pour les matons, matelas, et quelques commandes pour des entreprises privées. Ensuite, il y a les auxi pour le repas, le ménage, la désinfection. Ensuite, il y a la cuisine et deux ou trois filles pour les cantines. Il y a deux ou trois formations rémunérées. Pour les autres, ce sera soit l’indigence, soit des personnes à l’extérieur s’il nous en reste, quand elles peuvent et qu’elles nous font des virements.

    Comment s’intégrer dans notre famille quand on est au téléphone ?

    Il faut un projet pour la sortie, mais comment mettre un projet en route quand on n’a pas les formations nécessaires ? Comment se renseigner quand on n’a pas accès aux informations ? Quand je vois des filles qui sont là depuis dix, quinze, vingt ans, comment les réinsérer dans un monde qui a totalement changé ? Ces filles qui n’ont pas connu internet et les téléphones portables, comment vont elles être autonomes et se servir de ces technologies qui sont tellement importantes aujourd’hui et pour lesquelles elles ne connaissent rien ? Ça me fait peur pour elles, mais aussi pour moi : dans dix ans, tout aura changé. C’est la vie ! Comment s’intégrer dans notre famille quand on est au téléphone ?

    Dehors la vie continue, mais nous on stagne au jour de notre incarcération. Oui, la sortie me fait plus peur que de rester ici, mais pourtant j’ai un désir beaucoup plus grand d’être libre. C’est paradoxal et difficile à vivre.

    En ce qui concerne le CGLPL (Contrôleur général des lieux de privation de liberté), on se tourne vers eux mais si on sait que ça sert à rien, mais surtout parce qu’on ne sait pas vers qui se tourner pour revendiquer ce qui nous semble injuste, ignoble. Alors on écrit au CGLPL ou à l’OIP (Observatoire international des prisons). Si les gens savaient vraiment ce que l’on vit, ce que l’on paie, et le prix, ce que l’on touche… Même ça, est ce que ça aurait un impact ?

    Céline


    « Des vieux que l’on a laissés crever »

    Lettre lue à l’antenne le 10 juin 2022.

    Centre de détention de Bédenac,

    Mai 2022

    Bonjour,

    Je suis dans la prison où il y a eu pas mal de problèmes, avec des vieux que l’on a laissé crever. J’ai vu ce qu’il y a de pire. Et aujourd’hui encore, exemples :

    • un codétenu cardiaque, avec les poumons foutus, et un demi-cœur qui fonctionne, qui n’a aucun suivi depuis un an qu’il est ici
    • un autre, polytraumatisé, avec le cerveau d’un enfant enfermé sans suivi

    Et le pire, c’est que le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) ne sert à rien, le médical c’est du n’importe quoi depuis que le médecin que l’on avait est parti. Pour savoir ce qu’il s’est passé, vous n’avez qu’à regarder sur le net : Bédenac, CGLPL, « maltraitrance sur les personnes âgées ». Je fais partie de principaux donneurs d’alerte au CGLPL, avec aussi l’ancien médecin du site. J’appelais tous les jours le CGLPL, et avec des courriers de suivi. Du coup, après cette visite de contrôle, du CGLPL, je vous explique pas, je suis très mal vu de la direction. Heureusement que les surveillants me comprennent, sauf deux ou trois qui n’ont rien compris. Mais si je devais recommencer, je le ferai car c’est inhumain ce qu’il se passe. On a été condamnés à la prison, pas à la peine de mort ! C’est que, ici, on peut se poser la question.

    Dans ce pays, il y a un sacré nombre de fachos !

    Vous savez, un autre exemple : un détenu qui me traite de « sale juif », qui fait des saluts nazis, des propos insultants sur les juifs. Et là, personne ne fait rien ! On le laisse faire. Pas besoin de se demander pour qui vote la direction de cette taule. Il ne fait pas bon être juif et étranger ici.

    En gros, c’est la merde totale, sauf les cellules et les bâtiments. En fait, c’est comme les bonbons à l’orange sanguine : l’emballage est beau, mais sans l’emballage c’est amer. C’est pour cela que je n’en peux plus. Je suis triste de cette vie et de ce monde qu’on laisse à nos enfants. On nous abreuve d’informations de guerre, de haine. Dans ce pays, il y a un sacré nombre de fachos ! Et tous ces gens qui crèvent dans le monde de faim, de la guerre, quelle honte !

    Je vous remercie pour votre réponse, à bientôt.


    « La peine de mort ayant été abolie en 1981, une peine de détention jusqu’à la mort a remplacé celle-ci dans les faits »

    Lettre de Cesario

    Lettre lue à l’antenne le 17 juin 2022.

    Dans une prison du sud de la France, quartier d’isolement,

    Mai 2022

    À mesdames et messieurs les représentants de la nation française, élu·e·s aux élections législatives de juin 2022,

    Je rédige ce courrier depuis la cellule d’un quartier d’isolement d’un centre pénitentiaire du sud de la France. J’ai écrit précédemment plusieurs courriers aux différents ministres de la Justice successifs. Au dernier en poste aussi, après la visite qu’il a effectué dans cet établissement quelques semaines en arrière, sans un regard sur ce quartier d’isolement situé à 50 mètres à peine de son parcours balisé ! J’écris donc ce jour à ceux qui véritablement s’intéressent et s’investissent réellement dans la défense des droits et conditions de vie en détention, comme l’OIP-SF et le trimestriel Dedans-dehors, que je lis depuis de nombreuses années. Si ma lettre paraît, vous en prendrez connaissance. La CGLPL recevra une copie de ce courrier. Nous sommes actuellement 501 détenus condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en France. Pour certains, les plus anciens, la fin de vie est proche mais leur état physique ne leur permet pas une libération, ils attendent la mort dans les « EPHAD » pénitentiaires.

    Tous savent, et moi le premier, que je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté

    Pour d’autres, dont je fais partie, nous sommes encore en bonne santé apparente. Mon cas personnel est tout de même atypique. Condamné en 1988 à la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits datant de 1986. Je fus libéré deux fois en libération conditionnelle, en 2007 puis une seconde fois en mars 2019. En novembre 2019 j’étais à nouveau réincarcéré et je viens de voir ma conditionnelle révoquée en totalité. Sans rentrer dans les détails, tous savent, et moi le premier, que je n’ai désormais plus aucune perspective d’avenir en liberté. À 62 ans et trente-huit années de détention effectives, je souhaite comme certains autres détenus ayant mon profil de peine, que nous soient accordé le droit de partir en bon état, en utilisant un procédé létal et légal de fin de vie. Je suis encore en capacité de faire ce choix, et vous élus du peuple, êtes en capacité de faire adopter une loi le permettant. La peine de mort ayant été abolie en 1981, une peine de détention jusqu’à la mort a remplacé celle-ci dans les faits.

    Vous pouvez l’ignorer, mais c’est un fait établi dont personne ne parle. N’attendez pas comme d’habitude qu’un très grave fait divers intramuros vous oblige, sous la pression médiatique, à vous pencher sur ce dossier de la fin de vie des très, très longues peines. J’en terminerai en citant Cioran :

    "Je ne vis que parce qu'il est en mon pouvoir de mourir quand bon me semblera : sans l'idée de suicide, je me serais tué depuis toujours."

    Salutations à toutes et tous,

    Cesario

  • Expérimentations sécuritaires et violences pénitentiaires : lettres sur le QI et le mitard

    Expérimentations sécuritaires et violences pénitentiaires : lettres sur le QI et le mitard

    Le QI (quartier d’isolement) et le mitard sont les parties de la prison les plus propices aux violences pénitentiaires. Francis Dorffer explique comment les QI deviennent de plus en plus invivables, au rythme de la diffusion progressive des nouvelles logiques sécuritaires. Beaucoup de morts en prison ont lieu à l’isolement ou au mitard, comme le dit Kémi dans une lettre écrite le 29 mai 2022 à l’occasion de la journée nationale contre les violences pénitentiaires. Anonyme, une quatrième lettre revient sur le caractère systémique des violences contre les prisonnier·e·s, spécialement au QI.


    « À chaque transfert, je recommence le circuit de la mort à zéro »

    Lettre de Francis Dorffer

    Nous avons publié au début de l’année une lettre ouverte de Francis écrite en décembre 2021 depuis Saint-Maur. Transféré à Arles, il continue à y subir la gestion toujours plus sécuritaire des QI. Cette première lettre a été lue à l’antenne le 18 mars 2022.

    Maison centrale d’Arles, quartier d’isolement,

    Le 15 février 2022

    Aujourd’hui en prison, on n’y fait plus attention, mais la sécurité prend une place de plus en plus énorme et déshumanise tout. Depuis un certain temps, au nom de la sécurité, on a laissé tomber toute forme de sympathie ou même d’humanité. Depuis bientôt trois ans, je vis à l’isolement enfermé 24 heures par jour. C’est par une trappe dans la porte que je dois passer mes mains pour être menotté dans le dos, par des casqués équipés de boucliers, pour sortir de cellule. Comment me sentir bien ? Comment résister et ne pas tomber dans la haine, dans la violence ? Je résiste sans dire un mot. Malgré les années qui sont passées, à chaque transfert, je recommence le circuit de la mort à zéro.

    Exemple : ici, on m’a mis dans une cellule dite « de force », où la fenêtre ne s’ouvre presque pas, les toilettes et le lavabo sont dans du béton, il n’y a aucun meuble à part une table en ferraille attachée au sol. Et le pire, je suis menotté à chaque sortie de cellule par des surveillants qui me tiennent par chaque bras. Imaginez un rendez-vous ! La personne vous voit arriver avec cinq surveillants équipés comme des robots ! Super, les entretiens menottés dans le dos. Au dentiste les menottes me rongent la peau car je suis assis dessus, et je me casse les poignets. Je pense que les directions qui prennent ce genre de mesures contre moi ne se rendent même plus compte qu’ils participent à un acharnement et cela commence à me ronger.

    Je vis en détention depuis vingt-deux ans. J’ai passé plus de temps en prison qu’à l’extérieur, j’ai été condamné à une peine qui est la plus longue infligée en France. En tout, quatre-vingt-six années de détention ont été prononcées contre moi et j’ai encore un jugement en attente. Pour ceux qui ont du mal à y croire, qu’ils contactent mes avocats ou qu’ils regardent sur le net.

    Quand j’entends que la France est un pays fondateur des droits de l’homme, ça me dégoûte. Et mes droits, ils sont où ? Ah, je suis un taulard, donc je peux m’asseoir dessus ? Les gens pensent : « il est en prison, il l’a bien mérité », mais non ! J’ai pas mérité d’être condamné à autant. J’ai pas versé une seule goutte de sang. Dans mes prises d’otages, je n’ai pas frappé une seule fois un otage ! Pourtant on m’a condamné comme si j’avais tué cent fois, et c’est ma quinzième année de détention au QI, et actuellement j’en suis à la troisième d’un trait. Menotté et baluchonné chaque année, car à chaque fois on me dit : « reste tranquille et on va enlever les menottes », arrivé quelques mois on me met les menottes devant, puis paf on me transfère ailleurs et arrivé dans une nouvelle prison on me dit :

    "On te connaît pas, donc on repart sur le menottage dans le dos, si tu reste tranquille on verra pour te les mettre devant !"

    Que la France arrête de faire semblant d’être un pays humain et surtout qui respecte les droits de l’homme. Ça fait 22 ans que je suis en prison et chaque jour on m’attache comme un chien ! C’est ça, se réinsérer, les gens ! En les attachant dans le dos ! En les éloignant de leurs familles, en les laissant des années au QI, en les laissant sans rien. Bref, ce que je sais, c’est que c’est pas comme ça qu’ils vont me casser !

    Force et courage à tous, soyez forts, et si besoin écrivez-moi, je répondrai.

    Francis Dorffer


    En direct des abattoirs français

    Lettre de Francis Dorffer

    Nous avons publié au début de l’année une lettre ouverte de Francis écrite en décembre 2021 depuis Saint-Maur. Transféré à Arles, il continue à y subir la gestion toujours plus sécuritaire des QI. Cette seconde lettre a été lue à l’antenne le 18 mars 2022.

    Maison centrale d’Arles, quartier d’isolement,

    Le 20 février 2022

    Aujourd’hui, la prison a pris un tournant ultra-sécuritaire. C’est de plus en plus inquiétant : en 2022 le budget pénitentiaire a voté 145 millions d’euros rien que pour le volet sécuritaire ! Quand le budget pour les alternatives à la prison s’élèvent à 300000 euros ! Ou la prévention de la récidive : 90 millions ! C’est hallucinant. À ces deux catégories, on n’arrive même pas au budget alloué pour la sécurité. Alors que les deux sont essentiels. Sur le terrain, la hausse de l’hyper-sécuritaire se fait ressentir chaque jour un peu plus.

    Quand on se penche un peu sur les quartiers d’isolement… Pour être concret : il y a quinze ans, j’étais en QI dans des maisons d’arrêt. Il n’y avait pas de système de trappes aux portes. Aujourd’hui, 90% des QI sont munis au moins partiellement de ces trappes ! Et ce qu’il se passe, c’est que dans beaucoup de QI, vu qu’il y a ces trappes aux portes, les agents n’ouvrent quasiment plus les portes. La facilité de venir seul et de distribuer le courrier, les cantines ! Voire dans certains cas, les repas. Et l’humain disparaît petit à petit. Même des audiences sont faites par les trappes ! Et je ne suis pas une exception. Des détenus traités comme moi, il y en a de plus en plus… Il faut que ça cesse ! On a pas le droit de laisser des êtres humains comme ça ! Le contact avec les surveillants ne fait plus que le bruit de la ferraille des menottes et le claquement des boucliers, chaque jour depuis trois ans. Et je vous le dit, il y a des centaines de détenus qui vivent ça. Mais les pauvres ont tellement laissé le temps passer que pour eux, c’est normal ! C’est devenu banal de laisser les gens mourir à petit feu comme ça.

    Et quand il y a des incidents, on relance les vieux débats, les manques de moyens, etc. Non ! Stop ! Aujourd’hui le directeur d’une prison peut placer un prisonnier au QI, le faire menotter, lui imposer des agents équipés casqués avec boucliers, lui imposer des heures de sortie (1 heure du matin !), le mettre en position animale ! Et après ils vont dire : « regardez, le mec est violent ». On fabrique des bombes humaines et quand elles explosent on se demande comment c’est arrivé. Non, vraiment, stop ! Il est temps de traiter les détenus comme des humains et de leur laisser l’espoir, la vie est déjà assez compliqué pour nous. Il faut que ça cesse ! Venez voir !

    Merci à tous,

    Francis Dorffer


    Le mitard et l’isolement

    Lettre de Kémi

    Kémi écrit dans cette lettre, lue à l’émission du 20 mai 2022, qu’il est sorti d’isolement peu de temps avant, en janvier 2022. Cependant, l’AP a depuis décidé de l’y remettre au courant de l’été 2022...

    Maison centrale de Saint-Maur,

    Mai 2022

    Bonjour à tous,

    Je vous écris de la centrale de Saint-Maur, je m’appelle Mickaël, j’ai 33 ans et ça fait dix ans que je suis en cellule, et il me reste encore dix ans sur le papier, tout ça pour vous dire que je connais bien le mitard et l’isolement. D’ailleurs, récemment je suis sorti de l’isolement après un bref séjour de deux ans, le mitard je connais que trop bien aussi malheureusement, j’ai même connu les fameux 45 jours fermes de cachot ! Un mois et demi enfermé dans 3 m² avec rien, même la radio ils font galérer pour nous la donner !

    La France devrait fermer ces lieux sombres, sérieux

    L’isolement en France c’est quoi ? C’est ni plus ni moi que les QHS (quartiers de haute sécurité) des temps modernes ! On est 23H/24 enfermés en cellule, impossible de voir à quoi ressemble ton voisin de cellule, et si tu parles à la fenêtre faut faire très attention à tes propos et avec qui tu les tiens pour éviter que l’AP te colle une étiquette chelou sur ton dos ! Si tu t’énerves faut être préparé car ils entrent dans ta cellule avec le bouclier et les tenues pare-coups, et te sautent dessus, donc quitte à faire du mitard, autant y aller pour une raison valable…

    Ça peut paraître brutal, mais en vrai vous êtes loin de la vérité, c’est encore plus brutal. Je m’exprime pas très bien, mais c’est des abattoirs à détenus. Regardons la vérité des choses, la plupart du temps, quand un détenu perd la vie, c’est soit au mitard, soit à l’isolement, ou alors par un incendie dans la cellule…

    L’isolement et le mitard en France, ce sont des lieux où l’on se sert des détenus comme des cobayes, ils essayent de vous shooter avec des médocs, ou alors ils te piquent, c’est la camisole de force par injection, c’est des oufs ! La France devrait fermer ces lieux sombres, sérieux, vous ne pouvez pas imaginer ce qui s’y passe !

    Oui c’est vrai, à l’isolement, on a le droit à la télé et aux cantines mais si tu bosses pas et que t’as pas de soutiens à l’extérieur tu fais comment ? Rares sont les quartiers d’isolement où tu peux bosser, la télé n’est pas gratuite, c’est 20€ par mois, et même si t’as la télé tu peux passer plusieurs années à l’isolement coupé de tout, si tu commences à parler à ta télé et que tu attends une réponse, ben, pose-toi les bonnes questions !

    J’ai vécu une nuit au mitard en 2014 où je me suis battu pour ma vie, merci à mes voisins qui ont fait le bordel

    J’ai personnellement côtoyé l’isolement, j’ai passé plusieurs années dans ces mouroirs. Le mitard c’est pareil, on doit rester sur nos gardes 24H/24. Pour tout vous dire, j’ai vécu une nuit au mitard en 2014 où je me suis battu pour ma vie, et merci à mes voisins qui ont fait le bordel quand ils ont entendu la bagarre dans ma cellule, à cette époque j’étais le détenu à briser voir plus après une prise d’otage dont j’ai été l’auteur, quand on joue avec l’AP, on joue sa vie !

    Bref, j’espère que ces quelques mots permettront de voir un peu ce qu’est l’isolement et le mitard… Force, courage et honneur pour tout·e·s les détenu·e·s de France et leurs familles !

    Mickaël, AKA Kémi


    « S’adapter, ne pas s’habituer »

    Lettre d’un lecteur anonyme de L’Envolée

    Cette lettre a été lue à l’émission du 17 juin 2022.

    Dans une prison de France, quartier d’isolement,

    Juin 2022

    Salam, peace à toute la populace,

    Je suis un lecteur assidu de L’Envolée, un révolté de nature, qui au fur et à mesure vire entre haine et dégoût. Innocent ? Nan, sûrement pas, et alors ? Non coupable ? Ça dépend des points de vue. Plus de sept ans de détention, six ans d’isolement ininterrompu, réclusion criminelle à perpétuité, la trentaine, nice to meet you.

    Je suis en ce moment dans une cellule d’isolement. Force à tous ceux qui sont dans ce cas. La fenêtre s’ouvre à peine suffisamment pour passer la main, ni un oiseau ni un singe et, malgré tout le respect que j’ai pour eux, j’ai l’impression d’être un animal dans un zoo. Drôle de situation quand un directeur vient vous accueillir à votre arrivée en disant : « alors, c’est vous ? », avec le regard que l’on pourrait porter sur un lion domestiqué ou non domestiqué dans une cage.

    Ces bleus, ces humains qui ne le sont que très peu au quotidien, agents et acteurs d’un racisme structuré

    S’adapter, ne pas s’habituer. J’ai vu au cours des années des détenus flancher psychologiquement, répondre à la violence institutionnelle (quand elle n’est qu’institutionnelle, ce qui est extrêmement rare), par la violence physique, souvent contre eux-mêmes, trop souvent contre eux-mêmes d’ailleurs. À l’égard des bleus, parfois ces bleus, ces humains qui ne le sont que très peu au quotidien, agents et acteurs d’un racisme structuré, nous les noirs ris de leurs blagues racistes de leurs collègues. Ces gens, ces bleus, très souvent instables, qui laissent libre cours à leur base instable à l’ombre de ce système panoptique, où force n’est pas à la loi, puisque ces lois ils les bafouent en permanence et que le détenu qui aurait l’outrecuidance de s’emparer de ces lois pour tenter de se défendre (je dis bien tenter) est immédiatement estampillé procédurier et les vexations ne font que se multiplier.

    Que dire des piqûres ? De la camisole chimique ? Que dire des décès ? Des meurtres maquillés en suicides ? De l’instrumentalisation de la bassesse humaine ? De l’utilisation des détenus contre d’autres détenus ?

    Et lorsque l’on a dit tout cela, que dire des QI ? J’y suis depuis six ans. On m’accuse d’être un roc, de ne pas faiblir, de ne pas craquer, d’être trop peu impacté après toutes ces années. Qu’on se le dise, je n’ai pas l’intention d’abdiquer : routine exigeante émaillée d’effractions de la part de soldats, plus exactement de marionnettes de l’injustice.

    L’instrumentalisation d’événements au profit du tout sécuritaire… Des débats contradictoires pour donner à tout cela un semblant de cadre légal. Pour ma part, je dis une chose simple quant à ces débats. Dire à son empoisonneur : « je connais ta recette » est inutile, puisqu’il ajoutera toujours un nouvel ingrédient à son poison. Lorsqu’on nous empoisonne, la meilleure façon de ne pas mourir, c’est d’arrêter de manger. Il faut donc ne plus accepter de subir. Stimulez votre intellect, maintenez votre physique en bon état, résistez de la manière la plus adaptée à votre situation… peu importe la manière et peu importe cette situation.

    Un grand salam à L’Envolée que je lis depuis longtemps, à qui je n’ai jamais écrit. C’était une présentation, peut-être que d’autres courriers suivront. Dans tous les cas, je ne souhaite pas que mon identité soit donnée si ce courrier devait être publié. Un grand big up de l’ombre pour les gens à la lumière, prenez soin de vous, je vous souhaite de sortir dans le meilleur état possible.

  • Combat pour récupérer les affaires de Romain, mort en prison – lettre de John Paul à Bédenac – les institutions de l’État critiquant l’État

    Combat pour récupérer les affaires de Romain, mort en prison – lettre de John Paul à Bédenac – les institutions de l’État critiquant l’État

    Émission de L’Envolée du vendredi 16 septembre 2022.
    • Appel de Pierre, qui explique le combat d’Adeline pour récupérer les affaires de son compagnon Romain Leroy après la mort de ce dernier : l’administration pénitentiaire refuse de les lui rendre

    • Lettre de John Paul, incarcéré à Bédenac, qui nous répond en évoquant son combat depuis 2017 pour remarcher en prison, les conditions de détention difficiles, la censure de L’Envolée

    • Discussion sur les institutions « indépendantes » créées par l’État, de la Commission des droits humains créée en 1957 pendant la guerre d’Algérie jusqu’au CGLPL aujourd’hui. Quelle utilité pour l’État ? À quoi sert un contre-pouvoir sans pouvoir ?

    • Bonne nouvelle : 12 évasions au CRA de Metz dans la nuit du jeudi 15 septembre ! Une personne a été rattrapée et sûrement blessée par la police

    • Repas de soutien et projection organisée par l’Assemblée contre les CRA samedi 17 septembre, puis Assemblée publique contre les CRA ce mercredi 21 septembre à 19h au CICP (21 ter rue Voltaire 75011 Paris)

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    On manque de forces pour faire tourner l’émission radio comme on le souhaiterait en ce moment : n’hésitez pas à nous contacter, que vous soyez prisonnier·e·s, proches, ou révolté·e·s contre l’enfermement et l’AP, pour nous filer un coup de main !

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le jeudi soir à 20h30, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. Le numéro 55 est dispo et déjà censuré par l’Administration pénitentiaire ! Raison de plus pour le faire tourner un maximum et l’envoyer par tous les moyens par dessus les murs !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

  • Des nouvelles de Romain – Une garde à vue presque ordinaire – La censure de L’Envolée – Le fascisme qui vient

    Des nouvelles de Romain – Une garde à vue presque ordinaire – La censure de L’Envolée – Le fascisme qui vient

    Émission de l’Envolée du vendredi 1er juillet 2022

    • Discussion avec Adeline, compagne de Romain, prisonnier longue peine qui subit toujours les représailles de l’administration pénitentiaire 6 ans après sa prise de parole (voir le compte rendu de son procès en appel du 14 juin 2017 pour la mutinerie au QMC de Valence).
    • Lecture de l’article « Distribution de permis de tuer au tribunal de La Rochelle : procès des surveillants responsables de la mort de Sambaly Diabaté à la prison de Saint-Martin-de-Ré ». Paru dans le dernier numéro, ce sont des passages de cet article qui sont cités dans la note interne de l’administration pénitentiaire pour justifier l’interdiction du numéro 55 dans toutes les détentions.
    • La chronique de Coco, qui ce mois-ci nous fait part de son inquiétude face à la vague fasciste qui déferle à l’Assemblée, dans les rues et en prison.
    • Et enfin, comme c’est l’été, on vous raconte une histoire : lecture d’une nouvelle reçue par la poste, récit drôlatique d’une garde à vue somme toute ordinaire, n’était-ce l’influence de certaines substances psychotropes.

    Musique : Ben PLG – « Arrête de crier sur ta meuf » / Odetta – « No More Auktion Block for Me » / Serge Reggiani – « Les loups sont entrés dans Paris » / Prodigy –  » Mac 10 Handle / Carlton Williams – « Prison Song »


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    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui a frappé le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Le numéro 55 est dispo !

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    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

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  • Le n°55 du journal censuré par l’AP pour couvrir ses matons – Les activités en taule : terrain de luttes avec l’administration – Un poème de Khaled

    Le n°55 du journal censuré par l’AP pour couvrir ses matons – Les activités en taule : terrain de luttes avec l’administration – Un poème de Khaled

    Émission de l’Envolée du vendredi 24 juin 2022

    Khaled, un vieux compagnon de route de l’Envolée, à l’intérieur puis à l’extérieur, est avec nous pour cette émission !

    • Le dernier numéro du journal est censuré en détention pour un article sur le procès des matons qui ont tué Sambaly à Saint-Martin-de-Ré (notre compte rendu et nos réactions au procès disponibles en podcast ici) qui s’est tenu à la Rochelle en décembre 2021 et auquel nous avions assisté. L’administration pénitentiaire (AP) n’aime pas qu’on rappelle que ses matons sont des tueurs. Si vous êtes au courant de saisie de journaux dans des prisons, hésitez pas à nous faire remonter les infos. Et si vous êtes en contact avec des gens à l’intérieur qui voudraient faire un recours contre cette décision, vous pouvez aussi nous contacter, nous accompagnerons les prisonnier.ères qui souhaitent attaquer juridiquement cette interdiction.
    • Discussion sur les activités en détention, lancée à partir d’une lettre d’une prisonnière qui raconte le chemin semé d’embûches pour accéder à ces activités. Khaled revient ensuite sur l’importance de ces moments pour garder un lien avec l’extérieur et sur les luttes avec l’AP sur la gestion des activités, le choix des détenus autorisés à y participer, et l’expérience de mener de telles activités en tant qu’ancien prisonnier. Retour dans ce contexte sur son passage à l’association « Lire pour s’en sortir », une structure financée par les constructeurs de prison. Enfin, récit d’une activité à la prison pour femmes de Fleury : des intervenants dangereux pour les prisonnières !
    • Khaled nous lit un de ses poèmes !

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    Pour nous joindre : 07.53.10.31.95 (whatsApp, telegram, signal, appels et textos). Pour écrire : Radio FPP – L’Envolée, 1 rue de la solidarité, 75019 Paris, ou encore à contact@lenvolee.net et sur instagram, twitter, facebook & snapchat.

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    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

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  • « IL N’A PAS PRIS PERPÈTE, IL A ÉTÉ CONDAMNÉ À MORT ! »

    « IL N’A PAS PRIS PERPÈTE, IL A ÉTÉ CONDAMNÉ À MORT ! »

    Adil, mort par refus de soins à Séquedin : on oublie pas !

    Adil est mort le 12 février 2016 à la maison d’arrêt de Lille-Séquedin suite à un refus de soins délibéré. En décembre 2021, le médecin de la prison est passé au tribunal pour « homicide involontaire ». C’est le seul de tous les coresponsables de ce drame à avoir été inquiété. Anne était la compagne d’Adil ; sans son combat et sa parole, ce énième décès causé par la prison aurait été passé sous silence comme tant d’autres. Après le procès, elle a écrit un texte qui a été lu à l’antenne de L’Envolée. Nous le publions ici. Ce courageux combat des proches pour connaître la vérité – et pour la faire connaître ! – est capital.

    Lettre de Anne :

    Il aura fallu attendre presque six ans pour arriver au procès de ce médecin. Ça a été une journée compliquée. Mélange de sentiments : colère, haine et tristesse.

    Colère, parce que je me suis pris en pleine tête le mépris et l’indifférence de ce « médecin ». Il n’a cessé de se défendre en insistant qu’[Adil] était un détenu particulièrement surveillé (DPS), qu’il fallait le GIPN pour l’escorte. Mais peu importe le poids de ses erreurs passées, quand Adil le suppliait de l’aider, de le soigner, en bref, de faire son métier, il ne pesait plus que 53 kg pour 1m80. Il était à bout de force, et sûrement pas dangereux. La procureure a insisté sur le fait que ce drame était dû à l’égo démesuré de ce monstre !Précision : le mardi avant son décès, Adil a fait un malaise. En discutant avec un surveillant, le régulateur du Samu avait suspecté ce qui allait être la cause du décès d’Adil trois jours plus tard ! Malheureusement, le médecin de Séquedin a pris la communication et il a réaffirmé au médecin régulateur qu’Adil était un simulateur…

    Haine, parce qu’au travers des différents témoignages, j’ai pu une nouvelle fois imaginer la douleur, le désespoir qu’Adil a dû subir des jours, des semaines entières. J’aurais voulu lui crier ma haine, lui dire tout ce que j’ai perdu. Ma vie s’est arrêtée ce 12 février, nos projets envolés. Il me prive d’un homme aimant, protecteur, respectueux. Voilà ce qu’était Adil pour moi.

    Tristesse, parce que rien ne pansera cette plaie au cœur que j’ai depuis le 12 février 2016. Je suis triste, écœurée ; parce que oui, il aurait pu être sauvé. Et l’ensemble des avocats ont souligné ma présence sans faille à chaque parloir. Je n’en tire aucune fierté : à l’ombre du pénitencier, Adil était mon soleil, et nos projets nous faisaient croire en des jours meilleurs ! Même s’il avait pris perpète je serais restée. C’était comme ça, on était unis. Il n’a pas pris perpète, il a été condamné à mort ! Chaque soir, quand je ferme les yeux, je revois Adil allongé sans vie sur le sol de cette cellule. Il a fermé les yeux à tout jamais dans cet endroit.

    J’aurais voulu lui dire plein de choses. Mais quand je suis arrivée a la barre, j’ai été incapable de dire quoi que soit. Je n’ai fait que pleurer.

    Douze mois de prison avec sursis ont été requis contre lui, douze mois… douze mois pour la vie d’un homme. Il n’a pas fait exprès ? Mais il n’a rien fait pour l’éviter. Ma victoire sera d’avoir réussi à l’amener devant ce tribunal. Lors de ma dernière visite a la morgue, j’ai promis à Adil d’aller jusqu’au bout, de lui rendre justice. Et même si j’ai fait cette promesse à un corps froid, immobile, je me devais de la tenir.

    Délibéré le 9 février 2022.

    Anne, compagne d’Adil Taychi

    Des réactions à l’antenne de l’Envolée suite à la lecture du texte d’Anne :

    Comme pour Gordana, morte à Fleury Merogis en 2012, comme pour Yassin mort à Villefranche en janvier 2022, l’administration pénitentiaire (AP) a laissé mourir quelqu’un à l’intérieur alors que tout le monde voyait que son état de santé se dégradait. Ces histoires, trop nombreuses, on n’en entend parler que quand des codétenus lancent l’alerte, que des proches se battent pour la vérité, que des avocats se bougent…

    Rappelons ce qu’Anne disait en septembre 2017*. En février 2016, à son arrivée au parloir, elle est convoquée par un gradé qui lui explique qu’Adil est en très mauvaise santé ; des codétenus doivent aider Adil à descendre jusqu’au parloir ; les matons lui disent : « Si t’es pas en état, t’auras pas de parloir. » lls essaient de faire croire à Anne que c’est un parloir fantôme**, elle insiste pour voir Adil. Lors du parloir, il crache du sang, s’évanouit devant elle… elle appuie sur la sonnette d’urgence, les matons lui mettent des coups à terre et le traînent en disant : « Tu simules pour t’évader. » Ils font évacuer les parloirs, et disent à Anne : « Si tu veux qu’on soigne Adil, il faut que tu t’en ailles. » Il meurt deux jours plus tard, sans avoir été soigné, après avoir vomi du sang toute la journée. C’est parce qu’Anne a insisté pour le voir au parloir et parce qu’ils avaient communiqué avant par téléphone (même si c’est interdit) qu’elle a pu connaître son état de santé et le défaut de soin. C’est seulement pour ça qu’elle a une autre version que celle des matons et qu’elle sait la vérité.

    C’est immonde de laisser quelqu’un mourir d’un ulcère à l’estomac, dans une souffrance aussi intense. Un ulcère, ça se soigne. Comment on peut dire à quelqu’un qui crache du sang qu’il simule ? Ça révèle à quel point ils sont en guerre contre les prisonniers. Ça nous rappelle amèrement comment les matons qui ont tué Sambaly Diabaté pensaient qu’il s’était déféqué dessus pour les emmerder… alors qu’il était mort ! Les matons s’improvisent médecins pour décréter qu’un prisonnier simule, alors qu’évidemment ils n’ont aucune formation médicale. Et le médecin, lui, n’a pas l’air très compétent.

    La compagne d’Adil et la sœur de Sambaly ont fait preuve d’une force incroyable. Le fait qu’il y ait procès est une victoire. Pour ramener un médecin ou un maton devant un tribunal, c’est pas comme quand un flic porte plainte ! Pour faire éclater la vérité, pour que ça ne soit pas classé sans suite comme tant d’autres autres histoires, c’est un vrai combat. Anne se sera battue six ans pour qu’un procès ait lieu ! Comme après la mort de Gordana ou de Sambaly : les procès viennent de se tenir ! Pour les proches c’est des années de galère. Pour ces matons et médecins, quand la justice daigne les inculper, pas de comparution immédiate ! La plupart d’entre nous attendons nos procès en taule, alors qu’eux comparaissent libres et continuent d’exercer en attente du jugement dans la plus totale indifférence des faits qui leur sont reprochés.

    Et puis seul le médecin comparaissait ; il manquait beaucoup de gens à ce procès : des surveillants, une direction et des témoins. Ce moment aurait dû exister pour la famille, pour qu’elle entende la vérité. Dans ses dépositions, la directrice de la prison a chargé le médecin en disant qu’elle prenait des nouvelles d’Adil et que le docteur lui répondait : « Il simule, des examens sont en cours ». Certains surveillants auraient même voulu extraire Adil pour le faire soigner. Le médecin, lui, s’est défendu en rejetant la faute sur l’AP. Même si les médecins ne sont plus payés par l’AP depuis les années 90, ils restent des collabos des matons. Il s’est aussi défendu en parlant d’« erreur de diagnostic », mais il pensait qu’Adil simulait et était dangereux. Quel est le rapport entre la supposée dangerosité et une erreur de diagnostic ? En quoi la supposée dangerosité d’un prisonnier excuse-t-elle le refus de le soigner alors qu’il est à l’agonie ? Si un médecin pense systématiquement que son patient ment, il doit changer de métier. S’il se range systématiquement à l’opinion des surveillants, alors il est un maton, pas un médecin. Le scandale, c’est aussi qu’ambulanciers et urgences ne peuvent pas intervenir d’eux mêmes en prison : à chaque fois il faut que le service médical ou l’AP valide. Ça leur donne un contrôle total sur ce qui se passe, y compris quand il y a violence des matons, quand ils sont en train de pousser quelqu’un à bout.

    Suite à la plaidoirie de l’avocat de la famille, celui du médecin est tombé dans les pommes, du coup il a eu trois semaines de délai pour peaufiner sa plaidoirie -un luxe, alors que des étrangers en CRA sont jugés pour les révoltes au Mesnil Amelot sans êtres présents, sans visio, sans contact avec leur avocat ! Le droit est toujours utilisé contre notre gueule. Les droits de la défense, c’est pour les policiers et les matons accusés de violence, pour les bourgeois qui passent au tribunal. Pour les autres, on en entend jamais parler.

    La procureur a demandé douze mois avec sursis : c’est ridicule. Nous ne souhaitons la prison à personne, mais ce médecin devrait au moins être interdit d’exercice. Début février, le médecin a carrément été relaxé, donc la justice confirme aux matons et aux médecins qu’ils peuvent laisser mourir des gens, leur refuser des soins, qu’il ne va rien leur arriver. Si la justice ne reconnaît pas les responsabilités, nous connaissons la vérité. Racontons-la partout et intéressons-nous aux suites : appel, tentative de saisir l’ordre des médecins…

    Notes :

    * Vous pouvez réécouter ici un entretien de septembre 2017 où Anne revient longuement sur l’histoire, ou le lire dans le journal l’envolée n°47.

    ** On parle de « parloir fantôme » lorsque le prisonnier ne souhaite pas s’y rendre, ou lorsque le visiteur n’est pas venu.

  • « C’est pas un « manque de soin », c’est un refus de soigner »

    « C’est pas un « manque de soin », c’est un refus de soigner »

    Retour sur la mort de Gordana à Fleury-Mérogis en 2012

    Nous avons appris par la presse qu’un médecin a été jugé le 15 novembre 2021 pour homicide involontaire sur une prisonnière de la MAF de Fleury-Mérogis. Cette prisonnière, c’est Gordana, décédée après avoir réclamé des soins en vain. Sylvia, qui anime l’émission de L’Envolée depuis des années, était incarcérée à Fleury en 2012. Le 19 novembre dernier, elle a raconté à l’antenne l’histoire comme elle l’a vécue (Écouter l’émission ici). Les prisonnières se sont révoltées. Si l’administration pénitentiaire ‒cette fois ‒ n’a pas pu complètement étouffer l’affaire, c’est grâce à leur ténacité. Quelques médias en ont parlé, et L’Envolée a relayé la parole des enfermées.

    Neuf ans (!) après, un médecin a fini par être jugé ; il risque tout au plus les quelques mois de sursis requis contre lui et une amende (verdict le 3 janvier). L’AP n’est même pas mise en cause : la justice n’a pas jugé utile de faire témoigner des prisonnières qui avaient dénoncé ce fatal refus de soins. Pourtant, ces récits montrent qu’au-delà du mépris du corps médical pour les prisonnier.e.s, c’est le système pénitentiaire lui-même qui a causé la mort de Gordana.

    « LES PRISONNIÈRES, ON EST ASSEZ SOLIDAIRES DANS DES MOMENTS COMME ÇA »
    Récit de Sylvia à l’émission L’envolée du 19 novembre 2021

    « On a vu un article sur le procès d’un médecin jugé pour « manque de soins » sur une femme décédée à Fleury-Mérogis en 2012. On a directement percuté que c’était de Gordana, morte dans la nuit du 1er novembre 2012, qu’ils parlaient. Dans cet article, on voit qu’un médecin est incriminé, mais il manque plein de gens, en fait, au procès !

    Commençons par le début : dans la journée, Gordana se plaint de douleurs à la poitrine, au thorax et au dos. C’est pas des plaintes, c’est vraiment des douleurs, elle est très fatiguée, elle est pas bien. Donc en promenade, on décide d’appeler la surveillante qui garde la cour ; on tape à la porte, ils ouvrent, on dit qu’elle est malade, que c’est grave, que dans son dossier médical il est connu qu’elle a des problèmes de cœur, et que ce serait bien qu’elle aille voir le docteur parce que c’est une alerte cardiaque mortelle. La surveillante referme la porte, les prisonnières retapent, insistent fortement… ils décident de faire remonter Gordana en cellule, qu’elle partage avec sa cousine.

    Toute la journée, elle reste enfermée, personne ne prend soin de venir l’aider. Les prisonnières, on est assez solidaires dans des moments comme ça… même si on s’aime pas, on est quand même solidaires, et quand y en a une d’entre nous qui est malade, on reste quand même humaines, et c’est le problème de tout le monde. Donc toutes les filles commencent à se rebeller et décident d’aller voir un gradé ‒ on va l’appeler Monsieur Piquet. Il explique que c’est certainement une crise d’angoisse et que s’il lui arrive quoi que ce soit, il en prendra l’entière responsabilité. Pourtant, apparemment, ce monsieur n’était pas au procès.

    Ensuite, comme on peut pas sortir de cellule, on frappe aux portes, ça frappe très tard et très fort ; ça prend les balayettes pour taper, ça met des coups de pied, ça crie aux fenêtres pour faire comprendre aux surveillants et aux gradés de garde qu’il y a un problème et qu’il faut agir. Il y a une surveillante ‒ on peut dire que son surnom c’était Spock ‒ qui passe dans le couloir quand ça tape aux portes en criant au désespoir, mais tout ce qu’elle trouve à dire, c’est : « Arrêtez de crier, c’est la fête des morts. » Elle est où, cette femme ? Elle est pas passée au procès.

    En France, y a pas beaucoup de prisons où y a un médecin de garde ; mais à Fleury-Mérogis, y en a un. C’est ce médecin de garde qui est incriminé. Il se décharge du fait qu’il s’occupait de deux hommes qui étaient malades, et c’est vrai qu’on en avait entendu parler. Donc il a diagnostiqué Gordana au téléphone, en disant que c’était pas très grave, que c’était effectivement une crise d’angoisse. Le souci, c’est que son dossier médical parle de problèmes cardiaques ; ça veut dire qu’il n’a même pas pris la peine d’ouvrir son dossier. Faut savoir que Fleury, c’est immense ; c’est tout un fonctionnement pour que ce docteur se déplace jusque là-bas, et à un moment, Gordana dit aux filles d’arrêter d’appeler les docteurs et de taper aux portes parce qu’elle est fatiguée. Donc ça s’arrête ; et le matin à 7 heures, elle est retrouvée morte dans leur cellule à l’ ouverture des portes.

    Suite à ça, y a eu des gros, gros mouvements à l’intérieur ; dont des refus de plateaux-repas. Ça peut paraître bête, mais c’est très significatif, un refus de plateau : ça veut dire que tu te mets en grève de la faim, et au bout de trois refus, le procureur de la république est obligé d’être au courant. Quand la presse a été prévenue, l’administration pénitentiaire se défendait en disant qu’il n’y avait que trois personnes qui refusaient le plateau. C’était évidemment complètement faux : y avait plus de 150 femmes qui le refusaient, prévenues comme condamnées. Après y a eu des refus de remonter de promenade avec des interventions des Éris [matons version robocop qui interviennent pour mater les prisonnier.e.s]. Les prévenues se sont alignées dans la cour en se tenant les mains. C’est assez symbolique, parce que c’est de cette façon que les Éris viennent en cours de promenade pour cerner les prisonniers ou prisonnières. Elles ont décidé de se mettre en ligne, et de prendre un briquet. Il y a pas de barreaux chez les femmes, à Fleury, donc c’est facile de jeter des trucs ; elles ont jeté des draps par les fenêtres et elles se sont entourées de draps en disant que si les Eris approchaient, elles s’immoleraient par le feu. Ça, c’était côté prévenues. Côté condamnées, elles ont fait un tas de draps au milieu de la cour et elles y ont mis le feu. Pour l’administration pénitentiaire, c’était très grave ; pour nous, c’était … pfff !

    Il y a eu 54 transferts disciplinaires. Ils disent tout le temps que Fleury est la plus grande prison de France, et effectivement, à l’époque il y avait 400 femmes ; 400 témoins de ce… de cet abattoir. Je sais pas comment appeler ça, mais pour moi c’est pas un « manque de soin ». Pour moi, c’est un refus de soigner.

    Dans les journaux, ils parlent pas des prisonnières entendues suite à la mort de Gordana, évidemment. Je trouve ça très triste. Ils banalisent la chose alors que Gordana avait sept enfants, en prison pour un petit délit… Je tenais à lui rendre hommage aujourd’hui. Son mari qui était incarcéré à Fresnes a appris la mort de sa femme dans des circonstances horribles. Quand on a contacté l’avocate de Gordana un an après sa mort, il y avait toujours pas eu d’autopsie. Et sans autopsie, pas d’enterrement…

    Le procureur requiert huit mois de prison avec sursis et 2 000 euros, et le médecin se défend en disant qu’il était submergé de travail et que la surveillante du moment a dit que c’était pas la peine de venir, qu’elle allait mieux. Elle s’est autoproclamée médecin ‒ avec ses réflexions de merde… En même temps, c’est pas qu’une question de diplôme. Quand t’es médecin, si t’es fatigué, mets-toi en repos. En plus il dit qu’il est de garde 24 heures ! On a l’UCSA [service médical de la prison] la journée, et un médecin de garde la nuit. L’après-midi, Gordana aurait dû aller à l’UCSA… ce médecin de garde, en fait, on s’en fout ! Et puis si c’est le même, il y a une lettre qui a été lue à l’antenne de l’Envolée à l’époque qui disait qu’il soignait les femmes comme de la merde. Je sais de quoi je parle, puisqu’on avait été amenées dans le bureau du directeur suite à cette lettre ! »

    A l’époque, des prisonnières et l’avocate de Gordana étaient intervenues à l’antenne de L’Envolée pour dénoncer le rôle du médecin et de la pénitentiaire dans la mort de Gordana. On peut lire des transcriptions plus complètes dans le n°34 (janvier 2013) du journal L’Envolée, disponible ici. En voici quelques extraits en écho au récit de Sylvia ci-dessus.

    « ON A AU MOINS RÉUSSI À FAIRE SORTIR L’INFO »
    Lettre de Sylvie

    Maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, le 8 novembre 2012

    Depuis la veille à 16 h 30, soutenue par sa codétenue, Gordana signale aux surveillantes qu’elle va mal. Douleur à la poitrine et fourmillements dans le bras gauche. Les surveillantes disent qu’il n’y a plus de médecin. Mais ont-elles appelé l’Ucsa ? À 22 heures, elles se re-signalent. Gordana va de plus en plus mal. [] À 23 heures, un chef monte, ouvre la cellule. Gordana redonne ses symptômes. Toujours mal dans la poitrine, et ce bras gauche qui ne bouge presque plus. Le médecin n’étant pas disponible, ce ne doit être qu’une crise d’angoisse. Le chef prendra ses responsabilités s’il se passe quelque chose ! Eh bien le pire est arrivé. On a laissé une femme angoissée au chevet d’une mourante. Cela s’appelle « non-assistance à personne en danger ». Il fallait l’amener aux urgences.

    Dès le vendredi après-midi, l’AP s’est passé le mot : ce n’est pas de leur faute, c’est le médical, s’il y a enquête. S’ils ne se sentaient pas coupables ou s’ils ne tentaient pas de se dédouaner, ils n’auraient eu aucune raison de communiquer avec nous. Cela a touché toute la maison d’arrêt des femmes. Vendredi après-midi, nous avons bloqué la promenade. Calmement, solidaires (un moment rare depuis que je suis en prison). Toutes les filles sont restées. [] Madame Herry, la directrice, est sortie en promenade. J’ai été lui parler. Voilà son discours, et sa défense bien préparée : « C’est pas nous, c’est le médical. » …et un chef de me préciser que depuis 1994, le médical est dissocié de l’AP. OK, mais qui détient les clés ? Qui est capable de réagir devant des situations d’urgence ? [] De plus, toutes celles qui ont pu ont fait sortir l’info. Les médias en ont parlé, et l’AP – alors que le matin elle avait dit que rien ne s’était passé aux journaleux qui avaient appelé –, bien sûr, a dû faire un communiqué. Nous avons bloqué gentiment. Pas d’émeute. Mais la violence est la seule réponse que l’AP a su opposer à notre souffrance. Trois détenues, pieds et poings liés, ont été transférées, escortées par les Éris. Plus de blocage. De toute façon, l’info est sortie. Maintenant, vous et moi on sait que des cas comme cela, il y en a au moins un par semaine. Les médias n’en parlent pas. Là, on a au moins réussi à faire sortir l’info. [] »

    Sylvie

    « LES SITUATIONS D’URGENCE SONT MORTELLES EN DÉTENTION »
    Extraits de l’interview de maître Crosnier, avocate des proches de Gordana, réalisée fin 2012


    Me Crosnier : Forcément, la pénitentiaire est couverte, puisque leur seule obligation, c’est d’avertir le médecin et de décrire tant bien que mal les symptômes. Gordana avait déjà averti le juge d’instruction et le juge des libertés qu’elle avait des antécédents cardiaques.[…] Les surveillantes n’ont pas une formation médicale qui leur permette d’appréhender si la situation est dangereuse pour la détenue ou pas. La description des symptômes est quand même parlante : douleur au bras et à la poitrine, a priori, n’importe qui arrive à comprendre qu’on est face à un accident cardiaque. Il y a tellement d’intermédiaires et il se passe tellement de temps entre le moment où la personne appelle à l’aide et l’arrivée des secours que les situations d’urgence sont mortelles en détention. Quand je suis arrivée en détention pour voir le mari à Fresnes, j’ai été prise à partie par un gradé de sa division qui m’a dit : « Ne vous en prenez pas à la pénitentiaire. » J’ai eu droit à une mise en garde à Fresnes [alors que Gordana est morte à Fleury-Mérogis]. Arriver à mettre en cause la responsabilité pénale de la pénitentiaire, c’est compliqué : ils se bordent en appelant le médecin. C’est sûr que le plus facile, c’est de s’en prendre au médecin, puisque c’est lui qui a la capacité de sauver la personne. C’est lui qui intervient en bout de chaîne, mais il n’est pas responsable de cette organisation. Je ne suis pas certaine que ce soit la partie médicale qui a organisé ce mode de fonctionnement quand il y a urgence. [Sa codétenue] s’est associée à la plainte, mais je ne sais pas si elle ira jusqu’à une constitution de partie civile. Après sa déposition devant la brigade de Fleury, quand j’ai annoncé que j’étais aussi son avocate, on m’a répondu : « Oui, enfin, vous savez… Maître… déjà, les dépositions de personnes incarcérées sous X … » Voilà le crédit qu’on apporte à la déposition de la personne qui est le premier témoin. Il y a forcément un a priori sur ses déclarations. […] En outre, il y avait d’autres filles du couloir qui tenaient absolument à être auditionnées parce qu’elles avaient entendu la cocellulaire appeler à l’aide plusieurs fois. La seule fille qui le sera finalement, c’est, comme par hasard, celle qui n’a rien entendu. Incohérence supplémentaire, les déclarations des surveillantes signalent bien des appels au secours… Il y a plusieurs détenues qui m’ont écrit pour être simple témoin, pour que leurs voix soient entendues et non pas pour porter plainte. La dernière lettre que j’ai reçue d’une de mes clientes de la MAF signalait : « Il y a des détenues qui vous ont écrit, sauf que les courriers ont été bloqués. » Parce qu’elles aussi, elles dénoncent la difficulté d’accès aux soins : il y a un seul médecin la nuit pour toute la maison d’arrêt des hommes et des femmes de Fleury. J’ai des clients qui attendent six, huit mois pour avoir une paire de lunettes en détention, et c’est nous avocats qui les leur apportons, glissées dans les cheveux pour pouvoir passer les portiques. Sans parler de tout ce qui est gynécologique, etc. J’ai des comptes rendus d’histoires qui se sont passées à la MAF qui sont très inquiétants, sur des avortements qui auraient été provoqués, non consentis. On explique aussi à ces femmes qu’avoir un enfant en détention, c’est vraiment pas le bon endroit.

  • Morts en prison – la justice protège la police –  Appel du CRA de Vincennes

    Morts en prison – la justice protège la police – Appel du CRA de Vincennes

    Émission de l’Envolée du Vendredi 19 Novembre 2021
    • Lettre de Libre Flot depuis le QI de Bois d’Arcy, qui nous envoie aussi une petite fiche de lecture du livre « Pour elles toutes »

    • Retour sur la mort de Gordana en détention, alors que le seul médecin présent sur la détention ne lui a accordé qu’un diagnostic téléphonique juste avant son décès et en dépit des appels des autres prisonnières

    • Retour sur le procès de Mélanie : la justice protège les policiers, avec Christian, soutien du Réseau d’Entraide Vérité et justice

    • Appel d’un prisonnier du CRA de Vincennes pour parler des conditions de vie dégradantes dans cette prison pour sans-papiers

    L’Envolée est une émission pour en finir avec toutes les prisons. Elle donne la parole aux prisonniers, prisonnières et leurs proches & entretient un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur des prisons. L’Envolée est aussi un journal d’opinion de prisonniers, de prisonnières et de proches.

    Direct chaque vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3 en région parisienne et MNE 107.5 à Mulhouse, RKB 106.5 en centre-Bretagne lundi à 22h, Radio Galère 88.4 à Marseille le lundi soir à 23h, PFM à Arras et alentours 99.9 mardi à 21h30, Canal Sud 92.2 jeudi à 17h30 à Toulouse, L’Eko des Garrigues 88.5 à 12h le dimanche à Montpellier, Radio U 101.1 le dimanche à 16h30 à Brest, Radio d’Ici 106.6 à Annonay mardi à 21h30 et 105.7 FM & 97.0, à Saint-Julien-Molin-Molette dimanche à 20h et sur les webradios Pikez (dimanche à 11h) et Station Station (lundi à 13h). Podcasts disponibles sur toutes les plateformes !

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    L’abonnement au journal est gratuit pour les prisonniers et les prisonnières. Les abonnements du dehors permettent ça. La censure qui frappe le numéro 52 ne concerne « que » ce numéro en détention. Contactez-nous !

    Notre bouquin pour troubler la fête du quarantième anniversaire de la prétendue abolition de la peine de mort est sorti ! Une manière parmi d’autres, que nous espérons nombreuses, de faire entendre quelques voix dissonantes dans l’écœurante auto-célébration du pouvoir.

    Ce livre réunit des paroles de prisonniers, de prisonnières et de proches publiées dans le journal depuis sa création en 2001 qui nous rappellent avec force qu’en réalité c’est seulement la guillotine qui a été supprimée en octobre 1981.

    Il est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur la boutique de nos ami.e.s des éditions du bout de la ville.

    Il est gratuit pour toutes les personnes enfermées : écrivez-nous à contact@lenvolee.net pour que nous puissions le faire parvenir à vos proches emprisonné.e.s !

    Communiqué du collectif clandestin de la centrale d’Arles, octobre 2001

    « Comme toujours, la parole n’a pas été accordée aux principaux intéressés, à ceux et celles pour qui le quotidien est l’infamie carcérale, c’est à dire les détenus eux-mêmes !
    La parole ne nous est pas donnée. Jamais . C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre, ici et maintenant.
    C’est particulièrement au nom des détenus « longues peines » que nous nous exprimons, nous, les laissés pour compte, ceux pour qui l’horizon n’est que désespoir et haine.
    Nous sommes là, face à vous, pour exiger que nous soient appliquées des mesures justes, équitables, qui nous permettent de croire que nous n’avons pas été condamnés à la mort lente, à des peines qui ne sont qu’un substitut à la peine de mort. »